“2013 devra susciter l’envie pour les éditions futures”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment analysez-vous la solidarité que vous prônez de la filière avec Equip Auto, quand le plus grand équipementier français choisit de ne pas exposer ?
CLAUDE CHAM. Je respecte leur décision. J’ai rencontré les représentants de Valeo, mais je ne suis pas dans le secret de leur stratégie pour connaître les raisons les ayant poussés à décliner leur venue. Quant à la solidarité, nous la stimulons autrement. Valeo n’exposera peut-être pas, c’est regrettable, mais les équipes de l’équipementier vont s’y rendre, et constater par elles-mêmes combien il est important de prendre part à un tel événement. Il nous appartient désormais de les convaincre pour la prochaine édition, si nous n’y sommes pas parvenus cette année. Et je vous dis ça avec la plus grande sérénité, car nous avons fait de nombreuses choses pour cette édition, de nature à attirer de nouveau ceux qui ont fait le choix de l’abstention cette année.
JA. Cela passe nécessairement par une mutation du salon. Quel virage prendra-t-il à moyen terme ?
CC. L’évolution des typologies de mobilité comme on a pu les voir à Francfort, la voiture connectée, la voiture autonome…, vont modifier les rapports au sein de tous les acteurs de la filière automobile. Parce que les modèles économiques des uns et des autres vont changer. Constructeurs, équipementiers, acteurs de la distribution…, tous vont évoluer. D’où l’intérêt de disposer de notre propre vitrine pour anticiper ces évolutions. Pour le positionnement du salon, c’est la même chose ! Il évolue en permanence, pour être le plus en adéquation possible avec ce qui va se passer sur le marché de la rechange automobile.
JA. Comment analysez-vous les manifestations des groupements de distribution, qui, quelque part, concurrencent le salon national ?
CC. Il est vrai qu’il existe une forme de concurrence, puisque certains exposants potentiels déclinent Equip Auto tout en investissant dans plusieurs manifestations de ce type. Mais lors de ces salons, le distributeur réunit uniquement ses clients, la relation est particulière, régionale, ils parlent de leur business. Venir sur Equip Auto, c’est communiquer sur l’image de sa marque de façon plus institutionnelle, plus globale. Toutefois, je ne suis pas hostile à faire cause commune avec certains groupements pour mener des actions conjointes et valoriser nos manifestations respectives. Je rappelle d’ailleurs qu’à l’exception de Groupauto, tous les groupements seront présents à Equip Auto 2013. Ils ont donc compris cet intérêt en termes de notoriété de marque auprès de prospects.
JA. Mais cette dimension, si vertueuse soit-elle, ne semble plus être une priorité pour les grands groupes qui ont décliné l’invitation…
CC. Les grands groupes dont vous parlez répondent souvent à la même problématique que les constructeurs. Si vous interrogez les équipes locales des équipementiers qui ne seront pas présents avec un stand, toutes le déplorent. Mais la décision ne leur appartient pas, elle est prise au niveau des directions européennes, voire mondiales !
Il faudrait que nous sachions regarder notre pays avec plus de recul. Avec 1,7 million de voitures produites sur les 80 millions au monde, nous devenons un petit acteur. Mettez-vous dans la peau d’un Américain. Vu de son côté, il voit un petit pays, dans lequel les formalités administratives sont complexes, où le contexte social est contraignant. Tout cela peut expliquer qu’un salon français ne constitue pas une priorité.
JA. La rechange ne représente que 15 % du business de vos adhérents. Comment peut-on tenir une telle implication dans un salon, pour un si faible impact ?
CC. En termes de chiffres, vous avez raison. Toutefois, les équipementiers ont besoin de mettre en avant leurs marques, car elles n’apparaissent pas sur leurs produits et sont difficiles à différencier les unes des autres. Equip Auto sert donc également à valoriser et donner une meilleure notoriété à la qualité des produits de ses exposants.
JA. A quelle hauteur Equip Auto contribue-t-il dans les comptes de votre fédération ?
CC. Je vous rassure, le salon n’est pas économiquement indispensable pour la Fiev. Depuis que nous sommes à la tête de la fédération, Arnaud de David Beauregard et moi-même avons mis un point d’honneur à rétablir les comptes. C’est aujourd’hui chose faite. Equip Auto y contribue donc, mais n’est pas l’élément indispensable. La Fiev peut tout à fait fonctionner sans le salon. Néanmoins, Equip Auto n’est pas une ligne budgétaire pour la Fiev. C’est un élément primordial pour la notoriété et la reconnaissance de nos adhérents.