Equip Auto communique
Aujourd'hui, organiser un salon implique aussi d'apporter du contenu, notamment sur les grandes familles de produits qui intéressent aussi bien les exposants que les visiteurs. C'est en tous cas, l'esprit que veut donner Equip Auto en s'intéressant au produit pneumatique. Pôle généralement bien représenté à Villepinte avec les professionnels de la distribution, les principaux importateurs, sans oublier les fabricants d’équipements d’atelier. En outre, côté fréquentation, et ceci en se référant à l’édition 2009 du salon, 20 % des visiteurs se disaient intéressés par le pneumatique…
Toujours est-il qu'Equip Auto vient de convier la presse à une table ronde sur le thème : "Le Pneumatique, un marché qui ne tourne pas rond" regroupant différents acteurs de l’industrie et de la distribution du pneumatique, tels Continental, le SNCP (Syndicat National du Caoutchouc et des Polymères), la FIEV, le Syndicat des Professionnels du Pneu, Euromaster, Imagine Car ou encore Point S. Qu’en est-il ressorti ? La réunion a permis de (re)faire un point sur diverses préoccupations de la profession avec, en tête de celles-ci, l’augmentation du coût des matières premières et sa répercussion sur le prix de vente/produit.
Offre insuffisante par rapport à la demande
Morceaux choisis. "Après une accalmie fin 2008, les cours du caoutchouc naturel sont repartis à la hausse dès janvier 2009 et nous avons constaté un trend haussier durant 25 mois, jusqu’à février dernier, rappelait Bruno Muret, le directeur Economie et Communication du SNCP. En s’attachant à une moyenne, le prix du caoutchouc a été multiplié par deux entre 2009 et 2010". En valeur brute, la donne a de quoi interpeller. Ainsi, tandis qu’elle se situait à moins d’un euro le kg (89 cts d’euro exactement) durant des années et notamment en décembre 2008, la cotation officielle faisait par la suite état d’un cours proche de 4,60 €/kg (ou 6,5 dollars/kg). Et Bruno Muret d’évoquer un écart de… 370 % ! "Une situation issue globalement d’une offre insuffisante par rapport à la demande", soulignait-il.
Evidemment, certains facteurs jouent un rôle et dans ce registre figurent les intempéries en Asie, la crise politique thaïlandaise (production en chute de 33 % sur le 4e trimestre 2010 pour le 1er producteur mondial) mais aussi la demande accrue de la Chine (avec près de 19 millions d’immatriculations en 2010 !), de l’Inde et du Brésil. "Le caoutchouc naturel pèse entre 15 et 20 % de la conception d’un pneu VL, rappelait Sylvain Borre, le directeur marketing de Continental. D’ailleurs, un pneu hiver en contient davantage qu’un pneu été, le rapport pouvant être de 1 à 3".
Alignement des réseaux de distribution
Conséquence directe, depuis le deuxième semestre 2010, les manufacturiers ont augmenté leurs tarifs à raison de plusieurs vagues haussières. Pour Eric Fouchier, le directeur général d’Imagine Car, la palme revient aux petits manufacturiers coréens. "Sur les 12 derniers mois, ils ont passé une hausse de 30 %", note-t-il. Et celui-ci d’évoquer une hausse moyenne de 5 % sur les produits Premium, de 7 à 8 % sur les produits "Quality" et jusqu’à 20 % sur les produits "Budget", soit les produits de 3e et 4e ligne. "Une hausse que nous répercutons depuis le 1er mai, même si souscrire à la démarche n’est pas si simple", indiquait-il.
De prix, il en était également question avec la dernière problématique évoquée lors de cette table ronde, à savoir la vente de pneus en ligne. Un marché qui pèse entre 5 et 7 % du volume global, via quelque 2,5 millions d’enveloppes (VL, 4x4 et camionnette) commercialisées. "Aujourd’hui, la vente en ligne se positionne quasiment comme un 4e créneau de distribution", notait fort justement Maurice Garnier, le représentant des Professionnels du Pneu. Chez Euromaster, on estime qu’à terme, ce marché pèsera 10 à 15 % du marché global. "La montée en puissance de ce type de vente a engendré une baisse des prix sur le marché, indiquait Pierre Coquard, le directeur des ventes adjoint de la société. Ainsi les centres-autos, notamment, se sont alignés, d’autant que le pneu est l’un de leur produit d’appel".
Globalement, les principaux réseaux en ont fait de même, proposant même des prix plus intéressants sur certaines références. Mais, au-delà du critère prix, chez Point S, on fait preuve d’une certaine réserve. "Après une progression importante, la vente en ligne connaît un déclin aux Etats-Unis, faisait remarquer Pascal Gradassi, le directeur commercial de Point S. La conséquence, entre autres, d’un service peu à la hauteur pratiqué par certains". Un constat, selon lui, également valable pour ce qui est de notre cher continent. A suivre, donc.