VO : le mal est-il profond ?
En 2008, le marché du VO a subi plus qu'il n'a agi. Sans cesse, il a dû s'adapter. D'abord, à l'écotaxe, qui a modifié le mix produit et la demande. Ensuite, il a fallu faire face aux remises considérables octroyées par les constructeurs qui cherchaient ici à assainir des stocks importants. Deux phénomènes qui ont incité les professionnels du VO à ajuster leurs prix, mais aussi à trouver de nouveaux canaux d'écoulement. Résultat, le marché du VO a connu son plus gros revers l'an passé depuis 1991 (- 6,9 % à l'époque). Cependant, avec 5 393 043 véhicules immatriculés l'an passé, en baisse de 3,2 % par rapport à 2007 (5 570 765 immats), les volumes n'ont rien d'alarmants au regard des exercices antérieurs. En 2004 et 2006, le marché affichait bon an mal an 5,45 millions de véhicules tandis que 5,38 millions de VO avaient été immatriculés en 2005. On peut aussi rappeler que 2007 fût une excellente année et que, compte tenu de ces circonstances et de la conjoncture, il était difficile de l'égaler.
2008 a ainsi mis en relief la volonté du gouvernement de soutenir les constructeurs français et les ventes de voitures neuves - avec un certain succès d'ailleurs puisqu'il n'affiche au final qu'une légère baisse de 0,7 % au regard des chutes vertigineuses des autres pays - mais au détriment du VO qui n'a pas bénéficié d'un soutien aussi prononcé. "Certes, le VO ne fait pas tourner les usines, mais si aucun moyen n'est mis en place pour aider les distributeurs à vendre de l'occasion, cela va engorger les stocks et, de fait, bloquer le marché du VN", réagit Olivier Lamirault, président de la branche nationale des concessionnaires du CNPA et dirigeant du groupe éponyme.
Le VO aussi a le droit à sa prime
Tout juste l'exercice 2009 entamé que le marché doit composer avec la "prime à la casse" destinée à relancer les ventes de VN. Encore une fois, il doit s'adapter. Récemment, le spécialiste des petites annonces VO Autoscout 24, diffusait un communiqué réclamant que cette prime soit applicable à l'achat de VO de moins de trois ans, qu'elle passe à 1 500 euros et que le palier soit abaissé à huit ans. "Les voitures d'occasion les plus récentes sont en grande partie des reprises de flottes de loueurs courte durée ou de longue durée entre professionnels. Lors de leurs reventes, ces véhicules génèrent de la TVA pour l'Etat (1 600 euros pour un véhicule de 10 000 euros TTC). Le montant de la TVA encaissée à chaque revente pourrait compenser davantage le coût de la prime à la casse", propose Autoscout 24. "Cela me semble indispensable et justifié puisque les véhicules d'occasion de moins de trois ans sont aux normes Euro 4 comme les véhicules neufs", juge Olivier Lamirault.
Dans les heures qui ont suivi l'adoption de la mesure, Renault annonçait vouloir étendre la prime de 1 000 euros pour le remplacement de véhicules de plus de 8 ans par un véhicule d'occasion. Peugeot a suivi le mouvement. "Nous avons étendu l'offre jusqu'en mars dans notre réseau sur une sélection de VO récents d'origine constructeur. C'était surtout nécessaire afin de rassurer les équipes commerciales VO. Et à ce jour, ce choix est très bien perçu dans le réseau", souligne Olivier Quilichini, responsable occasion de Peugeot. "Cela a permis de communiquer et de drainer des clients mais c'est sans commune mesure en termes d'engouement et de volume avec le neuf", précise Serge Ducloux, directeur de la concession Gemy à Vannes. L'offre reste néanmoins restreinte puisqu'elle ne porte que sur les véhicules d'occasion achetés auprès des constructeurs. D'ailleurs, le réseau participe de moitié puisqu'il ne perçoit ensuite que 500 euros du constructeur sur les 1 000 euros offerts aux clients. "Chaque groupe ou distributeur est libre de faire ce qu'il veut. Seulement, il faut d'abord mettre de l'argent pour le faire savoir. Et avec une perte de marge de 1 000 euros par voiture vendue, cela me semble insupportable s'il n'y a pas l'appui du constructeur", estime Olivier Lamirault. C'est pourtant le prix à payer pour déstocker. "Ma priorité aujourd'hui est d'assainir les stocks VO et comme la prime à la casse rencontre un gros succès sur le neuf, nous avons décidé de l'étendre sur des véhicules d'occasion hors constructeur pour lesquels nous ne récupérons rien. Bien sûr, nous faisons moins de marge, mais nous sommes actuellement dans une logique de déstockage afin de nous repositionner au prix du marché qui est en train de bouger", explique Frédéric Villard, responsable occasion chez Gemy Vannes. Depuis l'instauration de cette prime écologique, 70 % des reprises réalisées au sein de la concession morbihannaise sont destinées à la casse. Par conséquent, alors que le stock VO se composait en 2008 de 40 % de reprises, en 2009 elles ne constitueront plus que 20 à 25 % de l'offre. "Nous allons donc devoir augmenter nos achats à l'extérieur, en priorité au SVO. Avec le risque de se retrouver avec trop de VO récents et pas assez de VO plus âgés", poursuit Frédéric Villard.
Au secours du VO récent
Cette extension vise ainsi à relancer le segment des VO récents en totale perdition depuis déjà plusieurs années (-8,1 % en 2008). En janvier, avec 35 027 unités immatriculées, il affiche un recul de 18,4 % par rapport à janvier 2008. "A travers l'Europe, en Allemagne notamment, les constructeurs vendent à perte auprès des loueurs sans buy-back, ce qui impacte le marché du VO récent en France du fait d'importations croissantes de véhicules bradés", avance Olivier Papritz, responsable ventes sociétés et VO chez Seat. "Le VO récent reste intéressant s'il est au bon prix, précise de son côté Olivier Quilichini. Il faut avoir un mix et des volumes en adéquation avec le marché. Cette tension sur le VO récent nécessite plus que jamais un réseau professionnel. Ce qui ne veut pas dire que nous reprenons plus cher, mais nous ne pouvons plus nous permettre de faire une erreur sur une reprise. Nous sommes aussi plus regardants sur la qualité du véhicule".
Au-delà de l'occasion récente, avec 397 859 VO commercialisés, contre 473 009 l'an passé à la même époque, le marché affiche déjà au global une baisse de 15,9 %. La tendance n'est donc pas réjouissante et 2009 devrait s'inscrire dans la continuité de 2008. "Je suis assez inquiet sur l'état du marché VO. Si aucune mesure n'est prise, j'ai peur que le marché continue de baisser en 2009. Aujourd'hui, nous avons des collègues qui ne reprennent plus de VO récents", conclut Olivier Lamirault.
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