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Industrie

La fracture automobile se creuse

Publié le 3 décembre 2019

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Selon un rapport de l'Observatoire Cetelem, le monde de l'automobile est écartelé entre des visions et des attentes parfois opposées, notamment entre villes et campagnes, auxquelles s'ajoutent les effets de réglementations divergentes à l'échelle de la planète.
Pour Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem, les villes et les campagnes sont deux mondes qui ne se comprennent pas.

 

Un fossé dans le rapport à l'automobile est en train de se creuser entre villes et campagnes, entre générations mais aussi entre des pays aux réglementations de plus en plus divergentes, révèle une étude publiée mardi 3 décembre 2019. Intitulée, "la fracture automobile", l'étude de l'Observatoire Cetelem, fait écho à l'anniversaire du mouvement des gilets jaunes, démarré il y a un peu plus d'un an par une révolte contre la hausse des prix du carburant dans une France rurale où la voiture reste au cœur des modes de déplacement.

 

L'enquête, conduite auprès de 3 000 personnes en France, et 10 000 personnes en tout dans 15 pays sur cinq continents, souligne qu'un fossé se creuse "entre ceux pour qui la voiture reste indispensable pour se déplacer au quotidien et ceux qui ont accès à des moyens de transports alternatifs". En France, "seuls 32 % des automobilistes des petites villes (moins de 20 000 habitants) déclarent avoir pu renoncer à faire des trajets en voiture en raison des prix du carburant contre 67 % dans les métropoles (plus d'un million d'habitants)", selon cette étude réalisée du 30 août au 20 septembre 2019.

 

En réalité, il n'existe pas une fracture, mais plusieurs et "elles ont tendance à se creuser", a expliqué à l'AFP Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem, une structure d'étude et de veille économique de la banque BNP Paribas. Selon lui, le principal enseignement pour les constructeurs automobiles est que leur marché "se complexifie énormément" et qu'ils "devront répondre de plus en plus à des demandes très différentes", en proposant par exemple des nouveaux services de mobilité dans les grandes agglomérations tout en continuant à vendre et fabriquer des voitures de façon classique.

 

Parmi les habitants des métropoles, 13 % des Français interrogés indiquent faire du covoiturage et 12 % de l'autopartage plusieurs fois par mois, contre respectivement 7 % et 3 % en zone rurale. "Ce sont deux mondes qui ne se comprennent pas", estime Flavien Neuvy. "D'un côté, elle est vue sous le prisme de tous ses inconvénients, congestion, pollution, avec en face des offres de mobilités alternatives très puissantes, et de l'autre elle est vue comme un outil de liberté, de mobilité, indispensable pour vivre".

 

A la fracture territoriale, s'ajoute une fracture générationnelle. "Sur toutes les formes de nouvelles mobilités, les jeunes (moins de 35 ans) ont une ouverture d'esprit plus forte que les plus de 55 ans qui sont très attachés à leur voiture individuelle", explique Flavien Neuvy, en soulignant que l'âge moyen de l'acheteur d'automobile neuve en France est justement d'environ 55 ans. "Est-ce que les jeunes d'aujourd'hui, quand ils auront 55 ans, dans une trentaine d'années, voudront encore acheter une voiture ?", se demande l'expert.

 

Les grands marchés internationaux ont également tendance à prendre des voies réglementaires divergentes. "L'Europe fait le choix de l'électrique, alors qu'aux Etats-Unis on n'y est pas du tout. Peut-être que dans 10 ou 15 ans, il sera très difficile pour un constructeur d'être à la fois présent en Europe avec des voitures électriques, tout en développant des moteurs thermiques pour le marché américain", estime le directeur de l'observatoire Cetelem. Les constructeurs pourraient être plus souvent contraints de faire des choix, comme General Motors qui a quitté l'Europe en 2017, après des décennies de pertes, en vendant sa filiale Opel/Vauxhall au constructeur français PSA. "Leur marché n'est plus un bloc uniforme", résume Flavien Neuvy. Un trait commun se dégage pourtant : dans l'ensemble des 15 pays étudiés, une très large majorité d'automobilistes (environ 80 %) se disent attachés à leur voiture. (avec AFP)

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