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Industrie

Valeo veut garder un temps d’avance

Publié le 5 juin 2015

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
A l’image des constructeurs, les équipementiers affichent de très bons résultats en Chine. Valeo est parmi ceux-là. Tour d’horizon avec Edouard de Pirey, président de Valeo China Group.

Que l’on soit en Europe ou en Chine, la problématique des équipementiers est la même : il faut innover. Pour Valeo, cela se traduit notamment par un centre de R&D qui compte plus de 2 000 personnes dans le pays. Un personnel davantage “tourné vers la recherche applicative”, explique Edouard de Pirey, président de Valeo China Group. Mais à la différence des constructeurs, les innovations des équipementiers restent complètement leur propriété car eux n’ont pas l’obligation de créer des JV avec des partenaires locaux pour exister. Un réel avantage dans ce pays devenu incontournable et où les perspectives sont bonnes. Même si la croissance du marché automobile a fléchi, elle demeure à des niveaux enviables, comme en témoigne le PIB en hausse de 7 % au premier trimestre. Et pour les années futures, tous les voyants sont au vert pour Valeo. “En 2014, la Chine a représenté 20 % de nos ventes, détaille Edouard de Pirey, mais 30 % de nos prises de commandes, soit un total de 4,3 milliards d’euros.” Un chiffre qui explique les investissements actuels de Valeo en Chine. Aujourd’hui, l’équipementier y compte 29 usines et il va cette année en ouvrir 3 supplémentaires et agrandir 3 sites existants, dont celui de Shenzhen où la capacité de production sera doublée. Valeo développe donc son outil industriel pour tirer le meilleur parti de la croissance annoncée. Rappelons qu’il vise 5 points de croissance par an pendant cinq ans et qu’il estime que l’Asie représentera 60 % de cette hausse future, dont 45 % pour la seule Chine.

Le Hyundai du 21e siècle

Les investissements sont donc nombreux, mais pas réservés à tels ou tels clients puisque le Français ne se ferme aucune porte. Valeo travaille naturellement avec ses clients européens implantés en Chine, mais n’oublie pas pour autant les constructeurs chinois. “Ils représentent aujourd’hui 30 à 40 % du marché et nous travaillons avec le plus grand nombre, indique Edouard de Pirey. L’un d’entre eux deviendra peut-être le Hyundai du 21e siècle.” Ainsi, Geely, Chery ou Great Wall font-ils partie des clients de Valeo. Des clients qui voient en l’équipementier français, en plus de la pertinence des technologies proposées, une forme de réassurance quant au bon déroulement du contrat. “Les constructeurs chinois viennent par exemple chercher chez nous des technologies liées à l’électricité, à l’hybridation et notamment l’électronique de puissance”, explique Edouard de Pirey. Mais pas seulement. Ainsi, la première application de la nouvelle boîte double embrayage 7 rapports de Valeo se fera en Chine avec SAIC-GM. Tout cela aussi pour témoigner que l’innovation n’a pas de frontières et n’est pas réservée à un territoire. C’est d’ailleurs le cas pour les technologies liées à la réduction de la consommation et des émissions de CO2 et de polluants qui sont aujourd’hui planétaires. La Chine s’est d’ailleurs fixé comme objectif une moyenne de 117 g de CO2 pour 2020. Pour mémoire, à la même date, l’Europe vise 95 g/km.

“Nous gardons un temps d’avance”

Quant à l’avenir plus lointain ou l’émergence de la concurrence d’équipementiers locaux, Edouard de Pirey n’esquive pas : “Aujourd’hui, nous sommes toujours en compétition avec un ou deux équipementiers chinois, mais nous gardons un temps d’avance.” Il vante ainsi les 10 % du CA première monte investi chaque année dans la R&D. “C’est essentiel pour rester devant.” Selon lui, les coûts sont aussi au centre des succès futurs et leur réduction ne se fera pas au détriment des marges, mais par une évolution de la production locale. Elle devra s’accroître, mais “il faudra aussi adapter les process avec, peut-être, plus d’automatisation”, estime le président, mettant en avant l’exemple d’une usine chinoise de capteur moteur, très compétitive, totalement automatisée. La rechange, qui représente 12 % du CA total de Valeo, fait aussi partie de sa réflexion, mais il juge qu’il s’agira “de la deuxième vague”. Une vague à ne pas manquer, d’autant que, selon lui, “Valeo est l’une des marques les plus connues ici en rechange.”

 

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