Takata n'a plus d'airbags
On ne peut s'empêcher de voir des similitudes entre "l'affaire Volkswagen" et celle qui met l'équipementier Takata à genoux. Un grand industriel finit par reconnaître qu'il a eu connaissance d'un défaut ou participé à une tricherie et se retrouve sur les bancs des accusés face à l'opprobre populaire, mais surtout confronté à des problèmes en chaîne.
En effet, des airbags fabriqués par ce groupe puissant et à la renommée internationale, ont présenté des défauts ayant entraîné le décès de plusieurs personnes (huit, selon l'AFP, dont sept aux Etats-Unis) et de nombreux blessés. Ces airbags exploseraient "même en cas de collision majeure". Des rappels de millions de véhicules ont eu lieu, dont 24,5 millions pour le seul groupe automobile Honda.
Le second problème réside dans le fait que l'équipementier a reconnu avoir été au courant du défaut et déclenché les campagnes de rappels bien trop tardivement. Accusé de défaut et de malhonnêteté, Takata a déjà reçu une amende de 70 millions de dollars immédiatement et 130 millions, à suivre, s'il ne respecte pas les accords. Le fabricant avait même communiqué sur "ses regrets" et son ambition de respecter "le contrat" qui lui était fait de manière à recouvrer sa notoriété et sa santé financière. C'était avant l'abandon de Honda…
Honda lâche son fournisseur
Ayant appris que Takata avait à plus d'un titre menti et ayant souffert de tous les rappels de véhicules et des suites de l'affaire, Honda, pourtant actionnaire de Takata (1,2%) et principal client, a décrété que les nouvelles Honda et Acura ne seraient pas équipées d'airbags Takata. En perdant Honda, Takata n'a plus de protection. Le titre de l'équipementier s'est d'ailleurs immédiatement effondré de 13,40% à la Bourse de Tokyo, rendant très difficile le redressement de Takata.
Et, il y a plus grave, puisque le groupe devra totalement revoir la conception de ses produits en supprimant le nitrate d'ammonium, "gaz soupçonné d'être un des facteurs" à l'origine des explosions et en prouvant que tout est sous contrôle. Nul doute que, pendant ce temps-là, les concurrents prendront la relève, par défaut : qu'adviendra-t-il de ce groupe de 43500 personnes, vieux de quatre-vingts ans ? L'industrie automobile, décidément, ne va pas bien…