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Industrie

Toyota Prius : Transformer l'essai

Publié le 6 février 2004

Par Christophe Jaussaud
8 min de lecture
Présentée en 2003, la nouvelle Prius sera sur les routes françaises le 15 mars prochain. L'essai sera le maître mot lors de son lancement, le réseau devant faire découvrir une technologie hybride encore plus performante qui n'a pas que le crédit d'impôts comme avantage. "En avance...
Présentée en 2003, la nouvelle Prius sera sur les routes françaises le 15 mars prochain. L'essai sera le maître mot lors de son lancement, le réseau devant faire découvrir une technologie hybride encore plus performante qui n'a pas que le crédit d'impôts comme avantage. "En avance...

...sur son temps". Voici la définition latine du mot Prius. Concernant la voiture, si effectivement elle paraît en avance, pour l'heure elle l'est sur le carnet de commandes ! En effet, lancée au Japon le 1er septembre 2003, cette nouvelle version de la Prius a connu un succès immédiat avec 11 000 unités commandées en 15 jours ! Pour suivre cette demande, l'usine nippone a dû faire passer la cadence de production de 7 500 à 10 000 Prius par mois. Aujourd'hui, 5 mois après le début de sa commercialisation au Japon et aux Etats-Unis, Toyota a déjà enregistré 40 000 commandes. L'objectif de 76 000 ventes sur l'année 2004 sera donc selon toute vraisemblance rapidement atteint. En Europe où jusqu'ici, il faut bien le reconnaître, l'engouement pour la Prius était plutôt mesuré (voir tableau des ventes), cette nouvelle hybride, beaucoup plus aboutie à tous les niveaux, devrait séduire. Toutefois, les objectifs y restent modérés avec 5 000 unités, dont 500 en France. Si "la berline familiale la plus propre du monde", comme l'appelle le deuxième constructeur mondial, reste une vitrine à faire découvrir en Europe, dans le reste du monde c'est déjà du concret. La nouvelle Prius a même été élue Voiture de l'année aux Etats-Unis.

Un impératif : faire essayer la Prius

La Prius de 1997 n'était pas une mauvaise voiture mais elle avait un physique ingrat, pour ne pas dire plus. Certains clients en plaisantaient même, l'un d'eux allant jusqu'à dire : "Oui, elle n'est pas trop jolie, je le reconnais, mais je suis à l'intérieur, cela ne me dérange pas !" Cela n'a pas empêché cette version de se vendre à plus de 124 000 unités entre 1997 et 2003. Le 15 mars prochain, l'ensemble du réseau Toyota sera fin prêt pour faire connaître les nouveaux atouts de la Prius. Le maître mot dans le réseau sera "Essai". En effet, selon une étude réalisée avec la première génération de Prius, à la question, "Seriez-vous prêt à acheter une Prius ?", après une simple présentation statique du produit, 13 % des personnes répondaient oui et 31 % peut-être. Après un essai, le "oui ferme" passait à 46 % et le "peut-être" à 40 %. Des chiffres qui ont confirmé une stratégie de lancement axée sur l'essai du véhicule. Si au volant la Prius 2004 étonne - on y reviendra -, déjà, d'un simple coup d'œil, on peut voir les efforts réalisés sur le design. Celui-ci est beaucoup plus travaillé, plus en phase avec ce que doit représenter une voiture "en avance sur son temps". Il est vrai que la subjectivité reste de mise, mais il y a un point ou elle ne perturbe plus le raisonnement : l'espace intérieur. En effet, la Prius 2004 se positionne comme une berline du segment M2 (Avensis, Laguna, 406, C5 etc.) et en offre les prestations tant en termes d'espace intérieur que d'équipements. La version précédente restait dans le segment inférieur. A titre de comparaison, l'habitacle d'une Prius est tout aussi spacieux que la berline "classique" de Toyota, l'Avensis. C'est d'ailleurs en partie cette dernière qui va nous servir d'étalon (consommations, émissions, prix) pour juger la nouvelle Prius. Est-elle une réelle alternative aux berlines, Diesel notamment ?

L'habitabilité du segment M2 avec la consommation du segment B

En termes de puissance et d'agrément, la Prius n'a pas à rougir face à la concurrence Diesel. En effet, sa partie technique (que vous pouvez retrouver dans le JA n° 836 du 16 mai 2003) a beaucoup évolué. Avec une puissance combinée (moteur thermique et électrique) de 110 ch, elle se classe dans le haut du tableau. Mais c'est surtout grâce à son couple, synonyme de souplesse et de reprise, que l'hybride fait largement mieux avec 478 Nm face aux 280 Nm de l'Avensis D-4D. En performances pures, la vitesse, là aussi la Prius a beaucoup progressé avec 10,9 s pour passer de 0 à 100 km/h. Mais la philosophie de la Prius n'est pas (même si elle se rapproche de la "voiture de tous les jours") de battre des records de vitesse, mais plutôt de consommation et d'émissions minimales ! Et sur ce point, le résultat est sans appel. Avec 4,3 litres en cycle mixte, la nouvelle Toyota affiche des consommations de petite citadine Diesel et non celles d'une familiale. Avec ce chiffre de 4,3 litres aux 100 km, elle se trouve à égalité avec une 206 HDi 70 ch ou une Audi A2 1,4 TDi, seule la Yaris D-4D 3 portes affichant mieux avec 4,2 litres. La Prius met cependant tout le monde d'accord avec 104 g/km de CO2 par km alors que les exemples cités en comparaison affichent tous 113 g/km. Si l'on revient à une comparaison dans le segment M2, les écarts sont encore plus grands, l'Avensis D-4D sur le même cycle réalisant 5,8 litres aux 100 km et rejetant 155 g de CO2 par km. Si l'on compare les émissions d'une berline Diesel à celles de la Prius sur 20 000 km, la Toyota rejettera une tonne de moins de CO2 dans l'atmosphère !
Aujourd'hui, la Prius n'est plus la seule de ce type sur le marché car, depuis peu, Honda propose la Civic IMA (JA n° 857 du 5 décembre 2003), elle aussi hybride même si elle l'est à un degré moindre. En effet, son moteur électrique aide simplement le thermique sans pouvoir propulser seul la voiture. Deux niveaux d'hybridation différents entraînant bien évidemment des résultats différents même s'ils vont dans le même sens. La Toyota demeure plus efficace que la Honda sur tous les points (voir tableau), même si cette dernière affiche un bon rendement face aux berlines Diesel traditionnelles. Tout plaide donc en faveur de la Toyota. Alors, pourquoi reste-t-elle confidentielle ?





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C'est le nombre de points de vente Toyota en France et de centres agréés pour entretenir la Prius. Tout le réseau a suivi une formation spécifique, ce qui n'était pas le cas pour la première génération de Prius où seulement 68 concessions étaient agréées.

Possibilité d'amortir une Prius sur un an

Si la réussite technique est incontestable, du côté des chiffres de ventes européens (voir tableau) et surtout français, on ne peut pas en dire autant. D'octobre 2000 à décembre 2003, Toyota France a livré 200 Prius et 168 ont été immatriculées. La méconnaissance du produit, de cette technologie hybride, est un premier frein. Une inconnue qui entraîne bien des questions : faut-il brancher la voiture à une prise ? L'entretien est-il coûteux ? Est-ce fiable ? La stratégie d'essai durant le lancement, évoquée plus haut, devrait répondre à l'ensemble de ces interrogations et de ces craintes. D'ailleurs, Toyota semble assez sûr de lui, notamment sur la fiabilité du système avec une garantie spécifique de 8 ans ou 160 000 km pour toute la partie hybride. L'entretien de la Prius reste pour le client semblable à celui d'une berline classique avec, pour 100 000 km, 4,2 heures de main-d'œuvre. Reste donc le prix. La Prius est-elle trop chère à 24 950 € et 28 700 € ? Si le prix de la version Sol Pack peut refroidir, celui de la finition Sol est compétitif (voir tableau). De plus, il ne faut pas oublier que la Prius bénéficie d'un crédit d'impôts de 1 524 €, ce qui ramène les tarifs à 23 426 € et 27 176 €. Le montant de ce crédit pouvant même atteindre 2 300 € s'il y a reprise d'un véhicule de plus de 10 ans pour destruction. Autant d'arguments pour séduire le particulier qui a représenté jusqu'ici 68 % des ventes de Prius. Toyota dispose également d'une autre arme grâce à Toyota Finances. En effet, le constructeur propose de la location entretien compris. Sans apport, le loyer mensuel sera de 585 € ; avec un apport de 20 % des 24 950 €, la mensualité sera de 431 € ; avec un apport de 35 %, seulement 283 € seront nécessaires chaque mois. L'autre gros avantage de cette formule est que la valeur de reprise est connue dès le départ. En effet, après 36 mois, Toyota s'engage à reprendre votre Prius à 40 % de sa valeur neuve. Une offre qui a de quoi séduire également les entreprises. Pour ces dernières, en plus du crédit d'impôts, la Prius est synonyme d'exonération de taxe sur les véhicules de société (1 130 € pour les moins de 7 CV fiscaux) et certaines régions les exonèrent même de la vignette et de la taxe régionale de la carte grise. Mais l'autre gros avantage d'une Prius pour une entreprise est que cette "auto propre" peut être amortie sur un an au lieu de cinq habituellement. Si la première Prius était, et restera, un Ovni dans le paysage automobile, cette nouvelle génération fait une parfaite synthèse des défis environnementaux majeurs à relever et de ce que demande un client à son automobile. Au royaume de la technique, le réalisme a réussi à triompher.


Christophe Jaussaud

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