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Industrie

"Donner aux garages les moyens de rester compétents et compétitifs"

Publié le 27 octobre 2014

Par La Rédaction
6 min de lecture
Responsable, telle pourrait-on définir l'attitude de Thierry Leblanc, patron de la rechange de Bosch pour la France et le Benelux (entre autres), face à son marché. Accompagner techniquement le distributeur et le réparateur indépendant, lui créer des opportunités supplémentaires de business pour qu'il puisse rester dans le jeu, semblent être le leitmotiv de Thierry Leblanc, une mission que ne remplira certainement pas Internet…
Thierry Leblanc, directeur général Rechange France et Benelux de Bosch.

JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Comment le groupe Bosch répond–il aux besoins du garagiste ?

THIERRY LEBLANC. Donner au garage, notamment multimarque, la possibilité de continuer à réparer des véhicules de plus en plus sophistiqués reste un challenge quotidien pour nous, et ce, depuis plus de dix ans. Parce que les constructeurs, poussés à la fois par la législation, par l'attente des consommateurs, et à la fois par un contexte global qui veut que la voiture soit plus propre, plus sécuritaire et plus connectée, doivent faire évoluer l'ensemble du véhicule dans un contexte plus "électronisé". Et c'est à nous qu'il incombe à la fois de concevoir les systèmes et de les rendre accessibles aux réparateurs.

Par ailleurs, demain, de plus en plus capteurs devront être installés sur tout le véhicule, afin de permettre, entre autres, la communication "car to car", gérer l'e-call… Face à un véhicule toujours plus complexe les garages doivent se montrer capables d'intervenir rapidement, sans se tromper. La nécessité pour les garages de s'équiper, de se former, s’avère encore plus cruciale et va continuer d'augmenter. Comment leur répondre ? Je vais donner un exemple concret : avec l'arrivée d'Euro V et VI, nous avons développé le système de dépollution Denoxtronic (un composant essentiel des systèmes de réduction catalytique sélective (SCR) modernes), qui est aussi utilisé en PL, et permet de réduire les émissions d'oxydes d'azote de plus de 90%. C'est à la fois quelque chose de très sophistiqué mais aussi une nouvelle opportunité pour les garagistes et les spécialistes qui veulent s'en occuper. Voilà pourquoi nous lançons un module de formation Denox, grâce auquel les garagistes et spécialistes Diesel vont être capables de réparer et de mettre à niveau les filtres Denox.

Nous trouverons également des solutions de remanufacturing dans nos usines ou en local, comme on l'a fait pour le Diesel, afin que les garages proposent une solution appropriée et moins chère à leurs clients. Le Denox est le pendant naturel de ce que font les BDC dans le Diesel. Nous ne devons pas dire aux garagistes, avec défaitisme, qu’ils vont disparaître, mais plutôt leur apporter les solutions pour qu’ils continuent leur activité et saisissent toutes les nouvelles opportunités de business qui se créent. Il ne faut pas qu'ils laissent les constructeurs accaparer ces nouvelles prestations.

JA. Les réseaux constructeurs appellent de nouveaux marchés qui pourraient servir de leviers aux deux rechanges, qu’en pensez-vous ?

TL. La position de Bosch nous impose d'offrir à l'ensemble du marché de la rechange, quels qu'en soient les acteurs, d'intervenir de manière qualitative et sécurisée sur tous les véhicules. Si les automobilistes préfèrent aller chez le constructeur, soit, mais s'ils préfèrent aller chez les indépendants, il ne faut pas qu'il y ait de barrière psychologique ou technique les empêchant de le faire. Il faut former les professionnels, mais laisser le choix au consommateur d'aller là où il veut. Aux professionnels, ensuite, de se distinguer par les services, les offres, le sans rendez-vous, etc. Notre rôle consiste à fournir à l'ensemble de la rechange des outils, des pièces, des formations, des services qui vont permettre à tous les acteurs de se positionner, et au consommateur d'être pris en charge de manière optimale. La voiture devenant de plus en plus sophistiquée, il est clair que nos investissements pour répondre de manière multimarque, deviennent de plus en plus importants et complexes. L'une des forces du groupe consiste ainsi à transcrire le plus simplement possible les technologies les plus complexes, pour un garage indépendant, par essence, multimarque. Chaque constructeur ayant une logique différente, à nous de créer des outils qui permettent de traduire toutes ces logiques dans un langage commun.

JA. Compte tenu de la complexité des systèmes, ne faudra-t-il pas développer le réseau Bosch Car Service ou imposer à certains professionnels sans enseigne de "sauter le pas" afin d'assurer un maillage opérationnel de spécialistes ?

TL. Notre stratégie premium définie par le réseau Bosch Car Service consiste, dans le panorama des réseaux européens de garages, à drainer aux alentours de 15 à 20% du marché des garages multimarques. Nous avons, par ailleurs, développé deux autres réseaux, Autocrew (ailleurs qu'en France), moins exigeant en termes de formation, mais qui amène les garages indépendants dans la démarche de réseau et, dans les pays émergents, une version d'entrée de gamme baptisée Entry, Car, n’hésitons pas à le dire, c'est par le réseau (le nôtre ou d'autres) qu'un garage indépendant pourra survivre, parce qu’un garagiste purement indépendant ne pourra pas, seul, être celui qui répare, qui vend, qui travaille les flottes, qui communique, qui se forme, qui fait le commercial… Sans s'appuyer sur un réseau, il n’y arrivera pas. Nous sommes capables par ailleurs, de fournir à des partenaires, des modules qui vont aider à faire monter en compétence leurs réseaux, sans être pour autant estampillés Bosch. Notre objectif consiste à ce que l'ensemble des garages monte en compétences, sinon ils s'exposent à de grandes difficultés.

JA. Est-ce que cela signifie prendre des accords avec les groupes de distribution de pièces ?

TL. C'est déjà fait, nous fournissons des modules de formation à Autodistribution, Groupauto, Précisium, Euromaster, Feu Vert… nous participons à leurs conventions, dans lesquelles nous faisons passer des messages d'incitation. Ce que nous essayons de faire, c'est de multiplier des solutions de formation en e-learning. Nous travaillons sur cet aspect-là avec un double intérêt : d’un côté, la personne peut le faire quand elle le veut, et nous touchons plus de réparateurs, et, de l'autre côté, cela permet à un réseau, quel qu'il soit, de valider le niveau de compétences de ses collaborateurs de manière simple. Enfin, pour nous, au vu de l'audit complet, la possibilité de proposer une formation plus adaptée aux besoins, aux niveaux de compétences. L'idée, c'est d'évaluer un niveau d'expertise d'un réseau et de le sécuriser, car un réseau est toujours disparate et il faut identifier ces disparités pour pouvoir homogénéiser le réseau.

C'est aussi pourquoi, je me bats contre Internet, car vendre une pièce sans savoir qui va la monter, et comment, je continue à dire que c'est criminel, car on ne vend pas des DVD, mais des organes de sécurité. Si un site vend des essuie-glaces ou des ampoules, cela ne me pose pas de problème, mais de plus en plus, nous risquons de voir monter n'importe comment des pièces avec de l'électronique, des capteurs… c'est dangereux.

JA. Est-ce que le maillage des BCS est suffisant pour répondre aux exigences des flottes ?

TL. En Europe, nous comptons quelque 8000 à 9000 Bosch Car Service, cela commence à être important ! En France, il nous reste quelques points à développer. Et nous offrons les services de qualité, nécessaires et attendus aujourd'hui. En France, il y a 470 points de vente, c'est dans la moyenne des réseaux accueillant des flottes ! Au plan mondial, Bosch anime quelque 16500 ateliers.
 

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