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Une meilleure année 2011 !

Publié le 23 décembre 2010

Par Ernest Ferrari
4 min de lecture
L’année 2010 aura donc bien été une “moins mauvaise” année que nous ne le redoutions à l’occasion de nos vœux de l’année dernière.

Disons même qu’il s’est agi d’une bonne, voire d’une excellente année, puisque tous les constructeurs (ou presque) en sortent mieux qu’ils n’y étaient entrés. La rentabilité des ventes aux Etats-Unis, en Chine et dans les autres pays en forte expansion y est certes pour beaucoup, mais ce qui est acquis n’est plus à acquérir. Que l’année 2011, donc, soit encore meilleure ! Cela ne suppose-t-il pas que l’on prenne quelques “bonnes résolutions”… sous forme de conseils ?

Allez donc vendre ailleurs, mais ici aussi…

La Chine, c’est chic, ainsi que les autres pays du Bric. Il y aura encore des millions de Chinois, d’Indiens, de Brésiliens pour acheter des voitures européennes, et c’est bien ainsi. En revanche, il y a de fortes probabilités que les marchés européens se portent assez mal, à commencer par le nôtre, auquel les fortes primes à la casse vont manquer. Or, il serait dangereux pour l’avenir de négliger l’Europe, même si la manne des pays émergents devait continuer. D’abord parce que l’Europe est, avec l’Amérique du Nord et la nouvelle Asie, l’un des trois grands espaces de l’automobile dont il est impensable, pour des raisons de masse critique globale, qu’on en soit absent, ou qu’on s’y affaiblisse durablement, surtout si l’on est Européen. Ensuite, parce qu’aucun de ces grands espaces n’est à l’abri d’un retournement de conjoncture, ou d’un changement progressif des stratégies gouvernementales, avec en final une fermeture du marché aux investisseurs étrangers. Enfin, parce que si on laisse le champ libre chez soi, d’autres viendront combler les vides. L’Europe pour les Européens, et singulièrement la France pour les Français, sont des forteresses qu’il faut défendre. Le marché automobile est global, certes. Mais, comme le font les Japonais, il est bon d’être maître chez soi. Ce qui ne veut pas dire qu’on doive s’y barricader.

... et ouvrez les portes aux nouveaux constructeurs chinois, indiens…

Les naïfs ne sont nombreux que là où on ne les attend pas. Il est à craindre que les constructeurs européens ne tentent quelque type de bricolage protectionniste, par exemple à travers les procédures d’homologation des véhicules, pour empêcher ou retarder longuement l’arrivée des nouveaux constructeurs asiatiques. On en connaît la raison : les constructeurs en question viendront proposer des modèles moins chers ou beaucoup moins chers que les nôtres, mais ayant des caractéristiques comparables, voire très ou trop semblables. Or, faire la guerre aux nouveaux arrivants est exactement l’inverse de ce dont on a besoin. Ne serait-ce que parce que des rétorsions seraient possibles dans leur pays… et plus fondamentalement parce que le protectionnisme camouflé n’est pas plus avantageux, à long terme, que celui qui ose dire son nom. Il serait beaucoup plus intelligent de proposer aux nouveaux entrants une politique directement inspirée de celle que les Chinois pratiquent chez eux vis-à-vis des constructeurs occidentaux. A savoir, par exemple, l’obligation d’opérer en “joint-venture” avec un partenaire local, et d’ouvrir ou racheter des usines de montage en Europe.

… et surtout, soutenez la demande de véhicules neufs !

Pas d’autres primes à la casse, s’il vous plaît : on a déjà donné. S’il y a une solution durable à l’anémie du marché, celle-ci passe par la conquête de nouveaux acquéreurs potentiels, actuellement orientés vers les voitures d’occasion à très bas prix (faute d’une offre VN correspondant à la fois à leurs nécessités et à leurs budgets) ou franchement réfractaires à l’automobile telle qu’elle se présente aujourd’hui. Il faut donc réexaminer les gammes de modèles actuels et les plans produits prévus, lesquels, sauf exceptions (aujourd’hui Dacia, demain Tata) ne s’adressent qu’au macro-segment des automobilistes traditionnels. A ceux-ci, on offre de tout, y compris des modèles qui ne se vendent que très rarement et dont le coût pour les constructeurs est suicidaire. L’effort à faire est donc considérable : il s’agit de faire constamment baisser les prix catalogue de l’automobile, à tout niveau de gamme, et de trouver tout aussi constamment de nouveaux clients. Tel est le défi de 2011, et des années qui suivront.

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