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Industrie

Les plasturgistes automobiles redoutent une pénurie

Publié le 8 octobre 2018

Par Mohamed Aredjal
3 min de lecture
Les équipementiers plasturgistes tirent la sonnette d’alarme. Soumis à des difficultés d’approvisionnement en polyamide, ces derniers craignent de ne plus pouvoir répondre aux besoins de l’industrie automobile, pressentant même des arrêts de chaîne…
Le polyamide PA 6.6 entre dans la fabrication de plusieurs pièces automobiles, en particulier dans les éléments sous-capot moteur.

 

Les constructeurs automobiles victimes d’une rupture de chaîne ? C’est le scénario que souhaite éviter le Groupement plasturgie automobile (GPA) dans les prochains mois. L’organisation professionnelle, qui réunit 19 équipementiers de rangs 1 et 2 (Plastic Omnium, Faurecia, Saint-Gobain, etc.), lance aujourd’hui l’alerte pour avertir la filière d’une possible incapacité de leur part de répondre aux besoins des industriels.

 

Depuis plusieurs mois, ces fabricants doivent en effet faire face à une pénurie de polyamide PA 6.6, qui entre dans la production de plusieurs pièces automobiles. Grâce à sa forte résistance aux hautes températures, le PA 6.6 est notamment essentiel à la fabrication de pièces du compartiment moteur (systèmes d’alimentation d’air, systèmes de filtration et de refroidissement, etc.).

 

Une production du PA 6.6 au plus bas

 

Si le PA 6.6 se raréfie aujourd’hui, c’est en raison d’une baisse de la production d’un des composants nécessaires à sa fabrication : l’adiponitrile (ADN). En effet, seules cinq usines – arrivées à saturation –  dans le monde fabriquent aujourd’hui ce composé chimique. D’autant que les industriels de la chimie n’ont pas fait de l’automobile leur filière privilégiée, préférant allouer leurs stocks et capacités de productions à des secteurs jugés plus rentables (textile, etc.). Résultat : 300 000 tonnes d’ADN ont manqué à la filière en 2018, selon le GPA.

 

Cette pénurie a eu pour conséquence de faire grimper le cours du PA 6.6 en flèche. Les prix de la matière ont augmenté de plus de 40 % depuis 2017. "Aujourd’hui, le moindre grain de sable peut perturber les flux de livraison", déplore Armelle Dumont, délégué général du groupement.

 

Le GPA demande de l’aide

 

Dans ce contexte, le GPA exhorte les chimistes à leur apporter plus de visibilité sur leurs capacités de production, les incitant également à ouvrir de nouvelles lignes de fabrication pour répondre aux besoins de la filière. En parallèle, l’organisation professionnelle espère sensibiliser les constructeurs sur la nécessité de trouver une alternative au PA 6.6. "Des matières de substitution existent, mais les processus de validation de nouveaux matériaux sont très longs chez les constructeurs... Il faudrait envisager un protocole d’homologation plus court et plus rapide", ajoute Luc Messien, président du GPA.

 

Autre demande du groupement : une prise en charge par les constructeurs d’une partie des hausses de prix. Ces dix-huit derniers mois, les équipementiers qui utilisent du PA 6.6 ont vu le prix de cette matière augmenter de 1 500 euros par tonne. Or, ils sont les seuls aujourd’hui à supporter cette inflation.

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