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Chauffeur Privé : "Une économie de l'ordre de 25 à 40%"

Publié le 5 juillet 2016

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Il y a quelques jours, la capitale parisienne accueillait le traditionnel rassemblement annuel de Salesforce. Parmi les clients se trouvait Chauffeur Privé, spécialiste de la mise en relation avec des VTC. L'occasion rêvée de faire un focus sur l'actualité de la jeune pousse qui cible plus que jamais les entreprises.

LE JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Comment justifier votre participation à cet événement ?

OMAR BEN MOUSSA. Notre présence au Salesforce World Tour Paris 2016 n'est pas si étonnante que cela. Nous mettons nos deux typologies de client au centre de l'attention, qu'il soit chauffeur ou passager. La compréhension des besoins et de l'évolution des attentes étant un élément clef dans la réussite de notre entreprise. Il y a une multitude de choses à prendre en compte, sur l'ensemble de la chaîne de valeur, comme l'acte de création du compte, le processus de commande et les réactions post-course. Il faut savoir qu'environ 75% des courses sont notées et 60% sont même commentées, ce qui représente une véritable aubaine pour nous, dans une optique d'amélioration du service.

JA. Vous avez d'ailleurs créé une cellule dédiée au conseil des chauffeurs, comment l'avez-vous pensée ?

OBM. Elle se compose d'une dizaine de personnes, en majeure partie des anciens chauffeurs eux-mêmes. Mais lors du recrutement, nous ciblons un profil motivé et convaincu par le service que nous apportons. Certes, nous sommes une start-up confirmée, mais il faut croire au projet. Les aspirations entrepreneuriales sont donc aussi essentielles. Toutefois, si je ne devais citer qu'un seul critère, ce serait la capacité à faire preuve d'empathie, en réalité.

JA. Alors comment utilisez-vous Salesforce ?

OBM. A vrai dire, de prime abord, nous avons découvert un outil qui semblait surdimensionné. En creusant, nous avons compris son principe d'évolutivité, dans une logique d'accompagnement de la croissance. Nous l'utilisons pour la gestion de la relation pure, passagers et chauffeurs. Nous l'avons ensuite utilisé dans une démarche commerciale pour cibler les clients BtoB, pour piloter tout le cycle de vente.

JA. Qui ciblez-vous plus précisément ?

OBM. Nos commerciaux vont chercher des entreprises. Ils ont ensuite l'objectif de les fidéliser. Nous avons compris qu'elles ont un besoin de visibilité sur leurs dépenses liées à la mobilité des collaborateurs. Ce qui n'était pas le cas avant. Nous avons mis en place la forfaitisation des courses. Connaissant le volume de trajets entre le lieu de travail et les aéroports ou gares, ils peuvent faire un prévisionnels du budget mensuel. Chose que les taxis ne permettent pas toujours. Aussi, nous avons apporté des éléments de rapports, des possibilités de restrictions d'usage.

JA. Quel est le retour d'expérience ?

OBM. En chiffres, nous constatons avec nos clients une économie de l'ordre de 25 à 40%, en considérant le prix de la course, d'une part, et le coût horaire du traitement des notes de frais, d'autre part. Nous avons d'ailleurs proposé le paiement centralisé, qui débite automatiquement l'entreprise et donc dégage du temps pour des tâches à valeur ajoutée aux collaborateurs de l'administration.

JA. Comment rendre cette offre BtoB plus attractive ?

OBM. Nos clients exigent de la disponibilité. Nous devons donc réduire toujours plus le temps d'attente. Il est à ce jour de cinq minutes en moyenne dans Paris intramuros et la banlieue. Les entreprises veulent aussi des services spécifiques, comme la réservation à l'avance, la possibilité de poursuivre une réunion, d'où la gamme Viano. Ce n'est pas encore d'actualité, mais avec le big data, nous pourrions anticiper les commandes et envoyer le véhicule sous votre fenêtre avant que vous touchiez votre smartphone.

JA. Vous amorcez la transition vers la thématique "écosystème". Qu'en est-il de votre ouverture ?

OBM. Les pistes sont multiples. Nous pouvons nous interfacer avec des logiciels de gestion des dépenses, tel que KDS (éditeur de solutions de gestion des notes de frais et des voyages d'affaires, NDLR) ou de gestion des ressources humaines. Clairement, avoir un univers d'API constitue notre prochaine étape et même, pour tout dire, le chantier est déjà entamé. Une entreprise comme la nôtre, dont le cœur de métier repose sur la technologie, se doit d'être à la pointe.

JA. Quel est votre rapport à l'industrie automobile traditionnelle ?

OBM. Nous avons des partenariats avec certains constructeurs. Nous jouons un rôle de prescripteur auprès de nos partenaires, mais cela ne va pas très loin. Et là encore, Salesforce nous aide. Les remontées de commentaires permettent de juger les véhicules sur certains critères factuels, et donc de mieux conseiller les chauffeurs.

JA. Où se fournissent-ils ?

OBM. Cela reste à leur libre choix, tout comme le mode de financement. Nous n'intervenons pas. En revanche, nous sommes capables de renseigner le niveau d'émission de gaz polluants des véhicules et cela peut avoir un impact évident dès lors que l'on souhaite travailler avec des entreprises cotées en Bourse, pour lesquelles le bilan carbone constitue un élément du calcul fiscal.

JA. Sur votre feuille de route s'inscrit l'internationalisation de l'activité. Pouvez-vous nous donner des précisions ?

OBM. Nous sommes en train de la peaufiner. Notre ambition est d'aller rapidement au-delà des frontières, avec ce modèle d'affaires qui marche. Nous étudions toutes les directions pour notre expansion. Sans engagement, les pays scandinaves, latins et de l'Est sont porteurs. Les pays limitrophes, Belgique et Suisse, présentent des avantages. Il faut aussi regarder du côté du Moyen-Orient et de l'Afrique, qui est encore relativement laissée en friche.

JA. De quoi sera fait votre deuxième semestre ?

OBM. Pour soutenir nos deux projets prioritaires que sont le coup de boost sur le marché du BtoB et l'internationalisation, Chauffeur Privé veut gonfler ses effectifs. D'ici à la fin de l'année, nous voulons passer de 90 à environ 130 personnes, dans tous les domaines, technologiques, marketing, commercial, opérationnel, financier…

JA. Sans alimenter de polémique, n'estimez-vous pas venu le temps de fonder une association des acteurs de la nouvelle économie, tous secteurs confondus ?

OBM. Nous avons un groupe de travail des professionnels du transport, mais effectivement, même s'il encore trop tôt pour en parler, il serait intéressant de créer un cercle élargi. Nous pourrions partager nos problématiques, nos bonnes pratiques, et faire avancer les débats politiques. Cela ne serait pas une mauvaise idée.

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