Malgré le déclin, les acteurs du VO croient toujours au diesel

La transition énergétique a beau être le mot d'ordre, les commerciaux tiennent un autre discours en boutique. Pour les revendeurs de véhicules d'occasion, il y a assurément encore des affaires à boucler avec des motorisations diesel. Et pour cause, même si l'offre se tarit, la demande resterait soutenue, selon leurs dires.

"Les modèles diesel ne sont pas boudés par les consommateurs", affirme Richard Guyon, fondateur d'AutoEasy, l'enseigne d'intermédiation CtoC et de VO 0 km. Un constat auquel s'associait récemment un distributeur des Deux-Sèvres. "Dans nos régions rurales et extra-urbaines, les véhicules diesel présentent encore de l'intérêt aux yeux de nos acheteurs, assurait ce dernier. Pour les conforter dans leur choix, nous nous portons garants financièrement". Aux incertitudes économiques et au manque de commodité entourant les modèles électriques au quotidien, les Français opposent une valeur sûre.

À ceci, les distributeurs ajoutent d'autres facteurs. D'abord, avec l'élimination méthodique des diesel dans les catalogues de véhicules neufs, il y a une migration de la clientèle vers des alternatives sur les parcs de VO. "Ce n'est que l’indisponibilité de modèles diesel qui fait tomber la pénétration de cette technologie dans les immatriculations de VN et non un désamour", se dit convaincu Raynald Thevenet, patron d'AutoJM, mandataire établi dans l'est de la France.

Une raison pour laquelle les points de vente sont encore nombreux à faire le pari de stocker des voitures diesel. "Les SUV-C et SUV-D diesel, en boîte automatique, âgés de moins de 48 mois et affichant 120 000 km au maximum ont une rotation très rapide chez nous", atteste Pierre Barthelemy, président de VO360, la plateforme de remarketing BtoB.

Des statistiques en berne

Les données compilées par AAA Data tendent à nuancer cet engouement. En considérant tous les canaux, 1,292 million de véhicules diesel d'occasion ont changé de main au premier semestre 2024. En comparaison à l'an passé, il y a donc eu 5 % de mouvements en moins sur ce segment, après déjà une chute de 6 % en 2023.

Les clients particuliers ont remis 1,238 million de véhicules à la route, soit 4,5 % de moins que l'année précédente. Leur contribution a cependant grandi de 0,5 points pour représenter 95,8 % des transactions au terme du premier semestre.

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Mais les professionnels n'en profitent pas autant qu'ils pourraient l'espérer. La part des VO diesel achetés en boutiques a fondu pour passer de 34,8 % à 33,2 % d'une année à l'autre. Sur la période, les distributeurs ont cumulé 428 740 ventes de VO diesel, soit 9,3 % de moins sur un an.

Même les échanges entre acteurs du secteur ont chuté. Selon AAA Data, quelque 38 300 véhicules ont été négociés en BtoB au premier semestre 2024, soit 14,9 % de baisse par rapport à l'an passé.

En considérant tous les canaux, il apparaît que les tranches d'âge 6-12 mois (-28,4 %, à environ 11 100 unités) et 1-5 ans (-16,8 %, à 204 700 unités) ont particulièrement influencé à la baisse les chiffres. Paradoxalement, les véhicules d'occasion diesel de moins de six mois d'ancienneté ont généré un surcroît d'activité de 3,6 %, à plus de 10 000 transactions.

Un dernier fait qui pourrait valider l'observation de Raynald Thevenet. "Nos acheteurs arrivent à dénicher en Europe des modèles diesel neufs à bons prix. Notre offre devient alors plus importante que chez des concessionnaires de marque, qui sont poussés à vendre de l’électrique et des hybrides", nous expliquait en juin dernier le directeur général d'AutoJM.

Cela devrait se ressentir au second semestre car, pour le moment, le tableau des ventes à particulier fait état de chutes significatives sur les segments les plus récents. Celui des exemplaires de 0-6 mois a reculé de 15,8 % au premier semestre, à 3 754 unités. Dans le même temps, la tranche des VO de 6-12 mois a perdu un quart de volume, à moins de 5 400 unités. Quant au cœur de marché, celui des VO de 1-5 ans, il a fondu de 17,7 %, à 136 700 transactions.

Au premier semestre, le marché des diesel d'occasion n'a enregistré de croissance que sur les vieux modèles. D'après AAA Data, 16 658 voitures dépassant 20 ans d'ancienneté ont trouvé un nouveau propriétaire. Un segment qui a bondi de 20,7 % par rapport l'exercice précédent.