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Distribution

A défaut de recruter, on remplace

Publié le 15 mai 2009

Par David Paques
10 min de lecture
Outre les coréens qui tiennent cette année encore leur rôle de grands recruteurs, les réseaux ne sont aujourd'hui pas lancés dans de grandes campagnes de développement. Un simple rafraîchissement dans la majeure partie...
...des enseignes qui est davantage lié à un renouvellement des opérateurs qu'à un véritable désir de densifier la capillarité.

Voilà des semaines que l'exercice de la prospective s'avère difficile et que les "on navigue à vue", inonde nos colonnes. La conséquence d'une incertitude générale, certes. Mais aussi le reflet d'une certaine latence. Alors en cette année 2009 que chacun annonce difficile, les marques auraient-elles mis leurs objectifs de recrutement entre parenthèses ? C'est la question que nous pouvons nous poser au regard de la frilosité d'un certain nombre de constructeurs à évoquer le sujet des open points. Cela relève-t-il, en revanche, plus de la discrétion ou d'un arrêt réel des recrutements en cours ?

Une chose est sûre, le renouvellement des réseaux, lui, se fera naturellement. Pyramide des âges oblige, bien sûr, mais aussi parce que la chute de la profitabilité des affaires ressentie l'an dernier, la course à l'investissement de certaines marques et la situation délicate dans laquelle se trouvent certains constructeurs a sans doute incité nombre de partenaires à jeter l'éponge. Autant de faits qui ont d'ailleurs eu raison des chantiers que l'on pouvait imaginer pour 2009. Outre les marques en construction, la tendance semble donc être au turnover, plus qu'au renforcement des maillages.

Des marques en stand-by

Les français, tels des paquebots, traversent l'exercice sans véritables autres ambitions que veiller au développement de nouveaux standards (Air) pour Renault, poursuivre la mise aux normes du réseau (BlueBox) pour Peugeot, ou déployer une nouvelle identité pour Citroën. La première affaire à arborer la nouvelle identité visuelle de la marque aux chevrons est à ce sujet la succursale de Vichy (03). Elle sera inaugurée le 4 juin prochain. En termes de recrutement, la mer est plane. Ou presque. Les quelques remous proviendront de groupes à céder. Lassitude ou endettement obligent. Nul doute qu'à l'orée de cette année 2009, la concentration restera de mise. Autant de points de vente, pour moins d'investisseurs. Mais au sujet des marques françaises, la situation économique délicate n'a que peu d'influence sur le développement comptable de leurs points de vente. Rappelons par exemple qu'en 2008, outre la création de 87 concessions dans le réseau Renault, quasi exclusivement reliées au déploiement de Dacia, les trois marques n'ont pas ou peu enregistré de créations pures. L'année 2009 sera du même acabit. Pour les autres marques, la situation est quelque peu différente. Chez les généralistes d'abord.

L'an dernier, Opel nous avait confié être à la recherche de 50 points de vente pour compléter son maillage français. A l'issue de l'exercice 2008, le réseau de la marque au Blitz a terminé l'année avec un solde négatif de points de vente (- 3), voyant 13 créations de concessions pour 17 fermetures. Reste donc 53 hypothétiques open points à combler. Hypothétique car, au regard de la situation de sa maison mère et l'éventuel rapprochement avec Fiat, il est en effet bien difficile de dire si le constructeur entend maintenir ses objectifs en la matière. La marque a donc décidé de rester muette sur le sujet. Idem, du reste, pour les autres marques de General Motors. Saab, Chevrolet, Cadillac et Corvette sont, en effet, logées à la même enseigne. En attendant plus de certitudes, pas d'annonce en la matière, même si l'on sait que Cadillac, Corvette et Saab n'ont qu'un nombre d'open points limité aujourd'hui. En revanche, pour Chevrolet, la donne est différente. La marque a toujours un vrai potentiel de croissance en France et en Europe, donc certaines ambitions en termes de développement réseau. La marque a clos l'exercice 2008 avec 4 opérateurs de moins qu'en 2007 alors qu'elle voulait en recruter 20 de plus. On peut légitimement penser que la direction commerciale n'a donc pas fait une croix sur sa volonté de dépasser les 170 points de vente en France.

Les marques du groupe General Motors ne sont cependant pas les seules à être dans l'incertitude. Du fait de leur situation plus ou moins claire, Chrysler Jeep Dodge, Jaguar ou même Land-Rover ont, en effet, des difficultés à dévoiler leurs ambitions ou leurs projets. "Compte tenu des opérations en cours concernant l'avenir du groupe Chrysler et les performances du marché automobile sur les segments qui concernent les produits Chrysler Jeep Dodge, nous sommes en phase de réflexion sur ces points", nous indique-t-on en effet chez Chrysler France, tout en admettant poursuivre des recherches sur Lille (59), Amiens (80) et sur le Finistère (29). Quant à Ford, dont la situation n'est pas comparable : pas de son, pas d'image. Le constructeur jouit, il est vrai, d'un réseau stable depuis un certain temps déjà, et s'applique davantage à la réfection de certains points de vente et après-vente, plus qu'à développer sa capillarité, semble-t-il d'ores et déjà adéquate.

 

Seat et Skoda prospectent

Chez Fiat, on arrive au bout du développement souhaité par Patrick Deschamps lors de son arrivée à la tête du réseau en janvier 2007. Enfin presque. "Cet accroissement de capillarité que nous recherchons actuellement vise davantage une démultiplication des sites existants. Il s'agit en effet d'ouvrir des sites-satellites plus que de combler des zones vierges. Dans les 12 à 18 mois, nous devrions atterrir sur un maillage de 250 points de vente Fiat, 185 Alfa Romeo et 170 Lancia", nous annonçait récemment le directeur du réseau Fiat. "Nous n'avons plus que très peu de zone libre. Pour la plupart d'entre elles, des opérateurs ont, en effet, été identifiés et nous sommes en train de résoudre tout cela", nous indique-t-on aujourd'hui chez le constructeur. L'Ile de France est, comme pour beaucoup, un point difficile. Le Perreux-sur-Marne (94), Orsay (91) et Clamart (92) sont notamment des points encore à couvrir.

Même son de cloche chez Volkswagen, où l'on nous annonce que les recrutements seront "liés aux mouvements". Là encore, il s'agit donc davantage d'un renouvellement. Même si le constructeur prospecte toujours en Ile-de-France et à Vernon (27). Chez Seat, la direction commerciale annonce vouloir ajouter 19 points à son maillage avant fin 2012, ce qui donnerait au constructeur espagnol 185 points de vente en France. Les zones sont clairement définies : Manosque (04), Montauban (82), Saint-Cloud (92), Paris 16 (75), St-Germain-en-Laye, Mantes-la-Jolie (78), Paris Sud… Mais la marque travaille également son réseau après-vente et entend nommer 30 nouveaux réparateurs agréés avant la fin 2012. Côté Skoda, au sortir de ce même exercice, c'est 28 points de vente supplémentaires que le constructeur veut compter dans son réseau. Avant la fin 2009, la marque devrait ainsi nommer 13 distributeurs. Poitiers (86), Auch (32), Lyon (69), Douai (59), Les Ulis (91), Paris Ouest, Boulogne-Billancourt et Levallois-Perret (92) sont notamment des zones que Skoda cherche à couvrir. Côté après-vente, même constat que chez Seat, le constructeur tchèque devrait nommer 37 réparateurs agréés avant 2012, dont 5 avant fin 2009.

Premium : priorité à l'immobilier

BMW, Audi, Mercedes, les réseaux des marques premium allemandes sont en réorganisation. Au niveau de l'immobilier, comme au niveau de la physionomie même des opérateurs. Comme nous vous le rappelions récemment, BMW touche au but quant à la refonte de son maillage. Quant à Audi, la marque et ses opérateurs sont davantage tournés vers l'évolution architecturale du réseau. En réalité, seule la marque à l'étoile confie son désir d'ajouter entre 6 et 9 points de vente supplémentaires à son maillage hexagonal, sans toutefois en dire plus sur le sujet. Nous savons néanmoins que certains projets sont en cours (voir pages 30 et 31). Si Audi et BMW n'ont pas remis à plus tard les investissements du réseau, Volvo n'a, quant à lui, pas remis ses projets de développement dans les cartons. "Nous souhaitons arriver à un total de 130 à 135 sites, en adéquation avec notre objectif de volume idéal de 20 000 voitures sur le territoire français. Quelles que soient les conditions économiques actuelles, nous poursuivons ce but qui a déjà été réalisé par Volvo en France dans les années 80. Notre gamme millésime 2010 et les nouveautés à venir me permettent d'être résolument optimiste quant à l'atteinte de cet objectif. Ma seule incertitude reste dans l'échéance !", explique Wim Maes, président de Volvo France. Le constructeur suédois, affiche aujourd'hui 122 sites dans l'Hexagone, pour 55 partenaires, et semble faire fi de la conjoncture. La marque a, en tous les cas, décidé de maintenir ses objectifs de recrutement. Après la reprise des concessions des Ulis (91) et de Montrouge (92), le constructeur envisage d'ouvrir de nouvelles affaires à Meaux (77), La Roche-sur-Yon (85), Angoulême (24) et Fréjus (83) au cours de l'année.

Les agitateurs coréens

Chez les japonais, Toyota préfère rester discret. Nos savons néanmoins que le constructeur n'a toujours pas trouvé de distributeur intéressé pour représenter la marque sur Créteil (94), Clamart et Châtillon (92). Cette même zone sur laquelle le constructeur nippon prospectait déjà l'an passé. Chez Suzuki, on ne compte que 4 open points à saisir. Chambourcy/St-Germain (78), Arpajon/Montlhéry (91), Bagneux (92) et Toul (54). Même chose chez Honda, qui entend d'ores et déjà en recruter 10 sur l'exercice 2010. Daihatsu, affiche pour sa part un nombre conséquent d'open points, puisque la marque cherche 15 à 20 points de vente supplémentaires avant la fin d'année. Mais 8 d'entre eux sont liés à un renouvellement. Quant à Mazda, la marque recrute surtout parce qu'elle résilie. Notamment à Rennes (35), Lorient, Vannes (56), Charleville-Mézières (08), Douai (59), Le Havre (76), Chambourcy (78), Boulogne-Billancourt, Nanterre et Courbevoie (92). Cette année, comme l'an dernier du reste, le mouvement est davantage à chercher du côté des constructeurs coréens.

Comme de coutume, Hyundai et Kia poursuivent en effet le lifting de leur réseau en tentant d'attirer de nouveaux partenaires. Ce sont là les deux seules marques véritablement en quête d'investisseurs cette année. Hyundai envisage en effet d'ajouter 30 points de vente dans son maillage avant fin 2010, dont 15 avant la fin de cette année. Pour Kia, les ambitions sont encore plus conséquentes puisque la marque espère s'enrichir de 60 affaires dans les 18 mois qui viennent, dont 40 avant la fin 2009 ! Un vrai recrutement d'envergure qui amènerait les deux réseaux aux environs de 200 points de vente en France. Dans le détail, le gros du chantier concerne toujours Paris et sa région. Hyundai nous confie justement "qu'une zone de 10 arrondissements est à couvrir" au sein même de la capitale. Paris, où la marque affiche aujourd'hui un seul point de représentation. En l'occurrence, sa filiale Automotion, dans le 9e arrondissement, également implantée à Puteaux (92). Autour, les recherches sont toujours aussi fournies : Boulogne-Billancourt (92), Fresnes/ Choisy-le-Roi (94), Versailles, Mantes-la-Jolie (78), Fontainebleau (77)… Pour Kia l'Ile-de-France reste aussi le terrain de chasse le plus vaste. Absent de Paris depuis la fin 2008, la marque pourrait d'ailleurs y revenir en force très prochainement.

ZOOM

Les chinois toujours en stand-by

Arlésienne ou serpent de mer, les Chinois n'en finissent plus de bientôt arriver sur le sol français. L'imminence a fait long feu et l'Hexagone n'a toujours pas vu poindre le bout d'une calandre chinoise. Alors, les constructeurs de l'Empire du milieu profiteront-ils de l'année du bœuf pour enfin arriver sur le marché français et déployer des étendards à tout va dans les concessions ? A première vue, pas vraiment. D'une part, parce qu'Asie Auto a d'ores et déjà fomenté son réseau de distribution et n'attend plus que les premiers véhicules. La signalétique est prête et, en attendant les homologations, patiente toujours dans les cartons de l'importateur. La BS4 de Brilliance pourrait d'ailleurs arriver à la rentrée prochaine. Rien de certain, toutefois. Côté China Automobiles France, l'autre importateur de véhicules chinois en France, on n'est pas plus avancé. La société a un véhicule homologué, mais tarde en effet à séduire les 40 distributeurs dont elle dit avoir besoin.

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