Volkswagen : un colosse au pied d’argile
...historique. Et par un rapprochement avec… Porsche !
Affaires de "famille"
Ferdinand Piëch n'est plus le président du groupe Volkswagen depuis 2002, mais l'influence de celui qu'on surnomme encore parfois "l'œil de Wolfsburg" reste immense. Dernier exemple : le récent rapprochement entre Porsche et Volkswagen. Difficile d'imaginer que le petit-fils de Ferdinand Porsche, inventeur de la voiture du peuple, n'est pas à l'initiative de cette vaste opération. Surtout quand on sait que les familles Porsche et Piëch détiennent 100 % des actions de Porsche, que Ferdinand Piëch en contrôle 13,2 % à lui seul et qu'il dirige la puissante entité Porsche Salzburg qui rayonne en Autriche et en Europe de l'Est. Ainsi, après de sévères luttes de pouvoir en coulisses, Wendelin Wiedeking, président de Porsche, annonçait récemment que "Porsche faisait l'acquisition de 20 % du capital de Volkswagen, devenant le premier actionnaire autonome de Volkswagen". Devant le Land de Basse Saxe qui dispose de 18,2 % des actions. Explication fragmentaire : "Cette solution à l'allemande est une condition essentielle pour un développement stable de Volkswagen et, ce faisant, pour la poursuite de la coopération entre les intérêts des deux sociétés". Une coopération qui comprend le "couple" Touareg-Cayenne, et d'ores et déjà un programme de développement de moteur hybride. Le rapprochement entre les deux firmes devrait s'intensifier très prochainement. Cet été, l'office anti-cartel allemand a autorisé le constructeur le plus rentable du monde à détenir une minorité de blocage dans le capital de Volkswagen. Soit 25,1 % du capital. En dessous des 30 %, seuil qui implique de facto le dépôt d'une offre de reprise… L'opération devrait donc se concrétiser dans les mois à venir. Elle renforce la position de Ferdinand Piëch. Sans pour autant affaiblir vraiment celle de Bernd Pischetsrieder, actuel président du groupe Volkswagen. Ce dernier, avec l'aide de Wolfgang Bernhard, président de la marque Volkswagen débauché chez Chrysler, jouera sa tête sur les résultats du plan de restructuration mis en place au sein du groupe.
Un gigantesque plan de restructuration
Pour sortir du rouge et retrouver un brin d'oxygène, Volkswagen déploie un plan de restructuration d'envergure. Dont les modalités demeurent encore évasives… Toutefois, 20 000 emplois seraient bel et bien menacés. Certains évoquent même le chiffre de 30 000 tandis que les plus optimistes se limitent à 14 000 suppressions de postes… Théoriquement, l'accord conclu l'an passé avec les syndicats, IG-Metall en tête, interdit les licenciements secs jusqu'en 2012 en Allemagne… Mais plus prosaïquement, Bernd Pischetsrieder a aussi rappelé que cet accord de garantie pouvait être remis en cause en dernier recours sur la base d'une clause stipulant que "la direction pouvait à nouveau renégocier si l'environnement économique l'exigeait". Seule certitude, le levier des départs à la retraite volontaires est d'ores et déjà actionné. Dès lors, il faut suivre un flot d'informations bien éparpillées. 3 200 employés de Volkswagen en Allemagne ont récemment accepté le protocole du départ volontaire et selon la direction, "3 500 nouveaux accords devraient être conclus dans un avenir proche". Au Brésil, dans son usine de Sao Bernardo do Campo, le groupe licencie : 1 800 postes ont été supprimés. En attendant plus, voire la fermeture pure et simple du site… Bref, les comptes devront être faits à la fin. Parallèlement, des plans d'économie drastiques sont déployés. Par exemple, le programme For Motion a permis d'améliorer le bénéfice du groupe de 3,5 milliards d'euros en 2005. Mais cela ne suffit pas, d'autant que la hausse du prix des matières premières n'épargne pas le groupe. Un autre programme de réduction des coûts, portant sur 10 milliards d'euros d'ici 2008, pourrait être officialisé. D'importantes économies seraient notamment réalisées au niveau du département "Achats" et de la production. Enfin, le sursaut du groupe passe aussi par un redéploiement des gammes des différentes marques. La problématique est particulièrement vive pour Volkswagen et surtout… Seat. Un maillon faible encombrant qui alimente de vraies fausses rumeurs de cession. Au final, si l'horizon du groupe Volkswagen, pris dans sa totalité, est loin d'être dégagé (perte de vitesse aux Etats-Unis et en Chine par exemple), il reste solidement ancré sur le marché européen, comme le démontre largement notre dossier. En 2005, la marque Volkswagen a ainsi retrouvé sa position de leader en Europe, détrônant Renault.
Alexandre Guillet
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