Agnès Poulbot (Michelin) récompensée pour ses recherches
Initié voilà douze ans par l'Office européen des brevets (OEB), le Prix de l'inventeur européen compte parmi ses lauréats des chercheurs issus de sept pays (France, Allemagne, Irlande, Suisse, Pays-Bas, Etats-Unis et Russie). Le palmarès 2018 couronne quatre femmes, dont une Française, Agnès Poulbot, mathématicienne et chercheuse évoluant chez Michelin, primée avec son collègue Jacques Barraud (décédé en 2016) dans la catégorie "Industrie".
L'invention en question porte sur un design de pneumatique spécifique, permettant de faire apparaître de nouvelles sculptures qui remplacent celles qui sont usées par le roulement, en améliorant la durabilité et en réduisant la consommation, et donc les émissions de CO2. "Ce qui se régénère, ce sont les creux, pas la gomme", résume pour nos confrères de l'AFP Agnès Poulbot. Elle explique que le pneu représente "pour un poids lourd, un quart de la consommation" du véhicule, et que son invention représente un gain de consommation d'un litre aux 100 km.
"Les armes, ce sont les brevets"
La chimiste américaine Esther Sans Takeuchi, primée dans la catégorie des "Pays non membres de l'OEB", a inventé des batteries compactes pour alimenter les défibrillateurs cardiaques implantables. Leur durée de vie est significativement plus longue et réduit la fréquence des interventions chirurgicales. Dans la catégorie "PME", l'équipe irlandaise conduite par Jane ni Dhulchaointigh, une spécialiste du design, a mis au point une colle modulable à usages multiples. Quant à la physicienne suisse Ursula Keller, spécialiste des lasers, elle a vu ses recherches de plus de trente ans distinguées par le prix "œuvre d'une vie".
Lors de la remise des prix à Saint-Germain-en-Laye, le PDG du groupe informatique Atos, Thierry Breton, qui présidait le jury, a souligné que l'action de l'OEB était "essentielle pour la compétitivité de l'Europe", notant que, dans la compétition économique, "les armes, ce sont les brevets". Le Prix de l'inventeur européen met "le projecteur sur un domaine où l'Europe, et particulièrement la France, n'étaient pas bien placés alors qu'on a une recherche scientifique de top niveau", s'est félicité le physicien français Jacques Lewiner, l'un des quinze finalistes.