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Industrie

L'UE s'organise pour des batteries plus écologiques

Publié le 12 décembre 2022

Par Louis Choiset
4 min de lecture
L'Union européenne montre son ambition de verdir le parcours des batteries, de leur conception à leur fin de vie. Un texte misant sur l'économie circulaire a été récemment adopté pour doper la production de batteries en Europe.
L'UE vise 25% de la production mondiale de batteries d'ici 2030, contre 3% seulement en 2020.

Des batteries plus écologiques, plus facilement remplaçables et recyclables, c'est l'objectif de L'UE avec un texte adopté vendredi 9 décembre dernier par les eurodéputés et les États membres. Le texte couvre l'ensemble du cycle des batteries, de leur conception à leur fin de vie, et s'appliquera à tous les types de batteries vendues dans l'UE. Que ce soit pour les scooters et voitures mais aussi les smartphones, les ordinateurs, l'électroménager ou encore les batteries industrielles, précise un communiqué du Parlement européen.

 

Les fabricants devront, dès 2024, renseigner l'empreinte carbone totale attendue de chaque batterie, de l'extraction minière au recyclage. Et, après 2027, seules les batteries des voitures électriques ne dépassant pas un seuil maximal pourront être commercialisées. Des critères de durabilité et de performance seront également imposés en 2026. D'ici trois ans et demi, les smartphones ou appareils électroniques devront par ailleurs être conçus pour pouvoir enlever et remplacer facilement la batterie.

 

Un taux minimal de reprise à 61 % d'ici 2031

 

De plus, les entreprises incluant des batteries dans leurs produits devront respecter des objectifs contraignants de collecte : 45 % des batteries de téléphones ou d'ordinateurs devront être collectées d'ici 2023, et au moins 73 % d'ici 2030. Pour les batteries de vélos, scooters et trottinettes électriques, le taux minimal de reprise s'élèvera à 61 % d'ici 2031. Toutes les batteries collectées devront être recyclées, avec des niveaux élevés de récupération pour les composants critiques : d'ici 2027, les processus employés devront permettre de recycler au moins 90 % du cobalt et du nickel des batteries, ainsi que 50 % du lithium (puis 80 % en 2031).

 

Enfin, la composition des nouvelles batteries devra inclure des niveaux minimums de métaux issus de la valorisation des déchets : après 2031, les batteries des véhicules électriques devront incorporer 16 % de cobalt, 6 % de lithium et de nickel recyclés. "Ces exigences environnementales s'appliqueront aux batteries produites en Europe comme aux batteries importées, et restreindra progressivement l'accès au marché européen aux batteries les plus durables", explique Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen. Avec pour effet de muscler la production européenne et de réduire, grâce au recyclage, la dépendance de l'UE aux importations de métaux critiques (lithium, cobalt...), observe-t-il.

 

Une volonté de rattraper l'Asie et les États-Unis

 

"C'est un bond en avant pour renforcer notre compétitivité, alors que l'UE est très loin derrière l'Asie et les États-Unis en matière de batteries", abonde l'eurodéputée Jessica Polfjard, négociatrice de l'accord. L'UE vise 25 % de la production mondiale de batteries d'ici 2030, contre 3 % seulement en 2020. Le continent, qui a massivement musclé ses investissements dans le secteur, comptait l'an dernier environ une quarantaine de projets d'usines de batteries.

 

"La concurrence mondiale est féroce et la demande a fortement augmenté; nous voulons nous assurer que nous ne serons pas un simple sous-traitant dépendant des autres, et que la mobilité propre génèrera des emplois en Europe", insiste le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton. Le texte entend augmenter l'information du consommateur. Les batteries devront porter des étiquettes et QR-codes renseignant leurs performances et durée de vie, et un "passeport numérique" sera créé pour en détailler l'origine ainsi que la composition, qui facilitera in fine son recyclage.

 

A lire aussi : L'Europe juge "inacceptable" le protectionnisme américain sur le véhicule électrique

 

Cette loi "permet de rééquilibrer les règles du jeu entre industriels européens et importateurs" et contribuera à faire des batteries vendues en Europe "la nouvelle référence mondiale en termes de durabilité", salue Lucien Mathieu, de l'ONG Transport & Environment.

 

D'autant que les vendeurs de batteries devront également s'assurer que les composants (lithium, nickel, cobalt) ont été extraits en respectant des normes environnementales et sociales élevées, un "devoir de vigilance" s'appliquant à toute la chaîne d'approvisionnement, note-t-il. (Avec AFP)

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