Verbatim
Etat du marché
Jusqu’à fin août, le marché du pneumatique s’est plutôt bien tenu même si nous n’en sommes pas encore, tout à fait au niveau de 2007. Néanmoins, sur tous les secteurs, les marchés sont globalement en progrès important, notamment en première monte.
Prévisionnel du groupe fin 2011
Pour l’instant, et nous avons communiqué à ce sujet en juillet, nous confirmons toutes nos prévisions de vente pour 2011.
Années de crise
En 2009, nous avons actionné un plan B qui s’est révélé efficace, puisque nous n’avons pas un seul mois où nous n’avons pas gagné de l’argent. Cela signifie que notre capacité à réagir s’est avérée positive. Le gros challenge, dans ces périodes, c’est la rapidité d’action. En l’occurrence, il fallait réduire les productions très vite. Et pouvoir recommencer à produire dès que cela repart.
Coût de la crise
Une journée de production non vendue équivaut à 20 millions d’euros de pertes. Si nous avions réagi comme lors de la crise de 82 ou de 99, nous aurions perdu jusqu’à 20 jours. Nous avons appris à être plus rapides. C’est pourquoi, en 2009, nous avions déjà mis en place un observatoire plus pointu du marché (et les centres Euromaster nous sont utiles aussi dans le retour du terrain). Ce qui nous permet de gérer les stocks en amont, y compris ceux des matières premières. En marge, ce qui était très intéressant à cette époque, c’était le déstockage massif de “tout”. Et nous nous sommes aperçus qu’il y avait plus de piscines à vider dans les pneus que nous le pensions.
Santé financière du groupe
Nous avons renforcé la structure financière de Michelin, si bien qu’elle est la meilleure depuis les 50 dernières années. Parallèlement, nous avons développé nos “capteurs” sur les marchés, de manière à accélérer encore notre réactivité (au jour le jour) et défini un certain nombre de leviers à mettre en œuvre, dès que cela s’avère nécessaire. Je citerais la formation, l’intérim, la souplesse de production, l’annualisation du temps de travail et, en dernier recours, le chômage technique. Les pouvoirs publics, en France et en Allemagne, ont très vite annoncé que le chômage technique serait indemnisé, ce qui nous a, bien entendu, beaucoup aidés.
Fluctuations des matières premières
Nous avons intégré à nos logiciels de vente, les fluctuations des matières, autant que faire se peut. Nous n’avons pas eu à déplorer de pénurie en caoutchouc naturel, ni en synthétique. Malgré tout, la demande étant très forte et même si la capacité de production est là, les prix augmenteront, inévitablement.
Fluctuations financières et leurs répercussions
Les fluctuations financières ne nous empêchent pas de répercuter les hausses liées au coût des matières premières. Comme nos concurrents, nous n’avons pas le choix. Nous avons annoncé une nouvelle hausse aux Etats-Unis, il y a une quinzaine de jours, et nous avons constaté que nos concurrents avaient dû faire la même chose.
Régions du Bric
Les taux de croissance continuent à être très forts, en Chine, au Brésil et aussi en Russie. Globalement, la demande des pays émergents reste très forte. Les pneumaticiens chinois ont beaucoup investi mais le marché est en telle croissance que nos potentialités continuent d’être exponentielles. Nous allons, cependant, assister à l’émergence de très grands groupes, certains commençant d’ailleurs à se rapprocher de très près du Top Ten des groupes mondiaux. Maintenant, la qualité des pneus s’avère un challenge quotidien, certains risquent de s’y brûler les doigts.
Introduction du griding en 2012
Deux réglementations vont voir le jour : d’un côté, les pneus qui auront trop de résistance au roulage vont être interdits parce qu’ils produisent trop de CO2. De l’autre, le “griding” sera mis en place, avec l’affichage obligatoire des lettres A, B, C, D, E, F en fonction d’un certain nombre de critères. Ce sera sur mode déclaratif et je crois que cela sera honnête, puisque nous faisons tous de la veille concurrentielle… Ce que l’on peut dire c’est que nous ne pouvons pas, forcément, être les meilleurs sur tous les produits mais nous le sommes sur l’homogénéité des produits.
Croissance organique ou externe
Nous construisons actuellement trois usines, deux pour 2012, en Chine et au Brésil, une pour 2013, en Inde. Cela représente des investissements très lourds (1,2 milliard de dollars en Inde, 1,350 en Chine, 360 millions au Brésil pour la première tranche). Je rappelle que Michelin n’avait pas construit d’usine depuis 30 ans !
Pour le Premium, nous allons continuer en marque propre et en croissance organique. Pour les Tires 2 et 3 (gammes plus économiques), nous n’excluons pas des coopérations, des joint-ventures dans lesquelles nous ne serions pas forcément majoritaires.
Niches ou trésors
On parle rarement des pneus spécialisés, pourtant, ils sont en pleine croissance. Pour les pneus pour engins miniers, la demande risque de dépasser l’offre. Et même, le secteur agricole réclame des pneus pour gagner en productivité. Pour ne citer que ceux-là…
Premium et Tire 3
Il est intéressant de constater que le Premium n’a pas subi de baisse pendant la crise et continue à être moteur (37 à 40 % en Europe). Mais le Tire 3 est aussi beaucoup demandé. On commercialise le Tire 2, et le 3 sous marque Kleber, qui s’avère une excellente marque et nous avons quelques exemples de JV en Tire 3, comme en Serbie, qui fonctionnent très bien.