Vers un marché à 1,55 million de véhicules neufs ? Inédit depuis 1975
A quel niveau de marché va se terminer l’année 2020 ? Avec la mise en place de ce nouveau confinement, depuis le 30 octobre 2020, la question est ouverte. Jusqu’au 29 octobre, les prévisions penchaient plutôt vers un marché en baisse de 25 %, soit environ 1,7 million de voitures neuves immatriculées. Aujourd’hui, toutes les analyses volent en éclat, même si les concessions sont autorisées à livrer leur portefeuille de commandes.
Au troisième jour ouvré de ce mois de novembre, 12 683 cartes grises ont été délivrées, en baisse de 10,2 % par rapport à la même période en 2019, selon les données AAA Data. Ce qui porte la moyenne quotidienne à 4 200 véhicules livrés par jour alors qu’en période de commerce fluide, la moyenne s’établit plutôt autour de 8 500 à 9 000 unités par jour. Ainsi, si les livraisons se poursuivent selon ce rythme, moins de 85 000 véhicules seraient immatriculés sur le mois de novembre, portant ainsi le cumul 11 mois à 1,422 million de voitures neuves. Reste bien sûr l’inconnu du mois de décembre, traditionnellement gonflé de canaux tactiques. Pour mémoire, en 2019, la moyenne mensuelle des immatriculations s’élevait à 184 500 véhicules alors que sur le seul mois de décembre 2019, 211 194 unités avaient été enregistrées.
Difficiles tactiques en fin d’année
Décembre 2019 était un mois atypique. Dernière ligne droite pour les constructeurs pour mettre à la route des modèles fortement émetteur de CO2, ces derniers avaient anticipé la mise en place des normes européennes dites CAFE. Cette nouvelle réglementation émanant de la Commission européenne les oblige à immatriculer, en moyenne, des véhicules émettant 95 g de CO2/km. Ces objectifs, personnalisés selon les constructeurs, sont rendus plus "accessibles" par un savant calcul qui prévoit, entre autres, que les véhicules électrifiés (émettant moins de 50 g de CO2/km) vendus comptent double pour cette première année d’application, les 5 % de véhicules les plus émetteurs ne sont pas intégrés dans la formule. Deux artifices modifiés au titre du calcul de 2021. Chaque véhicule dont les émissions sont inférieures à 50 g de CO2/km immatriculé ne comptera plus pour 2 mais pour 1,67. Un coefficient de 1,33 sera appliqué en 2022, puis 1 à partir de 2023.
Vers un marché à 1,55 million de voitures neuves ?
Cette année, décembre aurait donc dû être un mois d’équilibrage pour les constructeurs loin de leurs objectifs européens. Mais d’ores et déjà les distributeurs VP, par la voix de leur président, Christophe Maurel, déclarent être en mesure de refuser ces dotations d’office de fin d’année. Vu sous cet angle, les gonflements de stocks risquent d’être limités et le mois de décembre pas si élevé ; surtout si le confinement se poursuit au-delà du 30 novembre 2020. Ainsi, prévoir un mois de décembre à 128 000 unités, vu le contexte, n’est pas complétement aberrant.
La ligne droite de fin d’année porterait donc le marché à 1,55 million de voitures neuves. Un niveau complétement inédit depuis… 1975 ! Cette année-là, 1 482 312 véhicules avaient été immatriculés, une moyenne à peu près stable pour cette première moitié de la décennie 70. Mais en 2020, la chute serait amère : -30 %. Une baisse de 3 points supplémentaires par rapport au cumul de 10 mois 2020, où la baisse atteint déjà 27 %.
Faible contribution de la location
Sans remonter aussi loin, l’analyse par canaux de ventes est également intéressante. La location de courte durée perd près de la moitié de son volume sur les 10 mois 2020. Aucune remontée n’est à espérer sur ce canal. La fin d’année n’est certainement pas une période où les parcs se constituent et encore moins une année où sévit le coronavirus. Certains loueurs internationaux sont placés, comme Hertz, sous la protection du chapitre 11 aux USA. Les particuliers, grâce à la prime à la conversion et aux bonus pour les véhicules électrifiés, sont plutôt plus résistants que la moyenne (-23 % au cumul des 10 mois), tout comme les sociétés. L’activité, sur ce segment, peut être boostée par une hausse des livraisons d’achat, comme l’expliquait au Journal de l’Automobile Ivan Segal, directeur du commerce en France de Renault, avec une commande urgente de véhicules pour La Poste.
En revanche, les loueurs de longue durée accusent un fort repli, (-23 % à fin octobre 2020), préférant jouer la prolongation de contrat, à leur propre initiative, même si le marché du véhicule d’occasion de 2 à 5 ans se porte bien, ou à la demande de leurs clients qui n’auraient finalement que peu roulé tout au long de l’année 2020. A moins que ces mêmes loueurs n’anticipent une hausse des défaillances d’entreprise et limitent leur risque financier.
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