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Industrie

Focus sur les caméras

Publié le 23 septembre 2015

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Il fallait attendre la maturité. Si elles ne font pas encore légion, les caméras embarquées commencent à se faire une place dans le paysage. A l’IFA de Berlin, le rendez-vous de rentrée des fabricants de produits électroniques grand public, elles ont animé la rubrique des nouveautés. L’occasion de faire le point.
Il fallait attendre la maturité. Si elles ne font pas encore légion, les caméras embarquées commencent à se faire une place dans le paysage. A l’IFA de Berlin, le rendez-vous de rentrée des fabricants de produits électroniques grand public, elles ont animé la rubrique des nouveautés. L’occasion de faire le point.

Les principaux fournisseurs n’ont pas manqué le coche. Garmin et Road Eyes en tête. Les deux concurrents directs, leaders autoproclamés mais finalement incontestés, ont dévoilé leur nouvelle gamme de produits (voir encadré) à l’IFA de Berlin. Résolument, un saut technologique a été fait et, après un round d’observation d’environ trois exercices, les compétiteurs prennent le parti d’accélérer les investissements. Les caméras ne sont plus de simples capteurs scotchés au pare-brise, on parle désormais d’objets connectés à valeur ajoutée.

Comme les PND il y a une quinzaine d’années, les catalogues des distributeurs mixent produits de marques mondiales et produits exotiques. Les prix vont donc du simple au double. Et comme pour les PND, il est temps de structurer le marché. Au Secimavi, la fédération française des fabricants de produits, on leur fait un appel du pied. “Nous essayons de les intégrer. Pour le moment, nous les sentons encore dans une configuration de start-up”, confiait une porte-parole, avant de s’envoler vers Berlin et aller à leur rencontre.

Saut technologique

Contacté par nos soins, GfK s’est dit dans l’incapacité de nous fournir des chiffres récents fiables. Le cabinet collecte actuellement les données des autres marchés européens, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour dégager des tendances d’ici quelques semaines. “Le marché connaît une vraie croissance, s’engage toutefois à dire un porte-parole de fabricants. Il est tiré par la France et l’Angleterre, tandis que l’Allemagne est un peu en retrait.” En 2013, il s’est vendu 31 000 caméras, au cumul de ces trois pays. L’année suivante, le chiffre avait triplé pour atteindre 91 000 unités. Sur le début de l’exercice 2015, les ventes ont rapidement atteint 32 000 unités, laissant présager un nouveau record. Et nous ne parlons ici que des sorties de caisses comptabilisées dans le périmètre étudié par GfK. En ajoutant le canal Internet, le déploiement des enregistreurs vidéo est en réalité plus massif. Un des leaders dit réaliser près de 40 % de volumes en passant par le Web (pure-player et click-and-mortar).

La technologie soutient la demande, tout comme l’usage en propre. A l’instar du Coyote S, qui avait fait sensation l’an passé au Mondial de l’Automobile, les usagers apprécient les fonctionnalités d’aides à la conduite. La réalité augmentée et la détection de danger (franchissement de ligne ou collisions) font figure d’options recherchées par les consommateurs. Garmin, qui vient de dévoiler les Dashcam 30 et Dashcam 35 en lieu et place de la Dashcam 20, mise également depuis le printemps dernier sur un concept hybride. Il associe en effet la caméra au classique PND. “En associant les deux, nous trouvons beaucoup de valeur aux yeux de l’acheteur”, se félicite-t-on chez l’Américain. A titre d’exemple, à l’approche de sa destination, l’écran bascule en mode réalité augmentée pour guider le conducteur avec précision sur le dernier kilomètre. Une innovation qui fait sens au quotidien. “Les caméras vont prendre une place importante. Elles vont changer la façon de communiquer des informations”, estime Philippe Berne, responsable du marketing produit de Garmin France.

Les assureurs en observation

Longtemps, il a été dit que la caméra révolutionnerait le monde de l’assurance en France. Au même titre que les boîtiers télématiques auraient pu contribuer à la tarification individualisée. Ce qui est pourtant établi par la législation en Russie et vivement encouragé en Grande-Bretagne peine à prendre forme sur notre territoire. A la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurance), les dispositifs d’enregistrement d’images ne font pas encore débat. Tout juste quelques réflexions. “La question de l’établissement des responsabilités lors d’un accident de la circulation n’est pas un problème majeur pour la profession en France. Entre le PV de gendarmerie, le constat amiable, les témoins et l’expertise, il y a de nombreux recoupements qui permettent de le faire. Certes, il peut y avoir ici ou là quelques litiges, mais ils sont marginaux, a fait savoir une porte-parole de la fédération. Les assureurs ne ressentent donc pas un besoin particulier de caméras embarquées pour établir les responsabilités.

En revanche, la FFSA accorde du crédit à ces produits dans une optique de prévention. “Le fait de savoir qu’il y a une caméra embarquée responsabilisera davantage le conducteur”, continue la porte-parole. Ce qui est particulièrement vrai dans le cas des véhicules de flottes professionnelles ou les locations, soit quand le conducteur se sent “déresponsabilisé” par l’absence de propriété.

Chez Amaguiz, la direction y a cru. Depuis le mois de janvier, la filiale de Groupama communique auprès de ses clients sur la recevabilité des vidéos dans le cadre d’un constat litigieux. Si les annonces ont été faites en collaboration avec Coyote, l’assureur ne fixe en réalité pas de condition. Tous les enregistrements de caméras embarquées sont valables. “Le digital et les nouvelles technologies révolutionnent les métiers. En tant que compagnie d’assurance, nous devons nous positionner de sorte à répondre aux attentes des clients. Les caméras font partie des solutions à explorer”, resitue Julien Hue, responsable des projets digitaux d’Amaguiz. Une des évolutions logiques des assureurs serait de se placer encore en amont, dans la prévention, comme le suggèrent Patrice Jeunet, directeur flottes automobiles & transport chez April Entreprise, et David Raffin, directeur marketing et développement chez Actua. Réunis lors d’une table ronde animée par le Journal de l’Automobile en juin dernier, ils s’accordaient à dire que les caméras devenaient incontournables, durant les sessions de formation à la conduite responsable, d’abord, et au quotidien pour s’assurer d’un maintien du niveau acquis, ensuite. Une voie qu’on n’exclut pas chez Amaguiz, le “laboratoire” de Groupama, mais qu’on se donne le temps d’observer. “Nous sommes en phase d’apprentissage, rappelle Julien Hue. A nous de définir quel type de données doit être analysé et de mesurer à quel point de tels dispositifs influencent positivement la conduite de nos clients.

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FOCUS - Garmin dédouble

Exit la seule Dash Cam 20. Garmin fait place aux Dash Cam 30 et Dash Cam 35. Des produits que l’Américain a voulus plus qualitatifs, tant dans l’aspect visuel que dans le contenu. D’une génération à l’autre, l’écran LCD passe de 2,3 à 3” sur la Dash Cam 35. Ainsi, font leur entrée les fonctionnalités d’alerte de collision frontale et de zone de danger, ainsi qu’un GPS intégré (au choix). Attendue pour la fin de l’année, la Dash Cam 35 devrait être vendue 199 euros. Moins riche en fonctionnalités (pour ne pas dire dépouillée) et dotée d’un écran de 1,3”, la Dash Cam 30 sera commercialisée à 169 euros. Dans la gamme, demeure également la Nüvi Cam, soit l’hybridation entre PND et caméra, au prix de 389 euros.
 

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