"Ceux qui se sont vraiment enrichis avec la ruée vers l'or sont ceux qui ont vendu les pelles"
"La Silicon Valley, nouvelle frontière de l’Automobile ?
Le monde Automobile s’est pris de passion pour la Silicon Valley (SFBA, San Francisco Bay Aera, pour les intimes). Nulle part ailleurs, on ne trouve une telle concentration de centres de recherche ou de design automobiles. Constructeurs et Equipementiers, tous – ou presque – y sont présents. La fascination pour cet endroit un peu magique ne date pas d’hier, comme le rappelait Jean-Guy Quéromes dans l’édito de mai.
Ce qui est nouveau, c’est que la passion devient réciproque : SFBA vibre au rythme de la mobilité connectée. Good vibrations ! Et il ne s’agit pas seulement de Tesla. Tous les géants de l’électronique "consumer" affichent leurs ambitions ou tentent de camoufler leurs projets "secrets". Les milliers (je n’exagère pas) de start-up fourmillent d’idées tous azimuts, nouvelles technologies, nouveaux usages, nouveaux business models.
Tout cela va très vite et, la globalisation aidant, certaines idées se retrouvent chez nous et arrivent à bloquer les rues de Paris. Je veux parler de la réaction des taxis bien sûr.
Alors peut-on dire que SFBA marque la nouvelle frontière de l’Automobile ?
A la réflexion, je n’en suis pas si sûr.
Au contraire, les frontières disparaissent. Les frontières traditionnelles entre véhicules particuliers et transports collectifs, entre transports de personnes et de marchandises, entre véhicules professionnels et privés, deviennent floues avec les nouveaux usages "communautaires" et les nouveaux services en tous genres. On passe en un clic d’une catégorie à l’autre. En mettant régulièrement à jour les logiciels embarqués, Tesla remet en cause les notions de "Première monte" et d’Aftermarket. La connectivité et le Big data relient en permanence les véhicules et leurs occupants au reste du monde. Sans polémique, la frontière de la vie privée paraît aussi de plus en plus ténue.
En fait, SFBA remet en cause les frontières de nos habitudes et permet à chacun, où qu’il soit, d’innover en cassant les codes, et ouvre une période bénie pour les ingénieurs de l’Automobile et les entrepreneurs.
Qui aurait dit, au début des années 2000, que les téléphones mobiles, devenus smartphones, serviraient encore à téléphoner en 2015 ? Et pourtant, la voix est maintenant au même plan que les innombrables autres usages. MP3, Selfy, e-mails, SMS, navigation, billets d’avion ou de train…, je n’irai pas plus loin, car la liste même des applications en dit long sur les habitudes de l’utilisateur.
On peut parier que l’Automobile de 2030 servira encore à se déplacer ! Avec ou sans conducteur, avec ou sans pétrole, avec ou sans Internet…
Mais c’est une autre histoire et c’est à nous de l’écrire. Peut-être en se rappelant que ceux qui se sont vraiment enrichis lors de la ruée vers l’or sont ceux qui ont vendu les pelles."
Par Guillaume Devauchelle, vice-président Innovation et Développement scientifique de Valeo et vice-président de la SIA
Source : Newsletter SIA n°81 (Société des Ingénieurs de l'Automobile)
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