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Industrie

Seuil critique pour l'équipement automobile en France ?

Publié le 27 octobre 2014

Par La Rédaction
4 min de lecture
Malgré une légère reprise de la production des équipementiers en France, l'érosion de la construction automobile dans le pays inquiète la Fiev et ses adhérents.

Si Claude Cham, le président de la Fiev (Fédération des Industries des Equipements pour Véhicules) salue la croissance de la production automobile dans le monde, il n'en demeure pas moins inquiet des résultats obtenus par notre industrie et plus généralement par les chiffres européens.

Avec une croissance de 3,6% en 2013, à 87,3 millions d'unités produites (VL) dans le monde, et de 5% pour 2014 à 87 millions, l'industrie automobile semble aller au mieux. Mais les pays en fort développement ralentissent la machine, alors que les Occidentaux stagnent quand ils ne baissent pas. Cependant, les premiers disposent d'une réserve forte en primo acquéreurs ! En zone euro, on espère 1,1% de croissance de la production de véhicules, pas de quoi se réjouir. Quant à la France, cette production s'avère en berne, si on considère que 2013 a enregistré une baisse de 11,6 de la production de VL à 1,74 million d'unités. Même si le premier semestre 2014 semble meilleur, les estimations pour 2014 se calent autour d'1,8 million de véhicules produits (hausse de 3,4%). En clair, malgré un léger mieux, les 2,2 millions d'autrefois sont à oublier, ce qui ne cesse d'inquiéter les fournisseurs quant au marché français, comme le précise Claude Cham : "Un effet de seuil est à craindre, avec une menace sur l’existence d’un tissu industriel équipementier...". On ne fabrique que là où se font les marchés.

Les usines françaises font de la résistance

Malgré cela, les usines françaises d'équipements automobiles retrouvent des couleurs à fin juin 2014, avec un niveau de 8,1 milliards d'euros par rapport à 15,1 milliards d'euros en année pleine en 2013. A noter que les ventes à la première monte s'élèvent à 85% du chiffre d'affaires global des équipementiers (France et export). Reste pour la rechange 1,2 milliard d'euros pour le premier semestre, soit une augmentation de 1,1% des ventes, 4% de croissance étant prévu à fin 2014.   

On peut également s'inquiéter de la montée permanente de la part export dans le CA global des équipementiers (55% en 2013 contre 42% en 2000, par exemple), si l'on considère que "ce n'est pas parce qu'on progresse en parts de marché, mais parce que nous suivons nos clients, et que notre marché domestique baisse", précise Claude Cham. Et notre balance commerciale sur le secteur se détériore. Pas de quoi, là encore, se réjouir… Pourtant, les équipementiers ne cessent d'investir en recherche et développement, soit en moyenne 5 à 6% de leur chiffre d'affaires. Reste que d'après le président de la Fiev, "les équipementiers ont fait d'énormes efforts mais ont trop longtemps axé leur travail sur le franco-français. Ce qui fait la différence aujourd'hui, c'est une politique tournant autour de trois vecteurs clés, l'innovation (La R&D), une stratégie de développement et une volonté manifeste de rester maître de sa politique commerciale et de son développement industriel, de mener une diversification du portefeuille produits. Rappelons que les trois premiers équipementiers français ont déposé plus de mille brevets en 2013".

Sus à l'international

Conscient que l'avenir ne se passera pas bien sans un effort appuyé sur le développement à l'international, Claude Cham a mis l'accent sur le rôle de la Fiev dans l'accompagnement des équipementiers hors de l'Hexagone (avec Ubi France et la PFA, notamment), en insistant sur l'internationalisation des constructeurs automobiles, qui peuvent être un soutien efficace. Plusieurs missions à l'étranger (Iran, Thaïlande, Allemagne, Indonésie…) ont été accomplies afin d'ouvrir des marchés ou augmenter le panel des fournisseurs français chez certains constructeurs. Malgré tout cela, on sentait un président quelque peu désabusé sur une compétitivité française qui avait du mal à s'affranchir d'une pesée fiscale lourde, et plus exactement d'un manque de stabilité tant juridique que fiscale. Que le gouvernement prenne des décisions pérennes, semblait un appel du pied du président.

En revanche, Claude Cham s'est montré évasif sur les négociations sur les conditions d'achat, en évoquant des "discussions avec nos clients en vue de trouver un équilibre juste entre celui qui achète et celui qui vend, et qui satisfasse l'intérêt des deux. On revient après la crise à une situation à peu près normale, peut-être certains rallongements sur des délais de paiement ont pu se créer, mais…" Quant à l'internationalisation d'Equip Auto, dont Claude Cham est également président, "il n'y a pas de réticences, puisque nous sommes déjà dans le Maghreb et si nous trouvons des opportunités de développement à des prix raisonnables, nous nous y intéresserons de près. Et il n'y a pas d'exclusivité sur l'Iran."
 

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