Hydrogène : Air Liquide investit
La filière du véhicule à hydrogène est-elle condamnée à disparaître avec l’apparition des premiers véhicules électriques ? Si certains peuvent se poser la question, cela n’est pas le cas d’Air Liquide. Le groupe industriel considère que les deux filières peuvent très bien cohabiter, dans la mesure où elles sont toutes deux au service de la fée électricité (utilisé dans une pile à combustible, l’hydrogène se combine à l’oxygène de l’air pour produire de l’électricité). “Les véhicules à hydrogène représentent aussi une solution de mobilité durable et plusieurs constructeurs ont déjà annoncé le lancement de modèles dotés de piles à combustible pour 2015”, rappelle Benoît Potier, le P-dg d’Air Liquide.
Selon ce responsable, du “puits à la roue”, les émissions de CO2 des modèles d’ores et déjà développés par les constructeurs sont inférieures de 20 à 30 % à celles de leurs pendants thermiques Diesel, un gain qu’il est encore possible d’accroître avec la mise en place de moyens de production d’hydrogène toujours plus décarbonatés (Air Liquide a développé pour ce faire un programme interne dénommé “Blue Hydrogen”). Les constructeurs qui se sont déjà lancés dans cette technologie ? Ils incluent des “mastodontes” tels que Daimler (Class B Fuel Cell), Honda (FCX Clarity), Hyundai (ix35 FCEV), Toyota (FCHV-adv Hydrogen), Peugeot (307 CC projet FiSyPAC) et GM (HydoGen4).
“Le déploiement d’infrastructures dédiées aux véhicules dotés de piles à combustible a démarré dans de nombreux pays à travers le monde”, souligne par ailleurs Benoît Potier. Une cinquantaine de stations à hydrogène y sont aujourd’hui en service, notamment en Amérique du Nord, en Allemagne et au Japon, d’autres devant voir le jour en Norvège et en Suisse. “L’Allemagne en compte 15 et devrait en totaliser une centaine en 2015, et le Japon en a aujourd’hui 12 pour arriver lui aussi à une centaine à l’horizon 2015”, poursuit le P-dg d’Air Liquide.
La France n’en a pour sa part aucune, l’absence d’une réglementation précise concernant ce type d’infrastructures expliquant à elle seule ce vide par rapport à d’autres pays tels que l’Allemagne. “Nous aimerions assister à une évolution de la législation concernant les stations à hydrogène”, indique donc logiquement Benoît Potier. Air Liquide souhaiterait aussi que les besoins du marché français soient quantifiés à travers une étude, même s’il estime d’ores et déjà que de 300 à 400 stations seront nécessaires pour couvrir le territoire (il en faudrait autant outre-Rhin).
“Nous souhaitons participer au développement de cette filière en Europe”
Mais, surtout, l’industriel se dit prêt à investir dans le déploiement d’une vingtaine de stations à hydrogène, équipements qui pourraient être déployés intégralement en France ou pour partie en France et pour partie en Allemagne (ce pays nécessiterait lui aussi le déploiement de plusieurs centaines de stations pour être correctement couvert). “Nous souhaitons participer au développement de cette filière en Europe”, affirme le P-dg d’Air Liquide. Aussi, rien d’étonnant si, ces dernières années, il a souhaité être partenaire - y compris financier - dans de très nombreux projets ou programmes impliquant l’hydrogène sur le Vieux Continent. Air Liquide est notamment partenaire de l’initiative H2 Mobility en Allemagne, du projet CHIC en Norvège et du programme Horizon Hydrogène Energie ou H2E en France.
Il préside, par ailleurs, à la plateforme technologique européenne Fuel Cell & Hydrogen Joint Undertaking, dotée d’un budget de 940 millions d’euros sur la période 2008-2013 (conjointement dirigée par la Commission européenne et des entreprises industrielles, elle cofinance des projets de recherche et de démonstration en Europe). Last but not least : Air Liquide a aussi répondu à quelques Appels à Manifestations d’Intérêt, ou AMI, de l’Ademe, notamment celui intitulé “hydrogène et piles à combustible” qui s’est clos le 31 août 2011 (ce dernier est destiné à soutenir des projets de démonstration préindustrielle, validant la faisabilité technico-économique des applications hydrogène et / ou piles à combustible et préparant, à terme, leur déploiement commercial).
“Nous avons investi 230 millions d’euros dans des projets ou programmes liés à l’hydrogène et inclus notre engagement dans le programme H2E porté par Oséo”, révèle le P-dg d’Air Liquide. Celui-ci, lancé courant 2008, implique une vingtaine de partenaires et vise à construire une filière hydrogène à la fois durable et compétitive. Il représente un investissement global en développement et industrialisation de technologies de 190 millions d’euros sur une durée de sept ans. Si 10 % du parc automobile mondial passait demain à l’hydrogène, cela représenterait un marché potentiel d’environ 100 milliards d’euros pour Air Liquide. C’est aussi la moitié de l’investissement jugé nécessaire pour déployer suffisamment de stations à hydrogène partout en Europe.
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CHIFFRES CLES
5 C’est, en minutes, le temps de chargement d’une pile à combustible, mais aussi le prix qu’il faut compter en euros pour pouvoir bénéficier d’une autonomie de 100 km avec un véhicule à hydrogène, selon Air Liquide.
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