aPriori, le low-cost par l’optimisation
Année 2003 : l’université de l’Illinois et John Deere se rapprochent. Le constructeur de machines agricoles cherche alors une solution lui permettant d’optimiser ses efforts en R&D. Il en résulte un logiciel innovant, baptisé “aPriori”, qui, au fil du temps, s’ouvre à d’autres industries, classiques et lourdes, dont l’automobile. Rencontrant le succès, la société aPriori Technologies prend la décision en 2011 de traverser l’Atlantique et de venir investir le marché européen. En avril, la direction nomme Arnaud Walburger à la tête de cette nouvelle filiale. Ancien du groupe Modflow, repris par Autodesk en janvier 2009, il connaît l’univers de l’ingénierie et du dessin industriel, dans lequel il évolue depuis maintenant plus de dix ans.
Dans un premier temps, il porte seul les ambitions d’aPriori Technologies, avant d’entamer une campagne de recrutement. Désormais, il dirige une équipe de dix collaborateurs, parmi lesquels il compte des ingénieurs divers et des consultants. “Nous adapterons nos ressources humaines à la croissance du chiffre d’affaires”, explique-t-il. Et la croissance d’aPriori est concrète. Il ne lui a fallu que quelques mois en 2012 pour égaler son score de l’année précédente, à savoir environ un million de dollars de revenus.
3 à 5 % d’économie
Ce succès, Arnaud Walburger l’attribue à son entrée chez des industriels de renom. Au-delà de références telles que ThyssenKrupp, il peut se targuer d’opérer pour des constructeurs comme Ford, Iveco et, depuis tout récemment, l’illustre Bentley. Et les noms gardés sous silence sont légion. “Tous ces acteurs nous font confiance, avec l’objectif de réaliser des économies dans les process de développement de leurs produits, décrit le directeur. aPriori apporte un grand ROI et cela est démontrable.” Durant la phase avant-vente, il aurait permis à Iveco de générer bien plus d’un million d’euros d’économies sur l’un des derniers projets. Comment ? “En optimisant l’achat des pièces, répond Arnaud Walburger. Notre solution a identifié des pièces qui ne tournaient pas sur les bons process de fabrication. Le constructeur avait donc un argument pour renégocier le prix de celles-ci.”
La solution logicielle serait sans concurrence directe, prétend le responsable, car son utilité est différente de ce que l’on trouve sur le marché. Elle joue en effet sur la capacité à chiffrer en temps réel le coût des pièces, par rapport à la tolérance du constructeur. Elle a été développée de telle sorte qu’elle puisse aisément opérer à partir d’un fichier de CAO (Conception Assistée par Ordinateur) et prendre en compte des paramètres comme l’usine d’assemblage. Dans l’automobile, les gains sont en moyenne de 3 à 5 %. Mais cela reste difficile à mesurer avec exactitude. Et Arnaud Walburger d’ajouter à cette présentation : “Nous adressons les concepteurs, soit une population qui n’a pas toujours la formation ni la sensibilité aux questions exigeantes de la gestion des coûts. aPriori est une véritable nouveauté qui permet aux experts chargés du contrôle de dégager du temps. Ainsi, ils peuvent concentrer leur énergie sur des pièces plus complexes et sur les échanges avec l’industriel”.
La drague des équipementiers
aPriori fonctionne comme un outil collaboratif, avec une base de données centrale qui se connecte aux ERP et aux PLM. La technologie en “nuage” est pour l’heure exclue par manque de confiance des clients qui ont tout de même des informations extrêmement critiques à conserver. En moyenne, les tractations durent entre six mois et un an. Ensuite, après implémentation, il y a une période de calibration qui, selon les demandes, peut aller de quelques semaines à six mois.
Stratégiquement, Arnaud Walburger a ciblé les grands constructeurs afin de se faire une place. “En matière d’outillage, Ford, par exemple, ne procède plus sans passer par aPriori”, rapporte-t-il fièrement. Il en est maintenant à traiter avec les équipementiers majeurs. Certains noms sont murmurés. Mais la prudence est de mise à ce niveau.
Entre-temps, ses équipes amélioreront encore le logiciel. Il lui faut intégrer de nouvelles fonctionnalités. Le responsable parle notamment de la capacité à simuler les faisceaux de câbles ou les pièces composites. Le calcul de la fluctuation des prix des matières premières est également inscrit sur les tablettes, au rang des évolutions à venir. Si, officiellement, Arnaud Walburger est directeur de la zone EMEA, l’Europe de l’Ouest occupe une large place, presque exclusive dans l’application de sa mission. “Après l’Allemagne, nous avons identifié un fort potentiel en France et en Italie, des pays loin d’être morts industriellement parlant, contrairement à ce que l’on peut entendre ici ou là”, défend-il. La Scandinavie aussi obtient ses faveurs, avec les constructeurs automobiles, de poids lourds et ceux de machines industrielles. “Les entreprises ont un besoin vital d’améliorer leur rentabilité en augmentant leur marge. Elles ont aussi des coûts de main-d’œuvre élevés, il y a donc un besoin de maîtrise, d’où notre essor”, clame-t-il, plein d’espoir quant à l’avenir de son business.
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