S'abonner
Industrie

La Fiev veut encore croire à l’automobile "made in France"

Publié le 21 janvier 2021

Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Comment relancer la compétitivité de l’industrie automobile française ? C’est la question que se pose la Fiev à travers une étude globale sur la filière. L’enquête livre ses mesures chocs pour relancer la production automobile dans l’Hexagone.
La Fiev livre ses clés pour une meilleure compétitivité et une reconquête industrielle de l’automobile made in France.

 

Où en est l’industrie automobile française ? A l’aube d’une nouvelle décennie, le bilan dressé par la Fiev dans son analyse sur la filière tricolore n’est pas flatteur. Si elle représentait 5,5 % de la production mondiale en 2005, la production VL dans l’Hexagone a vu sa part réduire à 2,5 % en 2019. Pire : pour la première fois, en 2020, elle devrait passer sous le seuil de 2 % de la production mondiale.

 

Et pour cause : sur les neuf premiers mois du dernier exercice, 60 % des véhicules particuliers vendus en France appartiennent aux segments A et B. Sur ces segments, seuls trois modèles sont encore produits en France : la Zoe, la Yaris et la Smart For-Two… "Pour les équipementiers que la Fiev représente, notamment les internationaux, la France voit son poids relatif s’amenuiser dangereusement", s’alarme l’organisation professionnelle.

 

Des coûts salariaux trop importants ?

 

Pour expliquer cette situation, la Fiev avance plusieurs raisons. Impossible, pour commencer, de ne pas évoquer la montée en puissance de l’industrie chinoise pendant ces 15 dernières années. En 2005, la République populaire produisait 4,9 millions de VL alors qu’en 2019 elle en a fabriqué 23,4 millions. Elle est donc devenue le premier producteur automobile mondial avec une part de marché de 26,6 % contre 7,6 % en 2005.

 

L’industrie chinoise a pleinement tiré profit du phénomène de délocalisation grâce à ses coûts de production réduits. Ces dernières années, de nombreux constructeurs français ont d’ailleurs déplacé leurs outil de production (notamment pour les segments A, B et C) vers des pays à coûts de main d’œuvre plus faibles. Exemple : en Roumanie, le coût horaire par rapport à la France est inférieur de 82,6 %.

 

"Pour produire dans un pays à fort coût de main-d’œuvre, il est donc indispensable de fabriquer des véhicules qui appartiennent aux gammes supérieures. C’est ce qu’a fait l’Allemagne, qui s’est spécialisée dans la production de véhicules haut de gamme", observe la Fiev qui ajoute que l’industrie hexagonale, de son côté, n’a pas su anticiper cette évolution.

 

Estimant que la main d’œuvre représente environ 35 % du prix de revient de fabrication (PRF) total d’un véhicule, l’organisation professionnelle invite donc constructeurs et équipementiers à déterminer la nature et le niveau de baisse de tous les coûts nécessaires pour localiser certaines productions futures en France. Elle ajoute que cette initiative ne peut se faire sans l’intervention et le soutien de l’État.

 

Saisir l’opportunité du véhicule électrique

 

Au-delà des coûts salariaux, qui ne justifient pas tout selon la Fiev, cette dernière plaide pour une "politique industrielle concertée" avec les partenaires sociaux et les pouvoirs publics. "La stabilité législative et un cadre fiscal favorable sont des éléments indispensables au maintien et développement de la production", précise la fédération.

 

Pour établir ce nouvel environnement, la Fiev suggère donc plusieurs propositions :

  • Baisser les charges sociales et redéfinir les règles sur le temps de travail
  • Poursuivre la réflexion sur une baisse plus large des impôts sur les sociétés et sur les impôts de production, indispensable à l’amélioration de notre compétitivité
  • Donner de la visibilité sur les trajectoires fiscales futures, pour rassurer les entreprises et apporter de nouvelles garanties aux potentiels investisseurs
  • Conserver le crédit impôt recherche pour favoriser le maintien et les nouvelles implantations de centres R&D en France
  • Prolonger les investissements en R&D à travers des outils comme le Coram, lancé dans le cadre du plan de relance automobile
  • Simplifier toutes les démarches pour les PME et les ETI, et leur faciliter l’accès à tous les dispositifs de soutien.

 

Selon la Fiev, il est nécessaire d’agir très rapidement pour bénéficier totalement du développement du véhicule électrique. En effet, la batterie représentant entre 30 à 40 % du coût de ces véhicules, la part des coûts salariaux va mécaniquement baisser. D’autant plus que les équipes dédiées à l’assemblage des moteurs électriques et des carrosseries devraient être considérablement réduites. Si le lieu d’assemblage des batteries se trouvait en France ou en Europe de l’Ouest, il deviendrait intéressant d’avoir des sites de production à proximité…

 

"La filière ne doit pas manquer cette opportunité afin d’espérer voir les volumes de production en France réaugmenter", conclut la Fiev.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

cross-circle