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Distribution

Pneus usagés : l'Etat meurtrier

Publié le 8 juillet 2014

Par Frédéric Richard
3 min de lecture
La filière le redoutait depuis deux mois, depuis les deux amendements déposés en ce sens à l'Assemblée nationale… Maintenant c'est acté, la filière pneumatiques usagés passe sous agrément en 2020, avec les conséquences que cela suppose…
La filière le redoutait depuis deux mois, depuis les deux amendements déposés en ce sens à l'Assemblée nationale… Maintenant c'est acté, la filière pneumatiques usagés passe sous agrément en 2020, avec les conséquences que cela suppose…

L’Assemblée nationale a voté, le 3 juillet, l’adoption de l’article 49bis du projet de loi sur l’Economie sociale et solidaire, qui place la filière pneumatiques usagés sous agrément au 1er janvier 2020.

Si la décision était redoutée mais attendue, elle n'en reste pas moins incompréhensible pour les acteurs qui œuvraient dans cette filière jusqu’à aujourd'hui, Aliapur et FRP en tête.

En effet, à mesure que les échanges avec les pouvoirs publics se multipliaient ces dernières années, le ministère avait fini par estimer que l'agrément n'était ni pertinent ni nécessaire. Or, d'un coup, le sujet revient sur le devant de la scène. Stigmatisant des "performances ayant diminué au cours des dix dernières années", l'Etat décide de s'immiscer, et imposera désormais une obligation de moyens aux acteurs de la filière.

Aliapur, acteur historique issu des manufacturiers, a déjà vivement réagi à cette annonce, affirmant que cette mise sous tutelle allait lourdement peser sur la filière et entraîner une somme de contraintes administratives considérables. Et, comme il l'avait promis dans nos colonnes dans le cadre du dossier pneumatiques à lire dans le JA 1207-1208, Eric Fabiew, directeur général d'Aliapur, a d'ores et déjà déclaré que sa société suspendait son implication au sein de Recyvalor, une initiative volontaire, destinée à résorber les stocks orphelins ou sauvages répartis sur le territoire.

Ne décolérant pas, Eric Fabiew, avec le franc-parler qu'on lui connaît, se livre par ailleurs à un réquisitoire sans concession :

"Nous sommes une filière exclusivement B-to-B, qui fonctionne sans un sou d’argent public, sur la seule base des contributions versées par ceux qui mettent sur le marché les pneumatiques. Ce système fonctionne harmonieusement depuis une décennie. Il n’y a donc pas lieu de mêler l’Etat à la relation qu’entretient Aliapur avec des distributeurs et détenteurs auxquels est fournie une prestation de ramassage gratuite – d’autant qu’un espace de concertation avait été mis en place par l’accord-cadre signé en février dernier.

Depuis dix ans, nous avons un objectif de résultats. Celui-ci est parfaitement rempli et même dépassé, puisque nous avons collecté 400 millions de pneus depuis 2004, dont 3,5 millions au-delà de la commande initiale de nos clients producteurs. Demain, l’Etat nous imposera un objectif de moyens, ce qui nous fera entrer dans une économie administrée, faite d’une somme de lourdeurs administratives et de contraintes inadaptées à notre métier… mais qui permettront à l’Etat de remplir ses caisses. Par exemple, nous devrons reverser un pourcentage de notre chiffre d’affaires à l’Ademe pour des actions de communication et de R&D, mais sans être décisionnaires de l’affectation de ces sommes, ni même consultés. Or, Aliapur a dépensé 10 millions d’euros en R&D sur une décennie et permis de faire émerger six nouvelles voies de valorisation pour les pneus usagés."

Et de conclure par une annonce qui sonne comme une menace : "Une fois notre quota de collecte de 227000 tonnes atteint, nous cesserons de collecter et renverrons les garages et centres-autos engorgés sur le ministère. On se souvient de la crise de la collecte de 2010, nous nous dirigeons droit vers la même situation."

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