Ça devient sérieux pour Navya et Transdev
Il en aura fallu de l'énergie. Navya vient de livrer six Arma, la navette autonome, à la centrale nucléaire de Civaux (86), et cela aura demandé de l'énergie pour s'accorder avec EDF, le client, et Transdev, l'exploitant, dans un schéma qui fait office de référence pour des projets futurs. "En reprenant les activités d'Induct, nous avons profité des contacts qui avaient été initiés avec EDF", rappelait Christophe Sapet, le président de Navya, en guise de félicitations adressées aux équipes respectives, lors de l'inauguration du service le 12 avril dernier.
Les six navettes autonomes vont transporter les employés de la centrale électrique, dans un circuit fermé, cartographié et balisé de bornes GPS. Ce qui est inédit au monde au-delà des expérimentations temporaires. Elles viennent en remplacement du bus thermique conduit par deux chauffeurs de Transdev, dont l'un prendra la charge de la supervision du nouveau système et l'autre se verra affecté à d'autres missions vendues par le groupe spécialisé dans le transport de passagers, a fait savoir la direction, en marge de l'événement.
30% de gain
Le modèle économique repose sur la création d'un groupement momentané d'entreprises (GME), entre Transdev et Navya, qui facture à EDF l'achat des véhicules et la prestation de service, sur la base d'un prix catalogue d'environ 220000€ par unités (version pack de batteries 33kW/h), hors coût de maintenance et de supervision. "Il faut deux navettes pour égaler un bus, dont le prix est de 250000 à 270000€. Sauf que l'on économise le salaire chargé des deux chauffeurs et le carburant, estime Christophe Sapet. Nous pensons donc être 30% plus compétitifs en termes d'amortissement." Une source proche nous indiquera par la suite que EDF a chiffré en millions d'euros le gain de productivité mensuel.
Et pour cause, le site de la centrale nucléaire de Civaux occupe un espace de 220 hectares environ. A défaut de pouvoir assurer un service de bus permanent, la majeure partie des déplacements des collaborateurs se font à pied. Avec les navettes de Navya, Transdev a défini un réseau de transport interne. Les véhicules suivent le parcours de 2,8km, jalonné d'arrêts ou peuvent être commandés vers une destination par les passagers eux-mêmes. A ce jour, ils circulent à une vitesse de 20km/h maximum, mais une montée progressive les amènera à 30-35km/h (pour rappel l'Arma peut atteindre 45km/h).
A Civaux, les véhicules se gèrent automatiquement, grâce à un algorithme dédié. Après paramétrage, les Arma décident de se rendre à la base à induction pour régénérer les batteries. D'ailleurs, elles intègrent la notion d'heure de pointe pour ajuster le volume de navettes à mettre à la route. L'humain n'intervient donc majoritairement qu'en phase amont pour ensuite s'assurer du bon fonctionnement de l'auto-administration.
Transdev au logiciel ?
Les six livraisons de Civaux sont symboliques. "Nous passons d'un volume de l'ordre du prototype à un volume de constructeur officiel", juge Christophe Sapet. En effet, Navya passe la barre des dix unités en circulation. Une flotte qui va gonfler dans les prochains mois. Partenaire de Transdev, le Lyonnais doit équiper d'autres centrales EDF, entre autres projets tenus secrets. "Nous voulons faire de Civaux une vitrine mondiale", répète le président de Navya. Les aéroports de Bruxelles et Dubaï ont notamment manifesté un intérêt, selon ses équipes.
Notons un dernier sujet d'importance. Navya fournit le produit, Transdev le service. Au milieu, se trouve le logiciel de gestion. Pour le moment, le constructeur prend à son compte cette composante de l'équation. Toutefois, l'expérience de Civaux déterminera quel doit être le vrai rôle de chacun. Ce qui laisse sous-entendre que Transdev n'exclut pas d'investir, dans un avenir proche, dans l'édition de la solution de gestion. Affaire à suivre.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.