Véhicules électriques : les Norvégiens nuancés sur les bénéfices
Dans le cadre de l’édition 2019 de son enquête internationale réalisée en ligne, l’Observatoire Cetelem s’est penché sur la place du véhicule électrique dans le monde. Pour ce faire, 10 600 personnes ont été interrogées dans seize pays*, dont 3 000 en France. Un constat étonnant a émergé de cette enquête : la Norvège, pays dans lequel le véhicule électrique est le plus implanté et démocratisé, semble aujourd’hui avoir un regard plus nuancé sur le bénéfice de cette technologie. Pour rappel, les véhicules électriques y ont représenté près de 21 % de part de marché en 2017 grâce à de nombreuses incitations mises en place. Mais, aujourd’hui, l'heure est au retour d'expérience.
Première preuve, à la question de savoir si les automobilistes croient en l’avenir du véhicule électrique, les Norvégiens ont répondu oui à 77 %. Si cette proportion semble de prime abord élevée, elle reste cependant bien inférieure à la moyenne mondiale de 85 % et est parmi les plus basses des seize pays, aux côtés notamment des Etats-Unis, du Royaume-Uni (73 %) ou encore de l’Allemagne (68 %), qui affiche le taux le plus bas. Autre chiffre marquant, seuls 54 % des automobilistes norvégiens ont déclaré penser qu’un électrique demande moins d’entretien qu’un thermique, contre 68 % en moyenne mondiale. Ici encore, la Norvège fait partie des pays aux taux de réponse les plus bas avec le Japon (58 %) et l’Allemagne (56 %).
Doute sur l’efficacité écologique
Les Norvégiens en sont même à douter des qualités environnementales d’un électrique puisque 78 % d’entre eux seulement ont affirmé qu’un tel modèle est écologique, soit le score le plus bas, contre une moyenne mondiale de 89 %. Enfin, 85 % ont déclaré que l’utilisation massive de véhicules électriques dans les zones urbaines denses permettra de réduire significativement la pollution, une des proportions parmi les plus faibles relevées dans les différents pays. Points positifs tout de même, les Norvégiens reconnaissent une économie à l’usage, et une conduite agréable et souple.
"La Norvège, qui a très tôt mis en place des incitations majeures à l’achat d’un modèle électrique, commence aujourd’hui à prendre du recul, à mieux discerner les bénéfices et les limites. Et ce, contrairement aux pays où ces électriques émergent encore. Les automobilistes les plus enthousiastes sont d’ailleurs dans les marchés où l’électrique est très peu présent", commente Flavien Neuville, directeur de l’Observatoire Cetelem. Ainsi, à titre d’exemple, les Mexicains et les Brésiliens sont les plus optimistes quant à l’avenir de l’électrique… alors que leur part dans le parc total n’atteint pas 0,1 %...
La France, un pays d’électrique sceptique
Un retour d’expérience peu encourageant pour les autres pays en phase d’apprentissage, tels que le l’Allemagne et France où les électriques ont respectivement représenté 0,8 et 1,2 % en 2017 et où les bénéfices de l’électrique sont plus ou moins reconnus par rapport aux autres pays étudiés. 73 % des Français croient en l’avenir de l’électrique, soit une des plus faibles proportions relevées. Les Allemands sont les moins confiants en cette technologie, à 68 %.
71 % des Français pensent que l’électrique est économique à l’usage, soit six points en moins par rapport à la moyenne mondiale. Pour information, cette proportion tombe à 66 % en Allemagne et à 65 % en Italie. 84 % des Français considèrent cette technologie comme écologique contre 89 % pour la moyenne mondiale, soit une des plus faibles proportions relevées avec celles de la Norvège (78 %), la Belgique (84 %) et l’Allemagne (85 %).
Les Français se méfient des volontés politiques
Pour Flavien Neuville, cette méfiance envers l’électrique résulte de la combinaison de deux facteurs : "Les Français sont échaudés par rapport au revirement de situation avec le diesel. Alors que les incitations étaient encore fortes il y a quelques années, aujourd’hui ce carburant fait l’objet de toutes les critiques. Il n’est donc pas étonnant que les automobilistes français soient dans une attitude de défiance et d’attentiste lorsqu’on leur parle d’électrique."
Seconde raison évoquée, la puissance de l’industrie automobile en France, mais aussi en Allemagne. "Dans le marché où la présence industrielle est forte, l’électrique est davantage mis en doute à cause des répercussions que cette technologie pourrait avoir sur l’emploi. Nous avons d’ailleurs noté que cette défiance était encore plus grande dans les bassins d’emplois en France, dans le Nord à titre d’exemple."
*Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.