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Constructeurs

Yves Pasquier-Desvignes, président de GM France

Publié le 29 janvier 2010

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
"Opel a envie de se rebeller"Malgré une année 2009 sans doute la plus compliquée de l'histoire d'Opel, Yves Pasquier-Desvignes parle, compte tenu de ce contexte, de miracle en évoquant...
...la performance de la marque dans l'Hexagone. De quoi faire naître des ambitions pour 2010. Avec l'Astra, le Meriva, une large offensive annoncée sur le marché des sociétés et un réseau au diapason, Opel veut renouer avec la croissance.

Journal de l'Automobile. Quel bilan tirez-vous de l'année qui vient de s'écouler ?
Yves Pasquier-Desvignes. L'année 2009 a finalement été une très bonne surprise compte tenu du contexte qui était le nôtre en début d'exercice puis au cours de l'année avec la situation du groupe. Nous aurions pu craindre une certaine désaffection des clients, une baisse de nos parts de marché, une baisse de nos volumes, une baisse de nos ressources à investir sur le marché de la communication, mais nous n'avons pas levé le pied. Nous avons pu lancer tous nos produits et le résultat est quasiment un miracle. De plus, le réseau s'est mobilisé pour aider son constructeur et nous avons gagné des parts de marché sur le canal des particuliers. Nous avons réussi à stabiliser notre volume par rapport à 2008, tout en ayant volontairement abandonné les loueurs courte durée nationaux car nous avions décidé de réduire la voilure de 11 000 unités. Le réseau a su compenser ce volume. Un bon point pour son parc, sa rentabilité et son mix. En outre, aujourd'hui, Opel a envie de se rebeller et les investissements réalisés durant cette période économiquement difficile, témoignent de cette volonté d'aller de l'avant.

JA. Qu'en est-il de la rentabilité du réseau Opel ?
YP-D. Les volumes ont été au rendez-vous, permettant d'obtenir entre 0,5 et 0,75 % de rentabilité (0,75 % pour les exclusifs Opel). Une valeur acceptable même si on peut toujours la rêver meilleure. Dans l'univers automobile, cette rentabilité demeure sérieuse.

JA. Parmi vos distributeurs, certains connaissent-ils de grosses difficultés ? Craignez-vous pour leur avenir ?
YP-D. Paradoxalement, le nombre d'affaires en difficulté est resté le même. Cela représente entre 18 et 20 % du réseau. Parmi eux, la moitié nous préoccupe car leurs difficultés sont liées à la baisse du marché, à l'évolution défavorable du mix produits qui rendent plus lourdes les charges de la structure. Il peut également y avoir un effet de sous capitalisation à l'heure où les coûts de refinancement étaient plus élevés. Cela a dégradé le modèle économique. Pour l'autre moitié des 18 à 20 % des points de ventes en difficulté, il s'agit davantage d'un problème de sous performance, d'agressivité commerciale, de représentation sur le marché et de structures humaines et immobilières. Dans ce cas, nous ne pouvons, en rien, en assumer la paternité ou la responsabilité.

JA. Quelles ambitions affichez-vous pour 2010 ?
YP-D. Nos ambitions sont mesurées. Nous avons échangé avec notre maison-mère mais aussi notre réseau afin de définir au mieux nos objectifs pour cette année. Des objectifs tenant compte de l'évolution du marché, des produits que nous allons lancer mais aussi de notre notoriété. Nous pensons être capables de progresser de 10 000 VP afin d'atteindre 5 % de parts de marché. C'est-à-dire passer de 90 000 à 100 000 unités. Sur le marché du VUL, nous souhaitons gagner 3 000 ventes afin d'atteindre 10 000 unités. Nous pourrons compter sur la nouvelle Astra qui vient d'être lancée. Devenue quasi inexistante en 2009, je vois là un potentiel immédiat de 15 000 voitures. Ensuite, nous lançons le nouveau Meriva, tout en gardant pendant 12 mois l'ancienne génération. Cela va permettre de maintenir les volumes de l'ancien (9 000 unités) grâce à un bon positionnement prix mais aussi une offre GPL. Le nouveau Meriva, dont l'effet sera réel en septembre, devrait représenter 4 000 unités supplémentaires. Enfin, l'Insignia va encore jouer un rôle important sur le marché des sociétés via la longue durée, la LOA ou le crédit classique. Nous avons des arguments de reconquête avec de nouveaux partenaires comme ALD avec Opel Business Services. Nos objectifs sont donc structurés afin que nos distributeurs puissent bâtir un business plan sur des bases concrètes et programmer leurs investissements en fonction d'un plan produits et de volumes réalistes.

JA. Le business des sociétés est donc l'une de vos priorités cette année ?
YP-D. Oui. Nous y avons une part de marché très faible avec 1,22 %. A l'image du reste des canaux de distribution, nous souhaitons atteindre les 5 %. Pour revenir sur 2009, qui éclaire notre position, le contexte autour de la marque et son avenir a sérieusement compliqué la donne. En effet, les professionnels devant s'engager sur des valeurs résiduelles à 36 ou 48 mois n'ont pas pris de risque. Aujourd'hui, avec notre gamme EcoFlex à moins de 140 g avec une TVS réduite, nous allons retrouver pied sur ce marché avec une vraie crédibilité. L'Astra viendra nous y aider également car il s'agit d'un fort produit dans ce domaine.

JA. Que pouvez-vous nous dire sur l'avenir de Saab et de son réseau en France ?
YP-D. La position du siège est claire : GM étudie encore deux possibilités. La première est de vendre Saab, d'ailleurs les discussions se poursuivent avec deux potentiels acheteurs. La seconde est, s'il n'y a pas de cession, l'arrêt de la marque. Pour l'heure, ces deux hypothèses sont vraiment travaillées. Un cabinet d'administration spécialisé en restructuration à la mission de retailler, de retravailler l'outil pour être soit vendu, soit mis en arrêt progressif. J'explique au réseau Saab que la possibilité d'une cession, synonyme d'une continuation de la production et de l'exercice des contrats existe toujours. De plus, aujourd'hui les usines sont toujours capables de produire les commandes clients. Je conviens que la situation est difficile pour les réseaux, mais une fois encore, GM veut tout faire pour que la cession réussisse. Dans l'éventualité inverse, GM s'est engagé sur les activités après-vente et garanties Saab, jusqu'à la dernière des voitures.

JA. Quelle est votre vision du marché français pour l'année 2010 ?
YP-D. Je ne vois pas un marché très dépressif et en tout état de cause nous ne devrions pas connaître un effondrement comparable à celui de l'époque des Jupettes ou Balladurettes. Nous envisageons une année 2010 à un peu plus de 2 millions d'unités. J'imagine ce marché soutenu, pour la bonne et simple raison que les constructeurs doivent se battre. De plus, après une année 2009 où nous avons eu un type d'acheteurs différent, la clientèle traditionnelle devrait reprendre une part plus importante. Et il ne faut pas oublier les sociétés qui ne pourront pas décaler indéfiniment le renouvellement de leur parc. Ce canal devrait logiquement progresser cette année. Mais quel que soit le marché, la bataille commerciale va être forte, notamment du fait de la surenchère sur les incentives.

JA. Opel vise aujourd'hui 5 % de PDM. Mais quelle serait la part souhaitée à moyen terme pour la marque ?
YP-D. Honnêtement, elle se situe entre 5 et 6 % compte tenu du contexte français, avec Peugeot, Citroën, Renault mais aussi Dacia. Pour l'heure, notre objectif numéro un demeure 5 %. Atteindre 6 % serait l'idéal. Au-delà, c'est un autre débat avec notamment des investissements très lourds et des sacrifices sur les marges.

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