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Distribution

Le CNPA pense que le 1400/02 n’est pas condamné

Publié le 12 décembre 2008

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Dans le cadre de l'émission Face à la Presse (*), Patrick Bailly, président du CNPA, s'est montré prudent sur la plupart des sujets évoqués, les incertitudes pesant sur le marché et sur certaines négociations...
Dans le cadre de l'émission Face à la Presse (*), Patrick Bailly, président du CNPA, s'est montré prudent sur la plupart des sujets évoqués, les incertitudes pesant sur le marché et sur certaines négociations...
...n'y étant vraisemblablement pas pour rien. Il a aussi promis une modernisation de son organisme.

Le CNPA a récemment adressé une lettre ouverte aux constructeurs pour attirer leur attention sur les difficultés rencontrées par les distributeurs. "Ce n'était ni un cri ni un appel à l'aide, mais simplement un document qui exprimait clairement et précisément des besoins", précise Patrick Bailly, avant d'ajouter que ce courrier n'est pas resté lettre morte, puisque huit constructeurs y ont répondu. Des réponses circonstanciées et réactives, à en croire le président du CNPA, sur les sujets clés des stocks, des fonds de roulement, du financement en général et des stratégies commerciales vis-à-vis du client final. Patrick Bailly refuse d'être alarmiste, affirmant que peu de dépôts de bilan sont à déplorer dans le secteur, mais tient cependant à souligner que la rentabilité moyenne des distributeurs devient très ténue, entre 0 et 0,5 point, ce qui signifie aussi que beaucoup d'entre eux "sont dans le rouge"… En revanche, dans le secteur de l'après-vente au sens large, l'activité se maintient bon an mal an, sauf pour la carrosserie, naturellement défavorisée par la baisse du nombre des sinistres.
sebastien boudaud

1400/02 : des rapports d'évaluation girouettes ?

Dans ce contexte délicat, Patrick Bailly estime qu'il n'est pourtant pas nécessaire que les distributeurs réclament des aides d'Etat et pense que les tensions peuvent se décanter en direct avec les constructeurs. Il tient toutefois à assurer que le CNPA fait son travail d'influence auprès des pouvoirs publics, via une représentation dans les cellules de la CGPME et ou du Medef par exemple. Il compte d'ailleurs sur ces actions de lobbying pour assurer la prorogation du règlement d'exemption 1400/02 : "Contrairement à ce qu'on peut entendre ici et là, je ne pense pas que le passage au règlement général soit acquis, loin de là ! Il y a énormément de gens contre cette solution. Les différents rapports d'évaluation sont certes critiques sur le 1400/02, mais finalement, en y regardant de plus près, on se rend compte que les autorités concernées peuvent garder les mêmes conclusions tout en changeant de cap à 180°. De plus, par rapport au contexte général actuel, il ne serait guère indiqué de changer de cheval au milieu du gué". Interrogé sur le fait que le règlement actuel liait sans doute trop les distributeurs aux desiderata des constructeurs et réduisait ainsi leur potentiel d'initiatives, Patrick Bailly a rétorqué que cette "dépendance" était "connue dans le secteur et qu'on savait donc à quoi s'attendre quand on souhaitait investir dans la distribution automobile"…

ZOOM

Le CNPA réserve un accueil mitigé à la "prime à la casse" made by Sarko

Si le CNPA était favorable à un plan de relance de l'automobile, il déplore qu'une part trop importante de cet effort soit consacrée aux constructeurs et aux équipementiers, au détriment de la distribution et des services qui concentrent pourtant 90 000 entreprises et 450 000 emplois. Dans le même communiqué, le CNPA estime qu'il est clairement insuffisant de limiter la "prime à la casse" à l'achat d'un VN. Le CNPA militait pour une "prime de réduction carbone" incluant VN et VO récents. Par rapport à la durée annoncée de la mesure, le CNPA s'interroge aussi sur les conséquences à attendre dès 2010, se remémorant l'effet soufflé des "Juppettes" et "Balladurettes", mesures qui n'avaient par ailleurs pas permis de rajeunir l'âge moyen du parc français. En outre, si le CNPA applaudit l'application de la mesure aux VUL, il s'étonne que rien n'ait été prévu pour les VI et le secteur de la location. Enfin, le CNPA regrette qu'aucune disposition relative à la gestion et à la maintenance du parc n'ait été retenue et renouvelle donc sa demande d'une TVA à taux réduit sur les opérations d'après-vente liées à la sécurité et à l'environnement. Pro memoria, rappelons que le CNPA avait pourtant été auditionné par le gouvernement pour préparer la mesure…

Priorité à l'environnement

Par ailleurs, Patrick Bailly a assuré qu'il s'engageait à moderniser le CNPA au cours de son mandat. "Nous n'avons pas besoin d'une révolution, mais il s'agit de toiletter l'organisation pour plus d'efficacité. Ce processus est déjà engagé et j'insiste sur le fait que c'est une démarche globale et concertée car à titre individuel, mon but n'est pas de laisser une trace, mais bien de mieux servir nos adhérents". Au-delà de certains process organisationnels, le CNPA veut notamment intensifier son engagement pour la cause environnementale, un virage amorcé dès le premier Grenelle. Parmi les trois plateaux prioritaires récemment mis en place en interne, un est ainsi consacré à l'environnement, le CNPA se proposant notamment de dépasser le simple cadre des produits pour promouvoir l'éco-réparation et l'éco-garage. L'environnement sera donc le thème central du prochain Congrès du CNPA qui se tiendra à Bordeaux du 11 au 12 juin 2009.

FOCUS

Patrick Bailly en bref

Agé de 62 ans, Patrick Bailly a été élu président national du CNPA en juin dernier pour la mandature 2008-2011. Il était vice-président national du CNPA depuis 2005 et président de la branche Concessionnaires VP depuis 2002. Par ailleurs, il est président du directoire de la SCB, société holding du groupe Bailly qui comprend 12 concessions Peugeot, six concessions Citroën, trois sites distribuant Suzuki, Hyundai, Kia, SsangYong, une concession BMW et plusieurs sociétés de location de véhicules dans l'est de la France.

* Propos recueillis dans le cadre de l'émission Face à la Presse d'Auto K7 animée par Pierre Mercier et réunissant aussi Denis Astagneau (France Inter/France Infos), Jean-Pierre Genet (L'Argus), Jean-Pierre Jagu-Roche (Auto-Infos), Cyrille Pluyette (Le Figaro), Bertrand Tarisien (AutoGratuitPros).

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