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Industrie

L'électrique revient au premier plan en Chine

Publié le 2 mai 2012

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Après quelques zigzags ces deux dernières années, le gouvernement chinois a réaffirmé, par la voix de son Premier ministre Wen Jiabao, une forte ambition pour le développement des véhicules électriques. Le salon automobile de Pékin était au diapason.
Après quelques zigzags ces deux dernières années, le gouvernement chinois a réaffirmé, par la voix de son Premier ministre Wen Jiabao, une forte ambition pour le développement des véhicules électriques. Le salon automobile de Pékin était au diapason.

Contrairement à ce que certaines caricatures laissent volontiers entendre, la pollution, globale comme locale, ainsi que l'indépendance énergétique figurent parmi les grandes priorités des dirigeants chinois. Un impératif qui n'est pas toujours aisé à respecter quand le développement économique saute les étapes et qu'il s'agit de maîtriser, voire de contenir, la croissance.

En 2010, le gouvernement chinois, parmi plusieurs mesures, avait présenté un plan de développement pour les véhicules électriques et hybrides. L'objectif alors fixé tablait sur un million de véhicules de cette nature à l'horizon 2020. Pour autant, le décollage a été difficile et on peut notamment rappeler que ces véhicules n'ont représenté qu'un peu moins de 10 000 immatriculations en 2011.

5 millions de véhicules hybrides et électriques d'ici 2020 !

Alors que les premiers doutes commençaient à planer sur la réelle volonté des autorités chinoises de développer cette nouvelle filière, le Premier ministre, Wen Jiabao, a nettement remis les choses au clair. Avec une ambition encore renforcée. Ainsi, l'objectif de ventes de véhicules hybrides et électriques a été revu à la hausse : 5 millions d'unités à l'horizon 2020, avec un temps intermédiaire de 500 000 immatriculations en 2015.

Cette fois, le scenario retient donc un déploiement progressif de ces énergies alternatives, en tenant compte des contraintes omniscientes à battre en brèche, de l'enrichissement à venir de l'offre produits et des prévisions de réduction des tarifs. Un élément important, d'autant que le gouvernement ne fait pas qu'agiter des objectifs chiffrés, mais qu'il annonce aussi des allocations budgétaires pour soutenir la filière de l'électrification. A l'issue d'une réunion du Conseil des Affaires d'Etat, Wen Jiabao a ainsi promis une enveloppe de 12 milliards d'euros de subventions pour les entreprises, notamment dans le domaine des infrastructures. Le client final n'est pas oublié et les autorités chinoises évoquent un dispositif de prime à l'achat renforcé. Le montant de l'aide pourrait même être significatif, de l'ordre de 8 000 euros, selon certaines sources.

Les flottes de transports en commun comme fer de lance

Les analystes sont plutôt confiants par rapport à l'aptitude de la Chine à tenir ce cap. Dans un tout récent rapport intitulé "Renouvellement des aspirations de la Chine dans le domaine des véhicules électriques", le cabinet McKinsey&Co met en exergue que : "Malgré les revers initiaux, les véhicules électriques ont de l'avenir en Chine, en tant que meilleure solution pour résoudre les défis auxquels fait face le pays en matière énergétique et de pollution. En outre, comme il n'y a pas de raccourci vers les véhicules électriques à 100 %, les véhicules hybrides rechargeables peuvent être la passerelle adéquate vers l'objectif à long terme du décollage des véhicules électriques purs."

L'étude de McKinsey&Co ajoute que des VE rechargeables équipés de batteries de 15 kWh pourraient devenir compétitifs en termes de tarifs avec des véhicules traditionnels d'ici 2017. Des modèles rechargeables avec des batteries plus petites, de 10 kWh, pourraient même avoir un coût similaire à celui des véhicules à combustion classique dès 2014. Par ailleurs, les experts de McKinsey&Co estiment que "les flottes de transports en commun, notamment les bus, constituent un fer de lance tout indiqué pour lancer l'électrification". Le potentiel de la flotte de bus électriques est estimé à "100 000 unités à l'horizon 2016". Et l'étude de pointer un autre enjeu sous-jacent d'envergure : "La Chine a une occasion unique de tirer parti de sa taille énorme pour développer une solution de VE qui pourrait non seulement réussir chez elle, mais aussi sur d'autres marchés."

L'électromobilité est déjà présente en Chine avec les deux-roues

D'autres experts abondent dans ce sens, notamment ceux de la Banque Mondiale, qui estiment que le marché du VE pourrait représenter 250 milliards de dollars dès 2020. Ils sont ainsi nombreux à souligner que le consommateur chinois manifeste un réel attrait pour l'innovation technologique et la nouveauté en général. D'autres secteurs d'activités, comme la téléphonie mobile ou encore le prêt-à-porter, en témoignent d'ores et déjà. Par ailleurs, la mobilité électrique est déjà très présente dans le pays, par l'intermédiaire du deux-roues, vélos à assistance électrique ou scooters. En outre, sous un angle plus structurel, certains soulignent que le réseau électrique chinois est en cours de développement, et que le VE peut dès lors être intégré dans le puzzle et assumer de nouvelles fonctions de type stockage/redistribution.

Le VE en vedette au salon automobile de Pékin

Quelques jours après l'annonce des autorités chinoises, le salon automobile de Pékin est venu confirmer ce nouvel engouement. Les constructeurs premium, qui battent records sur records sur ce marché, ont ouvert le bal : Audi avec une A6 L e-tron (L pour version allongée spécifiquement dédiée au marché chinois), à savoir un hybride rechargeable qui pourrait être commercialisé en 2014 ; BMW avec le séduisant concept i8 Spyder en avant-première, qui annonce le lancement de la marque BMW i fin 2013 ; Daimler, dans un autre registre, avec la marque Denza issue de sa coentreprise avec BYD. De son côté, BYD présentait aussi plusieurs modèles électriques, dont une nouvelle version de son modèle e6 qui fait valoir une autonomie plus performante. Toujours chez les constructeurs chinois, citons encore le géant SAIC qui dévoilait le modèle E50, une petite urbaine 100 % électrique qui sera commercialisée en série limitée à partir d'octobre, mais aussi le modèle 550 hybride rechargeable qui doit entrer en production d'ici la fin de l'année. Enfin, General Motors levait le voile sur le concept EN-V, entièrement remanié pour l'occasion. L'objectif consiste à mener plusieurs expérimentations sur le territoire chinois, afin de mieux évaluer le degré d'acceptation des clients. Rappelons que GM commercialise depuis quelques semaines la Chevrolet Volt sur le marché chinois.

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile

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