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Industrie

François Fillon : Réponse à la crise

Publié le 30 avril 2010

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Journal de l'Automobile. En guise de préambule, pouvez-vous nous dire ce que vous inspire cette élection, sachant que la mise à l'honneur d'un homme politique constitue une première dans l'histoire du prix qui récompense traditionnellement...
Journal de l'Automobile. En guise de préambule, pouvez-vous nous dire ce que vous inspire cette élection, sachant que la mise à l'honneur d'un homme politique constitue une première dans l'histoire du prix qui récompense traditionnellement...
...des capitaines d'industrie ?
François Fillon. C'est une première, et c'est donc un honneur que vous me faites. Notamment parce que mon nom va s'inscrire dans une liste de personnalités qui sont entrées dans la légende de l'automobile et que j'admire. Je suis sensible à cette distinction qui récompense la politique gouvernementale menée en faveur de l'industrie automobile. A titre personnel, vous connaissez ma passion du sport automobile. Merci à vous, donc, d'avoir ainsi réuni ma mission et ma passion !

JA. Sous l'effet de la crise, la fin de l'année 2008 et l'exercice 2009 ont été caractérisés par un retour du fait politique dans l'industrie en général et dans l'industrie automobile en particulier : quel diagnostic, notamment du facteur risque pour les principaux grands groupes, a incité le gouvernement à intervenir ?
FF. A partir de l'été 2008, sous l'effet de la crise financière, l'automobile a dû faire face à une crise mondiale, n'épargnant aucune des grandes zones de marché. Le marché européen, qui absorbe les deux tiers des ventes de nos constructeurs, s'est effondré, avec au dernier trimestre des ventes en recul de plus de 20 % et des prévisions pour 2009 très alarmistes. L'ensemble de la filière automobile, des constructeurs aux distributeurs, se trouvait dans une situation d'asphyxie, avec un stock très important et une production en chute libre, dans un contexte de crise financière qui ne permettait pas l'accès au financement. Compte tenu de l'importance que représente cette filière, notamment en termes d'emplois, nous avons réagi très vite, comme pour les banques. Dès le 4 décembre 2008, le Gouvernement, le premier en Europe, a instauré une prime à la casse de 1 000 euros, bientôt suivi par nombre d'Etats européens. Ces dispositifs ont permis d'amortir les effets de la crise et de limiter à 1,6 % la chute du marché européen en 2009, bien en deçà des - 25 % annoncés fin 2008. L'action du gouvernement s'est également traduite dans le Pacte automobile. Ce pacte a non seulement mobilisé des fonds important, notamment des prêts à hauteur de 6,250 milliards d'euros pour les constructeurs, mais aussi engagé une véritable refondation de la filière.

JA. Prenons l'exemple précis de la prime à la casse. Parmi les différentes solutions de soutien qui pouvaient se concevoir, quelles sont les raisons qui ont conduit à opter pour ce dispositif ?
FF. Face à la crise, marquée par une chute brutale de la demande, et en raison de l'urgence qu'elle imposait, la prime à la casse nous est apparue comme la mesure la plus simple et pouvant avoir l'efficacité maximale dans un délai très court. C'est une mesure qui, vous le savez, a de nombreuses vertus. En s'appliquant à l'achat de voitures neuves rejetant moins de 160 g CO2/km lorsqu'elles s'accompagnent de la reprise d'une voiture de plus de dix ans, elle permet un soutien à la vente de véhicules neufs et a pour effet de retirer de la circulation des véhicules usagés et de les remplacer par des véhicules moins polluants et plus faiblement consommateurs de carburants. Bref, nous avons fait un choix pour notre industrie, pour nos emplois et pour l'environnement. Nos partenaires européens, même s'ils l'ont fait plus tardivement, ont réagi en optant pour des dispositifs équivalents.

JA. En filigrane de la mise en place du FSI et du FMEA, structures presque unanimement saluées, on trouve notamment la problématique d'une faiblesse française sur le tissu des ETI : comment y remédier ?
FF. Les entreprises de taille intermédiaire, les ETI,occupent effectivement une place importante dans notre économie, et sont en particulier très dynamiques à l'export. Or il y a en France deux fois moins d'ETI qu'en Allemagne ou qu'en Grande-Bretagne. Depuis deux ans, nous avons reconnu dans la loi cette notion d'ETI et nous avons pris toute une série de mesures en faveur de leur développement, que ce soit en matière de soutien à l'innovation, d'accès aux financement ou de soutien à l'export. Sur l'innovation, par exemple, nous avons simplifié le paysage administratif en fusionnant l'ex-agence de l'innovation industrielle et OSEO. A cette occasion, nous avons recentré vers les ETI les aides qui étaient auparavant attribuées à de grandes entreprises. Afin d'aller plus loin, Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée, m'a remis en février dernier un rapport sur le développement des ETI, dont plusieurs propositions sont en cours de mise en œuvre, comme par exemple la création d'un médiateur de la sous-traitance.

JA. Par rapport aux efforts que vous avez déployés et à l'action du FSI, quel regard portez-vous sur l'enlisement -sans nul doute sur-médiatisé certes- du dossier Heuliez ?
FF. Heuliez est une belle entreprise, malheureusement dans une situation très difficile.
Le Gouvernement s'est fortement mobilisé sur ce dossier. Le principal enjeu, c'est de trouver rapidement un nouveau repreneur, capable d'apporter les fonds nécessaires et de présenter une vraie stratégie industrielle pour Heuliez, qui pérennise l'activité en France.
Si nous voulons réussir dans ce dossier - il en va de l'avenir de 600 emplois - il faut que tout le monde ait une attitude responsable.

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