BlaBlaCar va vendre des Opel
BlaBlaCar veut devenir un acteur de la distribution automobile. Le 5 avril dernier, la plateforme de covoiturage longue distance a subi une évolution en intégrant un catalogue de véhicules disponibles à la vente sous forme de contrat de location longue durée. Une nouveauté qui trouve son origine dans un partenariat avec la marque Opel et le loueur ALD Automotive. Le programme sera ouvert dans un premier temps aux membres français qui ont atteint le statut d'Ambassadeurs, soit 300000 clients potentiels.
Cette initiative de BlaBlaCar se trouve à la croisée des résultats de plusieurs études. En premier lieu, un sondage auprès de 28000 personnes, parvenant à la conclusion que les consommateurs rencontrent de nombreuses difficultés sur leur parcours d'achat d'un VN, entre l'identification des modèles, la recherche du bon point de vente et l'étape de la négociation. En second lieu, comme l'explique la direction du groupe, "1,3 million de membres de BlaBlaCar à travers le monde vont acheter un véhicule cette année". Un terreau fertile, favorable à des expérimentations.
C'est bien de cela dont il s'agit, une évaluation du marché, qui ne porte même pas de nom commercial officiel, pour l'heure. Aucun des représentants, ni de BlaBlaCar ni d'ALD Automotive, n'a pris d'engagement de volume envers Opel, qui s'est révélé intéressant grâce à son bagage technologique sécuritaire (OnStar) et sa future voiture électrique à grande autonomie. "Nous allons observer le comportement et, en fonction des retours, nous étendrons aux autres membres et aux autres pays que nous couvrons", a calmé Philippe Cayrol, le directeur des partenariats de BlaBlaCar. Pour rappel, BlaBlacar est accessible dans 22 pays.
Le flou du modèle économique de commissions
Dans les faits, depuis la plateforme de BlaBlaCar, les membres pourront souscrire un contrat de LLD pour des produits de la gamme Opel, mais pas seulement. Des Peugeot, des Audi et, surtout, des Toyota Hybrides, "très réclamées dans les études de marché", s'ajouteront au catalogue, qui comportera au total une dizaine de références. "Nous avons limité à des produits sur lesquels nous avons la garantie d'être les mieux-disants en France", décrit Philippe Cayrol. A titre d'exemple, il sera ainsi possible de disposer d’une Opel Corsa pour 164€/mois ou d’un Opel MokkaX pour 239€/mois en contrat de LLD de quarante-huit mois et 20000km. A ceci sera soustrait un bonus mensuel de 20€ les mois où un covoiturage aura été effectué par le bénéficiaire. En termes de coût de détention, BlaBlaCar table ainsi sur 4100€ par an, soit un montant inférieur à la moyenne de 5900€, en France, annoncée par l'Automobile Club de France la semaine passée.
Pour ALD Automotive, qui découvre le marché du BtoC, il s'agit d'une "continuité logique, qui ne remet pas en question les velléités de développement en BtoB", comme le souligne Fabrice Denoual, l'adjoint du P-dg. Quant à Opel, on peut y voir une énième opération marketing. Les plus suspicieux pourraient aller jusqu'à y détecter le pilotage d'un nouveau canal de commercialisation détourné et laissé au soin d'un partenaire dont la légitime tient à l'audience. "Cette implication témoigne de notre volonté d'être présents sur tous les territoires de la nouvelle mobilité", a clarifié un cadre de la communication d'Opel France. Le modèle économique demeure néanmoins flou. BlaBlaCar va toucher une commission sur les transactions, "calculée en fonction des véhicules". Les missions de livraison et de restitution appartenant à ALD Automotive, le réseau de la marque allemande ne se chargera que de l'entretien du parc immatriculé. Un point sensible sur lequel il n'a pas été possible d'obtenir plus de précisions dans les heures qui ont suivi l'annonce du projet.
Le covoiturage de proximité attendra
A la convocation de l'acteur principal du covoiturage, nous étions en droit de penser que l'objet aurait été l'ouverture au covoiturage de courte distance. Il n'en est donc rien. Enfin, pas pour le moment. Alors que la compagnie court toujours après la rentabilité, ce nouveau gisement de revenus découlant de la vente automobile aurait-il été évalué plus profitable que le covoiturage de proximité ? "Nous continuons de penser à cette évolution, mais il n'y a rien de concret", retorque un membre de la direction de BlaBlaCar, en marge de la présentation, en l'évoquant parmi un ensemble d'idées. Le covoiturage courte distance aurait davantage de pertinence sur des marchés non abordables avec la proposition classique, telle que l'Amérique du Nord, en compensation de réseaux de transport sous-développés.
Cette ouverture de BlaBlaCar à ce nouveau métier stimule l'imagination. Pour ses dirigeants, la voiture conservera son statut social de propriété et ne changera pas son mode distribution. "Elle sera davantage partagée et l'automatisation de la conduite va accentuer ce phénomène", croit-on dans le groupe. Se pose désormais la question de la capacité à attirer d'autres marques automobiles pour enrichir le catalogue, toujours à des conditions sans concurrence. Un point de vue différent ferait envisager un futur plus intégré. Explication : comme d'autres start-up qui ont changé la mobilité, si BlaBlaCar réussit le pari de la commercialisation de véhicules à particuliers, tout en s'affirmant être un des premiers transporteurs inter-villes du monde (12 millions de personnes par trimestre), alors la plateforme pourrait attirer l'attention de constructeurs en position d'investisseurs, notamment les Européens, friands d'innovations. Maintenant propriétaire d'Opel et à l'offensive avec Free2Move, PSA aura un droit de regard privilégié sur les comptes de cette campagne, soulignons-le. Ce n'est que pure spéculation, mais BlaBlaCar a excité les imaginations.
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