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Industrie

TRW Ramonchamp face au bras séculier

Publié le 20 août 2012

Par Hervé Daigueperce
3 min de lecture
Devant le doute et la procédure du parquet d'Epinal quant à la légitimité de son placement en redressement judiciaire, l'usine de sous-traitance automobile de TRW, dans les Vosges, conteste la validité de cette démarche.
Devant le doute et la procédure du parquet d'Epinal quant à la légitimité de son placement en redressement judiciaire, l'usine de sous-traitance automobile de TRW, dans les Vosges, conteste la validité de cette démarche.

Au-delà du cas particulier, c'est à un bras de fer post-électoral et à une juxtaposition des problématiques industrielles auxquels nous sommes confrontés dans cette affaire de TRW Ramonchamp. Le site, fabricant de petites pièces métalliques à destination des moteurs automobiles, perd de l'argent depuis des années. Peu rentable, il était quasiment sous perfusion de ses grands donneurs d'ordre, dont le premier est PSA.

Accumulant près de 30 millions d'euros de dettes depuis trois ans (source AFP), il était maintenu par la direction du fait des volumes envisagés avec PSA, dont la part dans le carnet de commandes s'avérait plus que significative. L'annonce de la fermeture d'Aulnay a apporté une réponse sèche aux espoirs de nouveaux volumes à engranger et précipité – ou entériné – la cessation de paiement.

Effets à retardement

La situation n'est pas neuve car depuis plusieurs années – et la crise n'a rien arrangé –, les constructeurs français diminuent les volumes de commandes de leurs fournisseurs régionaux. Sans entrer dans le débat de la délocalisation, il faut se rendre à l'évidence que les usines des sous-traitants suivent les constructeurs là où ils vont et là où il y a de la croissance. Ce qui signifie une baisse lente et inexorable des commandes dans les zones de surcapacité comme en Europe de l'Ouest.

Les conséquences de la fermeture d'Aulnay et, il faudra bien s'y attendre, d'autres usines de montage automobiles vont affecter durablement les fournisseurs de premier et second rangs. L'autre volet de la crise, énergétique cette fois, condamne même des arrangements au sein des grandes régions. Il serait illusoire de penser que l'usine de Tchéquie de TRW pourrait servir d'explication à ce désastre, coûts de transport et logistique obligent. D'autant que pour ce type de pièces, on ne recherche plus la qualité "haute technologie" qui aurait pu faire la différence.

D'après une source proche du dossier, du fait du désengagement progressif du principal donneur d'ordre, et donc d'un manque de respect d'engagements de volumes, le site de Ramonchamp ne pouvait plus rien faire, surtout après trois ans de pertes continues. Pour les employés, un reclassement dans les autres usines du groupe sera sans doute proposé, mais l'éloignement géographique associé à des fabrications sans rapport avec celles du site des Vosges ne devraient pas recevoir un accueil enthousiaste des plus de 300 salariés concernés !

Politique friction

La décision du parquet dans ce domaine, aussi fondée soit-elle, est assez emblématique du malaise de notre industrie. Alors que le tribunal de commerce avait placé l'usine de Ramonchamp en redressement judiciaire, le parquet reprend l'affaire et doute de la réalité des comptes présentés de cette filiale américaine. La direction de l'usine doit ainsi faire appel, alors que ses comptes sont déficitaires depuis des années et donc à la limite de la légalité.

Les syndicats et un des avocats des salariés en appellent à la maison mère – TRW US –, qui a dégagé des profits en 2011. Faudra-t-il que, dans la même veine, TRW remette en question la productivité de PSA et son déficit de commandes pour justifier de sa décision ? Encore un beau dossier de rentrée pour le gouvernement.  

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