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Industrie

Autopartage : vers un big bang dans l'industrie auto ?

Publié le 18 janvier 2016

Par Armindo Dias
4 min de lecture
Le développement des solutions d'autopartage et de covoiturage pourrait entraîner une chute importante du parc automobile français et la suppression de milliers d'emplois dans le secteur, révèle une étude publiée par le Pôle interministériel de prospective et d'anticipation des mutations économiques (Pipame).

Les nouvelles formes de mobilité ont plutôt le vent en poupe ces dernières années. Elles risquent toutefois de déstabiliser toute la filière automobile française, révèle une étude réalisée par la société Tech2Market et le Groupe d'étude et de recherche permanent sur l'industrie et les salariés de l'automobile (Gerpisa). Cette étude a été effectuée pour le compte du Pôle interministériel de prospective et d'anticipation des mutations économiques (Pipame).

Il en ressort que le développement de l'autopartage et du covoiturage a de fortes chances, non seulement d'entraîner une diminution importante du parc automobile français, mais aussi d'être synonyme de pertes d'emplois et de baisse de chiffre d'affaires significative pour l'ensemble du secteur, et ce, quel que soit le scénario envisagé (nouvelles mobilités portées surtout par le couple pouvoirs publics/transports publics, nouvelles mobilités portées de façon plus homogène par l'ensemble des acteurs et, enfin, nouvelles mobilités portées pour l'essentiel par les nouveaux entrants et leurs plates-formes de mises en relation).

Selon les scenarii envisagés, la diminution du parc automobile pourra aller de 4,2 (scénario3) à 10,1 millions de véhicules (scénario2). Les pertes d'emplois dans le secteur pourront aller quant à elles de 19918 postes (scénario3) à 62986 postes (scénario2), le manque à gagner dans le secteur pouvant osciller, lui, dans une fourchette allant de 11,155 millions d'euros (scénario3) à 62,986 millions d'euros (scénario2).

"Nos simulations tendent à montrer que le scénario2 est celui qui correspondrait au meilleur compromis entre les bénéfices écologiques induits par les nouveaux services et usages de l’automobile, et leur impact sur les business et l’emploi de la filière automobile, conclut l'étude. En termes de réduction des émissions de CO2 et de coûts de mobilité pour les ménages, il est presque équivalent au scénario1. Cependant, à l’inverse de ce dernier, il est infiniment plus aisé à implémenter car il correspond à un possible développement du business des professionnels de l’automobile". En outre, il passe par la constitution de flottes partagées financées par les particuliers et non par la collectivité, ce qui évite tout investissement public important. L'étude formule par ailleurs huit recommandations (voir ci-dessous).

Les recommandations :

1/ Inciter les collectivités territoriales à investir dans des expérimentations territorialisées de mobilité

- Inciter à la mise en place d’expérimentations variées et adaptées aux territoires

- Améliorer la connaissance des usagers des nouveaux services

- Favoriser les échanges entre les différents acteurs de la mobilité et des territoires

- Permettre aux nouveaux usages automobiles de se diversifier et de changer d’échelle

2/ Favoriser l’émergence d’une offre de véhicules en partage chez les distributeurs et les acteurs de l’après-vente automobile

- Favoriser la mise en partage des véhicules oisifs des professionnels de l’automobile

- Favoriser le développement de services locaux d’autopartage, notamment en zone peu dense

- Faire dialoguer la filière automobile et les nouveaux acteurs de la mobilité

- Crédibiliser l’autopartage par la massification de l’offre

3/ Créer un standard technique à l’ouverture/fermeture à distance des véhicules

- Harmoniser les technologies existantes

- Fluidifier et sécuriser les interfaces entre les particuliers

- Favoriser le développement de l’autopartage entre particuliers

- Permettre la collecte de données clients informant les différentes parties prenantes des usages automobiles des particuliers

- Fiabiliser l’offre par le suivi systématique des véhicules

4/ Développer l’interopérabilité entre les différents modes de déplacement via des systèmes d’information partagée

- Développer et faciliter l’interopérabilité entre les différents modes de déplacement afin d’améliorer l’expérience des utilisateurs

- Améliorer l’expérience des usagers et permettre aux services de mobilité partagée de s’intégrer dans une "chaîne" unifiée

5/ Standardiser l’ouverture et la gestion des données de transport

- Contrôler, gérer et sécuriser les échanges et l’utilisation des données de transport

- Faciliter l’interopérabilité des services grâce aux échanges de données

- Garantir un niveau de qualité et de fiabilités des données

6/ Mettre en partage une partie du parc automobile de l’Etat et des collectivités

- Diffuser plus largement l’autopartage sans financement de flotte supplémentaire

- Réduire le coût des flottes publiques

- Exemplarité de la puissance publique

7/ Accompagner la mise en place d’un service de mobilité en zones périurbaines et rurales

- Fournir les outils adéquats aux collectivités pour qu’elles puissent se positionner sur des services de mobilité innovants et soutenir les initiatives de développement pour les zones stratégiques (périurbaines et rurales)

8/ Ouvrir un débat national et territorial sur les politiques applicables aux nouveaux services de mobilité

- Attirer l’attention des élus et du gouvernement sur les nouvelles pratiques et leur gouvernance

- Anticiper les changements que ces services sont susceptibles d’opérer

- Disposer, le plus rapidement possible, des outils capables de répondre aux problématiques à venir et éviter les crispations

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