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Quelles perspectives pour le marché français ?

Publié le 24 avril 2009

Par Benoît Landré
6 min de lecture
Le 24 mars dernier, à Paris, le site Internet d'annonces automobiles AutoScout24 a invité des profes-sionnels et des experts de l'auto-mobile à débattre sur le sujet : "Que faire pour sortir le marché des véhicules d'occasion (VO) de...
Le 24 mars dernier, à Paris, le site Internet d'annonces automobiles AutoScout24 a invité des profes-sionnels et des experts de l'auto-mobile à débattre sur le sujet : "Que faire pour sortir le marché des véhicules d'occasion (VO) de...
...la crise et booster les ventes de véhicules neufs (VN) ?". Avec ce constat, unanime : l'occasion doit également bénéficier d'une aide sous peine de ralentir l'ensemble de la distribution automobile. Eric Bataille, directeur général d'Autoscout 24, rappelant d'ailleurs que "le VO constitue près de 70% des stocks des concessionnaires et leur immobilisation coûte environ 15 euros par jour et par véhicule. La clientèle du VO n'a pas été prise en compte alors que 55% des utilisateurs principaux d'une voiture pensent acquérir un VO en remplacement de leur voiture actuelle". Retour sur cet événement avec de larges extraits illustrant les craintes, les espoirs des différents intervenants ainsi que leurs attentes et leurs propositions. Tour de table.

Quelles perspectives pour le marché français ?

Jean-Charles Herrenschmidt : Plus nous disposerons d'outils de cotation, en commun avec les constructeurs, mieux nous arriverons à prévoir ce genre de crise. Il faut aussi aider nos partenaires qui sont garants de la fluidité du marché. Enfin, j'insisterai aussi sur le fait de développer des marges additionnelles en termes de services, et ne pas vendre seulement un VO ou un produit. Nous allons vers un métier où nous allons vendre de plus en plus de services par rapport à un bien donné et c'est également une façon de sortir de la crise.

Jean-François Bellaigue : Lorsqu'il y a eu en 1996 "les juppettes", le marché VN se situait aux alentours de 2,4 millions d'unités. En 1997, il est tombé à 1,7 millions. Malheureusement, je crains qu'à partir de janvier 2010, et toute l'année 2010, la situation soit encore plus dure. Nous sommes même peut-être un peu fautifs, car en décembre et en janvier nous avons très bien vendu sans véritablement nous soucier de la situation du VO.

Olivier Lamirault : Nous n'avons pas encore tous les éléments pour 2008 mais nous savons que la rentabilité moyenne des réseaux de distribution en France de marque sera inférieure à 1 %, vraisemblablement entre 0,6 et 0,7 %. Si vous ajoutez les impôts, la participation des salariés quand on est dans une entreprise de plus de 50 salariés, vous obtenez un résultat qui est très nettement inférieur à 0,5 % du chiffre d'affaires. C'est peu pour vivre, financer les stocks et faire des investissements que les constructeurs nous demandent. Dans cette rentabilité, aujourd'hui, le VN, s'équilibre tout juste. Le VO, pour ceux qui le gèrent très bien, est une source de profits, et pour ceux qui le gèrent moins bien, est une source de pertes. Avec ce qui se passe actuellement, c'est la dégringolade pour tout le monde. Enfin, nos ateliers se vident parce que les voitures sont de plus en plus fiables. Si quelqu'un doit faire la révision tous les 20 000, voire tous les 30 000 km, il arrive à déplacer de 5 000 à 20 000 km la date prévue de sa révision. La situation est donc très préoccupante quant à la pérennité des réseaux. Les premiers touchés par la crise étaient les équipementiers, et même les équipementiers de deuxième rang. Nous sommes ensuite montés vers les constructeurs et nous allons arriver aux réseaux de distribution.

Jean-Charles Herrenschmidt : Je vois une année 2009 qui risque d'être assez tendue en termes de pouvoir d'achat, mais aussi en termes d'achats et de volumes. Le système de distribution aujourd'hui est à sa limite en termes de rentabilité. Je crois qu'il est important de gérer cette crise à l'Américaine et non pas à la Française et de prendre des mesures immédiates pour résorber cela avant qu'il y ait une crise du chômage qui arrive et qui perdure.

Jean-François Bellaigue : Il y a une expression en France qui dit : "Pas vendu, par perdu". Le distributeur est content avec ses voitures, il n'a pas déprécié ses VO de peur de présenter au constructeur une situation qui ne soit pas bonne, et au banquier par la suite. Aujourd'hui, tout le monde se ment. Il faut donc faire extrêmement attention même si je pense qu'en France nous avons été un peu plus raisonnables que dans d'autres pays.

Eric Bataille : Il faut que nous pensions aux clients car il y a un vrai paradoxe que nous observons sur le Net où il n'y a jamais eu autant de connexions de personnes qui cherchent un véhicule à acheter. Nous voyons aussi via le panel Autobiz que la rotation des stocks de nos clients sur le Net est en train de ralentir. Environ 50 % des véhicules restent en stock d'un mois sur l'autre. Mais il y a quand même des gens qui cherchent des voitures et qui décalent leurs intentions d'achats. C'est la confiance qui fait tourner l'économie. Peut-être faut-il mettre en place des mesures symboliques comme en Allemagne avec la prime de 2 500 euros qui s'est accompagnée d'une hausse du marché de 21 % ?

Jean-Charles Herrenschmidt : Il faut un accompagnement très ponctuel sur le VO pour aider à passer le cap, et éviter qu'il y ait une richesse et un savoir-faire qui disparaissent en quelques mois. 

Olivier Lamirault : Si vous me posez la question de savoir si le lobbying des constructeurs est plus efficace que celui des distributeurs, la réponse est "oui". Dès que les premières mesures ont été évoquées,  le CNPA a rappelé que la distribution existait, qu'elle représentait en termes d'emplois plus de salariés que les constructeurs et les équipementiers réunis. Il ne se passe pas une semaine sans que nous rencontrions des ministres, des hauts fonctionnaires, des directeurs de cabinet, des experts pour leur exposer notre problématique. Nous faisons un travail de lobbying qui ne se voit pas, sur lequel nous ne pouvons pas communiquer, mais je peux vous assurer aujourd'hui qu'il y a une action très forte qui est faite et qui a déjà payé sur un certain nombre de plans.

Dominique Allain : Aujourd'hui, nous observons un marché qui se régule. Lorsque j'étais chez les constructeurs, nous savions à l'époque qu'il y avait 20 % de voitures en trop qui étaient produites sur le marché. Aujourd'hui, "grâce" à la crise, nous devrions avoir un rééquilibrage entre l'offre et la demande, et faire moins de bêtises.

Olivier Lamirault : Aujourd'hui, quel est le vrai marché ? Il y a une institution en France qui fait référence. Mais si nous sortons la cote d'un modèle 2008, nous sommes complètement en dehors du marché. Nous avons le sentiment, aujourd'hui, que le seul instrument de régulation et le seul moyen de savoir si les véhicules sont dans le bon prix ou pas, c'est Internet. Tous les distributeurs ont leur stock de VO sur le Net. Nous pouvons avoir des voitures qui n'ont pas un seul appel, vous bougez de 200 euros le prix et la voiture, dans les deux heures, est vendue. C'est d'ailleurs un problème qui se pose : "Comment ferons-nous dans le futur pour déterminer quelle est la bonne valeur résiduelle et la bonne valeur d'un VO ?"

Eric Bataille : Internet n'a pas pour vocation de faire des valeurs résiduelles, mais de mettre en relation des acheteurs et des vendeurs de voiture. Et aujourd'hui, nous avons une instantanéité et une visibilité du prix sur Internet puisque nous avons quasiment tous les véhicules qui y sont à vendre.

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