Les VP neufs vendus en France toujours plus émetteurs en CO2
La première hausse du grammage moyen en CO2 des VP neufs, constatée en 2017, avait été une surprise. Cette seconde hausse, celle enregistrée en 2018, surprend déjà un peu moins. En effet, l’an passé, selon les données de AAA Data, le niveau moyen d’émissions de CO2 des VP neufs immatriculés en France a progressé pour atteindre 112 g de CO2 contre 111 g en 2017, et après le taux le plus faible jamais atteint, 110 g en 2016.
Pour rappel, l'augmentation de ce grammage moyen n’était pas arrivé depuis 1995…2017 avait ainsi mis un terme à 23 années consécutives de baisse, à mettre au crédit des progrès technologiques, du downsizing mais, aussi, de la domination dans le parc automobile français du diesel, dont les nouveaux modèles sont moins émetteurs en CO2 que les essence.
Le diesel en déshonneur
Et justement, en 2017 comme en 2018, ce recul du diesel explique en partie la remontée du grammage de CO2 moyens de VP neufs écoulés dans l’Hexagone. 2018 est en effet venu confirmer le déclin du diesel dans les immatriculations de type de véhicules et jamais la part de ce carburant n’a été aussi faible, ce qui a logiquement profité essentiellement à l'essence mais aussi, dans une moindre mesure qui n’a pas été suffisante, aux énergies alternatives.
"Diesel bashing", "dieselgate", annonces de restrictions de circulation, rééquilibrage de la taxation sur le litre, renchérissement du tarif des véhicules diesel liés aux technologies de dépollution et incitations commerciales sont autant d'éléments qui ont lentement mais surement creusé la tombe de ce carburant, il y a encore peu de temps plébiscité par les automobilistes français. Alors qu’en 2012, le diesel représentait plus de 75 % des immatriculations de VP, le repli a été observé chaque année, pour, en 2018, tomber à 38,9 %, à 844 000 unités.
Le bulldozer SUV avance toujours
Autre fait à avancer pour expliquer cette nouvelle hausse du grammage moyen en CO2 des VP neufs immatriculés en France : l’inexorable avancée du bulldozer appelé SUV. En 2018, ce type de véhicules a représenté en France pas moins de 36,4 % des immatriculations, toujours selon les données AAA Data. Des véhicules réputés pour afficher sur la balance un poids plutôt conséquent et un coefficient aérodynamique élevé, de par leur hauteur notamment, et ce, par rapport aux autres carrosseries, comme à titre d’exemple les berlines.
Si ces dernières avaient d'ailleurs semblé reprendre des parts de marché sur le second semestre 2018, avec une proportion régulièrement au-dessus de 51 voire 52 %, leur poids a fini par se limiter à 49,7 % sur 2018, tandis que les monospaces ont pesé pour 5,6 % des immatriculations, devant les break (4,4 %). Le recul du diesel et la montée en puissance des SUV ont été deux facteurs décisifs dans la hausse du grammage moyen, dans un contexte d’application au 1er septembre 2018 de la prise en compte des niveaux de rejets de CO2 selon la méthode NEDC corrélé.
Une nouvelle hausse pour 2019 ?
Au regard de ces deux explications, pas sûr que le grammage moyen en CO2 de VP neufs choisis par les Français ne soit guerre mieux en 2019. Entre les restrictions de circulations annoncées, le rééquilibrage des taxes entre le litre de diesel et d’essence, qui finira tôt ou tard par avoir lieu, ou encore le rééquilibrage de la récupération de la TVA entre les deux carburants, la part du diesel pourrait potentiellement encore reculer.
Sans compter que personne ne sait où s’arrêtera la vague SUV, alors que tous les constructeurs continuent de renforcer leur offre produits via ce type de véhicules. Reste aussi à savoir quand le gramme de CO2 calculé selon le cycle WLTP sera réellement pris en compte, même si officiellement, la date du 1er septembre 2019 a été pour l’instant fixée.