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Distribution

Retour sur le futur

Publié le 14 février 2013

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Les Européens ont beaucoup d’attentes vis-à-vis de l’automobile. AutoScout24 a conduit une étude à travers sept pays, leur donnant la parole sur la voiture de demain.
Les Européens envisageraient l’avenir avec des véhicules propres, sécurisés et éventuellement partagés. Le plaisir de conduire pourrait alors être relégué au second plan tout comme la notion de bien statutaire.

En 2012, la vision que l’on a de la voiture du futur serait devenue une réalité ! Ces mutations, AutoScout24 a voulu les cerner d’un peu plus près. Raison pour laquelle la société a mené, il y a quelques semaines, une étude auprès de 8 800 consommateurs européens en provenance de sept pays (Allemagne, France, Italie, Espagne, Autriche, Belgique et Pays-Bas). Sondés sur leur conception de la voiture de demain, ils considèrent que la sécurité (92,6 %) et le confort (85,9 %) seront des items incontournables, voire déterminants, dans leurs projets d’achat au cours de la prochaine décennie. En termes de sécurité, les Autrichiens, les Allemands et les Français sont particulièrement intransigeants.

En contexte de crise économique, près de 90 % des sondés n’ont pas manqué de souligner l’enjeu du coût d’achat et d’usage, soit un item source de décalage entre les différents constructeurs. Toutefois, face aux nouvelles solutions de mobilité, les Européens semblent s’attacher aux habitudes. C’est ainsi que près de deux tiers d’entre eux désirent toujours “posséder son véhicule”, notamment les jeunes. Dans le même temps, la piste du partage/location poursuit sa progression et gagne des parts dans l’opinion publique, à près de 30 %. “Un Européen sur les trois interrogés pourrait envisager à l’avenir la formule du partage de véhicule. Ce souhait se ventile comme suit : 23 % plaident pour une formule combinant la possession de leur propre véhicule à un système de partage. […] 7 % se voient même ne posséder aucune voiture, mais recourir uniquement au partage de véhicule”, peut-on relever dans le rapport d’AutoScout24.

La barre des 500 km

Il faut dire que la voiture perd de sa symbolique. Les conducteurs des sept pays classent, tous, en général la notion de “reflet du statut social” au dernier rang des priorités pour l’avenir. Les Italiens (44 %) et les Espagnols (39 %) sont les derniers à s’accrocher à cette idée. “La voiture est un élément d’une équation, les usages et les rapports à l’objet changent”, constatait Jean-François Lalande, expert d’Altran, lors d’une récente rencontre thématique.

Restons sur l’image. Que l’automobile se rassure, elle en a une bonne dans l’esprit de neuf Européens sur dix, qui estiment que son impact sur la société sera positif dans le futur. Ils sont d’ailleurs prêts à la voir évoluer pour mieux s’intégrer à l’environnement, notamment urbain : 51 % des sondés sont favorables à l’adoption de systèmes de propulsion silencieux, quand 7 % seulement regretteraient la perte des sonorités classiques du moteur. Néanmoins, il convient de souligner que 36,3 % des 8 800 personnes interrogées, soit la majorité, interdiraient volontiers l’accès des véhicules particuliers aux hyper-centres au profit des transports publics. Avec 28,1 % des suffrages, les véhicules dits “propres” conservent une chance d’y être acceptés par les populations.

Quid des motorisations alternatives, justement ? AutoScout24 a posé la question. Premier constat, ils n’étaient que 3,5 % des Européens à rejeter cette solution. Mais pour 33,6 % d’entre eux, il n’est pas envisageable d’avoir une autonomie inférieure à 500 km. Le développement durable, mais pas à n’importe quel prix ! Vient donc sur la table la problématique des stations de rechargement des véhicules électriques et des investissements nécessaires. En l’occurrence, 36 % des Européens pensent que les contribuables devraient les financer, du fait qu’elles bénéficieront à la collectivité dans son ensemble. Une approche tout particulièrement soutenue par les catégories aisées : 40 % des Européens gagnant plus de 2 500 euros nets par mois souhaiteraient un modèle financé par l’impôt. Les Italiens (45 %) et les Autrichiens (41 %) sont d’ardents défenseurs de cette solution, à l’inverse des Français (27 %) et des Belges (29 %). Récoltant 15 % des votes, le modèle économique calqué sur celui des stations-service n’obtient, pour ainsi dire pas, les faveurs des consommateurs, qui ne veulent pas subir la répercussion des coûts de fonctionnement des fournisseurs d’énergie.

Internet, oui mais…

Au-delà des motorisations, l’avenir concerne également les équipements technologiques, d’autant plus que, rappelons-le, la sécurité et le confort ont été mis en avant par les sondés. “La priorité accordée aux fonctions essentielles pour la sécurité prime : 82 % des Européens souhaitent que les voitures de demain scrutent les conditions dans lesquelles elles évoluent, détectent les dangers potentiels et, si nécessaire, interviennent activement afin d’éviter les accidents”, rapporte AutoScout24 dans son analyse. D’ailleurs, 74 % des conducteurs européens accordent du crédit à des innovations telles que la communication entre véhicules, confortant les constructeurs dans leurs recherches.

“La connectivité sert la sécurité et les services, mais Internet dans la voiture récolte peu de votes car les gens ne savent pas ce qu’ils pourraient en faire”, observe Vincent Hancart, directeur général d’AutoScout24 France. Le divertissement (50 %) surclasse le concept de bureau mobile (31 %). Au mieux, on conçoit la voiture comme un assistant numérique personnel (47 %). Assurément, la notion est encore floue. Encore plus en Europe, où “nous sommes en retard dans le développement des infrastructures, par rapport aux Etats-Unis ou à l’Asie, accusait-on chez Altran. Nous avons toutes les briques pour lancer la machine, il manque simplement l’écosystème. Aujourd’hui, 46 millions de véhicules connectés circulent sur les routes du monde entier, soit l’équivalent du parc français. Cela fait réfléchir”.

Pilotage automatique activé

Le mois dernier, à Las Vegas, lors du salon CES, constructeurs et équipementiers ont présenté des prototypes de voitures équipées d’une fonction pilote automatique. Justement, AutoScout24 a sondé les Européens sur cette question. A 34,4 %, ils rejettent cette possible évolution, contre 25,6 % qui se laisseraient tenter, sous certaines conditions (les impératifs du porte-monnaie ne sont jamais bien loin). En réalité, c’est d’abord la crainte qui dicte leur réponse car 32,5 % d’entre eux changeraient volontiers si cela devait accroître la sécurité. A noter que 30,9 % des réticents adopteraient le pilotage automatique s’il concourrait à une diminution des consommations. Le porte-monnaie a toujours le dernier mot, vous a-t-on dit…
 

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