Denso : "Notre volonté est d'instaurer une croissance durable en étroite collaboration avec nos clients"
JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Comment se porte Denso aujourd'hui, en Europe et dans le monde ?
YASUSHI YAMANAKA. Regardons d'abord du côté de l'Europe, pour lequel je suis le président depuis le 1er juillet dernier. Ces deux derniers mois, j'ai beaucoup voyagé, et visité la plupart de nos usines et sièges régionaux à travers l'Europe. J'ai pu constater de belles opportunités, et des actions convaincantes, en Europe de l'Est, en Turquie ou au Royaume-Uni. Egalement, notre récent site de production au Maroc, dédié à Renault et Dacia, est une très bonne illustration de nos activités croissantes.
Cependant, je vois aussi de nombreux challenges en Europe du Sud. Là, nous devons nous concentrer sur une efficacité à court terme, et nous devons sécuriser de nouvelles opportunités commerciales pour nos sites de production. Je reste optimiste quant à cet objectif, si nous offrons à nos clients, dont les constructeurs français, des technologies uniques en termes d'efficacité énergétique, d'émissions de CO2 et de sécurité active.
A l'échelle mondiale, nous sommes parmi les équipementiers les plus importants. Dès le premier trimestre 2013, nous révisions nos prévisions semestrielles annuelles. Nos ventes sont à un niveau élevé sur notre marché domestique, le Japon, ainsi qu'aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Asie et en Océanie. Aussi, grâce au produit réalisé sur l'échange de devises, couplé à nos efforts de réduction des coûts, nous espérons des ventes et un résultat d'exploitation en hausse à la fin de l'année fiscale, au 31 mars 2014.
JA. Quelle est l'implantation actuelle du groupe ?
YY. Nous sommes organisés de manière à être toujours près de nos clients. Donc, nous ne nous donnons pas d'objectifs liés à tel ou tel marché, notre volonté est plutôt d'instaurer une croissance durable en étroite collaboration avec nos clients. J'utiliserai comme exemple, une fois encore, notre site marocain : à 30 kilomètres seulement de l'usine Dacia, nous produisons des systèmes de chauffage, de climatisation ou de ventilation pour les modèles de la marque.
A long terme, nous nous attendons à une croissance sur les marchés automobiles chinois, indien, sud-américain et de l'Asean. Nous allons continuer à améliorer notre développement et nos installations dans toutes ces régions. Nous renforçons également nos sites sur les marchés à forte croissance que sont l'Amérique du Nord, le Mexique, l'Indonésie et la Thaïlande.
Concernant les pays émergents, nous avons développé des produits low cost. Avec, par exemple, nos nouveaux refroidisseurs, radiateurs, condensateurs et évaporateurs pour l'Inde. Ils utilisent des matériaux ordinaires, venus de la région, et sont réalisés sur une unique ligne de production, permettant de réduire les coûts de manière significative, tout en maintenant notre qualité Denso. Nous avons aussi mis en œuvre un projet de développement low cost en Chine, et des produits de chauffage, ventilation et climatisation, ou des bobines d'allumage, sont déjà en production.
JA. Quelle est la tendance pour Denso aujourd'hui : achat, extension, ou renforcement des positions présentes ?
YY. Dans nos objectifs à long terme, à horizon 2020, notre vision a pour but de développer notre activité en protégeant l'environnement et en améliorant la sécurité, de manière conjointe. Concernant l'environnement, nous allons développer des produits autorisant une meilleure efficacité énergétique et des émissions plus faibles, autant qu'une faible empreinte environnementale. Cela passe par la réduction, la création et le stockage d'énergie. Du côté de la sécurité, nous partons sur des produits qui permettent de réduire la mortalité et créent une société plus sûre. Nous allons aussi nous développer sur le marché de la rechange et dans de nouveaux secteurs afin d'aider à résoudre les problèmes liés aux véhicules, de manière générale.
Pour atteindre cet objectif, nous devons définir des zones compétitives, et renforcer nos coopérations avec les constructeurs, gouvernements, universités ou entreprises dans différentes industries. Plus récemment, nous avons annoncé l'acquisition de 50% des parts de la société Adasens, spécialisée dans la technologie de reconnaissance d'image, afin d'accélérer le développement de nos technologies de sécurité active.
JA. Quelle est votre approche en termes de R&D ?
YY. Sur la dernière année fiscale, à fin mars 2013, nous avions investi 9,4% de notre CA en R&D. Nous prévoyons d'allouer principalement ces ressources aux marchés en croissance. Nous allons investir pour améliorer nos capacités, et construire ou agrandir nos centres techniques, particulièrement dans les pays émergents. Mais aussi en Allemagne, afin de développer de nouveaux produits pour l'environnement, la sécurité et la communication, et rationnaliser nos opérations.
Par exemple, l'année prochaine, nous allons investir 21 millions d'euros dans nos deux centres d'ingénierie en Allemagne, à Wegberg, près d'Aachen, et Eching, près de Munich. Avec ces agrandissements, nous souhaitons améliorer notre service clients, en fabriquant davantage de produits en local et en offrant davantage de sur-mesure, selon les marchés. Nous nous développerons, aussi, dans d'autres régions, en promouvant nos futurs travaux sur les technologies avancées en Europe. Cet investissement suit de près l'expansion, en 2010, du seul site d'Aachen, pour un montant de 19 millions d'euros.