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Industrie

Heuliez, un gâchis industriel

Publié le 22 avril 2013

Par Frédéric Richard
3 min de lecture
Le constructeur-carrossier français Heuliez va malheureusement devoir renouer avec l’inconfort d’une situation incertaine pendant les six prochains mois.

Heuliez, c’est l’histoire d’un gâchis industriel français. Jadis citée en exemple d’une France innovante, ses difficultés, dès 2006, avaient suscité l’émoi de toute la filière automobile. Une situation financière délicate, qui aboutit à la suppression de près de 360 postes à l’époque. Pour autant, l’entreprise, structurellement en difficulté, ouvrira une procédure de sauvegarde l’année suivante.

Mais c’est en 2009, alors que le manque de trésorerie de l’entreprise justifie l’entrée d’investisseurs divers et variés, que l’affaire prend une tournure… plus politique. L’Etat promet une aide de 10 millions d’euros, via le FSI, si l’entreprise parvient à fournir des perspectives claires quant à son avenir, et à trouver des partenaires financièrement sérieux. De son côté, Ségolène Royal, présidente PS du conseil régional de Poitou-Charentes, refuse de laisser le bénéfice du redressement d’Heuliez au gouvernement Sarkozy. Elle fait entrer le conseil régional dans le capital de l’entreprise, à hauteur de cinq millions d’euros. Puis se lance à la recherche de repreneurs. Fiat, Renault et PSA sont approchés, mais, deux mois plus tard, le tribunal de commerce de Niort accepte le plan de reprise présenté par le fonds d’investissement Bernard Krief Consulting (BKC). Un plan qui prévoit la suppression de 380 emplois sur les 1 000 que compte encore Heuliez, et surtout un apport d’argent frais de 16 millions d’euros. A ce moment, l’entreprise de Cerizay dispose alors virtuellement de près de 31 millions pour redresser la barre, presque suffisamment pour lancer son projet de véhicule électrique. Sauf que BKC ne tiendra pas parole, et ne débloquera jamais la somme promise. Le fonds d’investissement jette l’éponge sous la pression de Christian Estrosi, alors ministre de l’Industrie.

En juin 2010, le tribunal tranche finalement en faveur du groupe français Baelen Gaillard Industrie (BGI), couplé aux groupes allemands ConEnergy et Kohl. BGI reprend l’activité d’emboutissage, tandis que ConEnergy associé à Kohl (et soutenu par le conseil régional de Poitou-Charentes) reprennent la partie véhicules électriques, sous le nom de Mia Electric, qui n’est d’ailleurs pas concernée par cette procédure.

Aujourd’hui, un peu moins de deux ans après cette reprise par BGI, l’équipementier automobile, qui compte désormais environ 300 personnes, a de nouveau été placé en redressement judiciaire, et dispose de six mois pour surmonter ses difficultés. Un délai qui servira également à l’administrateur pour trouver un éventuel repreneur, alors qu’Heuliez, est en lice pour gagner un important contrat avec Volkswagen. En espérant que ces démêlés ne viennent obscurcir l’image d’Heuliez auprès du constructeur allemand, attendu comme un sauveur à Cerizay…

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