Plastic Omnium fait le dos rond
Alors que Plastic Omnium s’attendait dès la fin 2019 à une année 2020 morose, la pandémie est venue singulièrement compliquer la donne. La production automobile mondiale a ainsi affiché un repli de 33,8 % sur les six premiers mois de l’année, avec un fort impact sur les résultats de Plastic Omnium, qui a lui-même dû fermer pour une plus ou moins longue durée ses 131 usines présentes en Chine, dans le reste de l’Asie, en Europe et en Amériques. Conséquence : un chiffre d’affaires en recul de près de 30 %, à 3,2 milliards d’euros, une marge opérationnelle de -3,9 % et 404 millions de pertes pour le premier semestre.
Et les prévisions ne sont pas plus réjouissantes pour l’année entière : l’équipementier table sur une vision plus pessimiste qu’IHS, soit un recul de la production d’un quart. Dans cette hypothèse, 64 millions de véhicules sortiraient des usines, un niveau équivalent à celui connu entre 2008 et 2009. "La moitié de projets de nos clients ont été repoussés du premier semestre au second, illustre Félicie Burelle, directrice générale adjointe. Reste à voir si, en seconde partie d’année, ces projets ne seront pas purement et simplement annulés". Une prudence, voire, un certain pessimisme, qui a poussé l’équipementier à amplifier ses plans de réduction des coûts et de flexibilisation de son outil industriel, décidés en 2019 déjà, devant le repli significatif attendu de la production automobile mondiale en 2020. "Nous avons fait tout ce qu’il y avait à faire pour diminuer nos coûts de personnel et de fonctionnement", résume Laurent Favre, directeur général de l’équipementier.
94 millions épargnés sur les coûts de personnel
Côté humain, le masse salariale du groupe a baissé de 40 % ces derniers mois via le recours au chômage partiel, l’arrêt des 6 000 contrats intérimaires et prestataires dans le monde et le non renouvellement des départs en retraite. L’entreprise est toutefois restée discrète sur le nombre de licenciements, secs ou non. Au total, 94 millions d’euros ont été épargnés au niveau du coût du personnel. Objectif : que ce dernier reste à proportion stable par rapport à un chiffre d’affaires en repli, soit 15 % en 2019. S’ajoute de la rigueur sur les coûts de fonctionnement des usines et de frais administratifs générés par le siège, qui feront économiser 23 millions d’euros, soit, au total 117 millions d'économies durant le premier semestre.
Autre principal levier activé : la rationalisation de l’outil industriel. Dans un secteur caractérisé, même en temps normal, par un outil industriel dimensionné pour produire facilement plus de 100 millions de véhicules par an, la crise du covid a précipité cette rationalisation. Alors que l’équipementier estime un retour de la production automobile mondiale au niveau de 2019 en 2024, voire 2025 seulement, l’objectif est de structurer afin d’adapter l’outil à la faible demande, ce qui s’est déjà traduit par une fermeture d’une usine en Allemagne, une autre en Espagne mais aussi des suppressions de pans d’usines. Toutes les régions sont concernées par ces ajustements. "Durant la dernière décennie, une région avait jusqu’ici pu compenser la faiblesse d’une autre. Aujourd’hui la baisse est généralisée, nous devons nous adapter partout", commente Félicie Burelle. Ces mesures devraient conduire à économiser 20 millions d’euros en 2020, autant l’année suivante.
Parier sur l’avenir
En parallèle, Plastic Omnium peut compter sur son plan de transformation. D’ici la fin 2022, ce sont 100 millions d’euros qui devraient être sauvés grâce à une meilleure maîtrise des achats indirects (énergie, logistique) grâce notamment à l’utilisation des outils digitaux permettant de mieux appréhender la demande. 100 autres millions devraient être économisés grâce à la robotisation et l’intelligence artificielle. Des efforts permettant à l’équipementier de sanctuariser le budget R&D qui représente environ 5 % de son chiffres d’affaires, et ainsi de poursuivre ses développements dans les sujets qu’il considère porteurs, tel que l’hydrogène. 200 millions d’euros ont été injecté ces trois dernières années, et davantage seront encore investis par l’équipementier qui veut se donner les moyens, via notamment des acquisitions et des partenariats, d’atteindre ses ambitions. Soit détenir 10 % de part de marché sur la partie système (dont la PAC), et 25 % sur le stockage, le tout à l’horizon 2030. L'entreprise n’en oublie pas pour autant ses fondamentaux, dont la production de SCR et de réservoirs qui, malgré l’avènement du véhicule électrique, ont encore de beaux jours devant eux, grâce notamment aux modèles hybrides.
L’équipementier anticipe ainsi pour 2020 un ebitda de 10 %, soit moins 2 points par rapport à 2019, et une marge opérationnelle de 4 % du chiffres d’affaires (6 % en 2019). De quoi sortir la tête de l’eau, assurer sa pérennité, alors que les prochains mois ou années pourront être le théâtre d’un mouvement de concentration, à la fois chez les constructeurs et les équipementiers. Surcapacité de production, crise du covid et transformation du secteur, trois ingrédients explosifs qui pourrait conduire à une future période mouvementée.
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