“Je me considère toujours comme un garagiste”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Pierre Bernard, que représente pour vous ce titre de Concession de l’Année décerné par le Journal de l’Automobile ?
PIERRE BERNARD. C’est une grande satisfaction personnelle que de constater que l’on peut diriger une concession automobile un peu “au-delà des conventions”, à “l’ancienne” au niveau du service, et qu’à force de semer, on finit toujours par récolter.
JA. Ce titre vient justement couronner une approche spécifique du métier de concessionnaire et une patience hors du commun. Comment définiriez-vous le métier de distributeur automobile, avec un peu de recul ?
PB. Beaucoup ont tendance à oublier les fondamentaux de notre métier. Or, je sais d’où je viens et je me considère toujours comme un garagiste ou comme un capitaine d’équipe qui possède dans ses rangs de bons joueurs. Et ces bons joueurs, justement, ce sont mes collaborateurs.
JA. Avez-vous le sentiment, en tant que concessionnaire toujours resté indépendant et monomarque, d’être chaque fois moins représentatif d’un métier où la concentration s’est accélérée et les groupes multimarques et multisites multipliés ?
PB. Absolument pas. Une grande partie de la clientèle se rend à notre concession parce que je suis indépendant et monomarque, et tant que je pourrai faire ce métier comme je l’aime et comme je l’entends, c’est-à-dire comme un petit épicier de quartier, je continuerai.
JA. Au regard de ces dernières années, pensez-vous qu’il est plus difficile d’être concessionnaire aujourd’hui qu’auparavant ?
PB. Démarrer comme indépendant aujourd’hui, oui cela me paraît assez compliqué vu les investissements demandés.
JA. Un mot aussi sur la marque Mazda que vous représentez depuis de longues années à Pau. Quels liens vous unissent à la marque japonaise ?
PB. C’est une marque attachante et passionnante, au sein de laquelle la notion de grande famille est restée très importante, et cela se vérifie chaque jour. En outre, il existe chez Mazda un souci permanent du détail technique, qui repose d’ailleurs sur des traditions ancestrales auxquelles Mazda reste très liée.
JA. Avez-vous déjà envisagé de représenter une autre marque ? Etes-vous attiré par le multimarquisme ou le monomarquisme vous a-t-il toujours suffi ?
PB. Oui, mais je pense que ma force est de connaître mon seuil d’incompétence, et ça, de nos jours, ce n’est pas donné à tout le monde. Après, que chacun se fasse plaisir, cela ne me dérange pas.
JA. En revenant sur votre parcours, qu’est-ce qui a été le plus difficile à accomplir ? Quels sont les secteurs où les évolutions sont aussi les plus notables ?
PB. Le plus dur fut de partir de zéro. Je rappelle que ce fut un énorme challenge, surtout à l’époque, et notamment pour mon père qui demeurait extrêmement attaché à Citroën et qui travaillait avec cette marque depuis une vingtaine d’années. Néanmoins, et tant mieux, il a cru en moi et c’est pour honorer cette confiance que je me bats tous les jours.
JA. Vous nous aviez confié vouloir “protéger les acquis et avancer sûrement”. C’est signe de prudence. Néanmoins, vous devez bien avoir quelques axes de travail pour les années à venir ?
PB. Protéger les acquis, c’est une chose, il faut aussi les améliorer et les adapter afin de maintenir une croissance régulière en augmentant progressivement le volume. Tout ceci représente, vous en conviendrez, beaucoup de travail.
JA. La concession évoluera dès le début 2015 avec la nouvelle signalétique Mazda. Est-ce une page qui se tourne ?
PB. Non, au contraire, c’est dans la logique des choses et c’est une certaine continuité : les nouveaux modèles Skyactiv se doivent d’être présentés dans un nouvel écrin. C’est pourquoi on rafraîchit la concession, on casse la routine et on fonce.
JA. Si vous n’aviez pas travaillé dans l’automobile, quel aurait pu être votre parcours ?
PB. Je pense que je serais resté dans le commerce ou du moins dans un milieu où le contact et l’écoute prévalent.