Un nouveau départ pour Maserati

Composante emblématique du groupe FCA, Maserati tente de renaître une nouvelle fois. "La marque avait été très bien relancée par Sergio Marchionne (l'ex-patron de FCA), en particulier aux Etats-Unis, mais Maserati a ensuite connu des hauts et des bas jusqu'à être en crise", explique Carlo Alberto Carnevale-Maffè, professeur de stratégie à l'Université Bocconi de Milan. La cause ? "Les modèles proposés, l'affaiblissement de la marque avec la mort de Marchionne et l'arrivée de Mike Manley, dont la priorité a été Jeep", note-t-il.

Toujours est-il que la marque a levé le voile sur un nouveau plan de relance symbolisé par la MC20, une supercar qui se veut la digne héritière de la MC12. S'en suivront 12 autres modèles d'ici 2024 et tous seront électrifiés. "Nous retournons sur la piste de course, là où tout a commencé pour nous. Avec la MC20, nous posons la pierre angulaire pour construire le futur de Maserati. MC20 est la première voiture de ce type, conçue à 100 % à Modène, c'est le début d'une nouvelle ère", a lancé Davide Grasso, le patron de Maserati. La MC20 a une puissance de 630 chevaux grâce au nouveau moteur Nettuno, un V6 bi-turbo permettant de passer de 0 à 100 km/h en moins de 2,9 secondes et d'atteindre une vitesse de pointe de plus de 325 km/h.

Alors que Maserati utilisait ces dernières années des moteurs Ferrari, Nettuno signe "le retour de Maserati à la production de ses propres groupes motopropulseurs après une interruption de plus de 20 ans", s'est félicitée la marque. Cette Supercar, vendue à partir de 216 000 euros en Italie et dont la production débutera fin 2020, n'est qu'un des aspects de la nouvelle stratégie de la marque. Maserati, qui n'avait pas présenté de nouveau modèle depuis le lancement du SUV Levante en 2016, compte donc renouveler sa gamme, avec entre autres un SUV baptisé Grecale.

Le patron de FCA, Mike Manley, a indiqué, jeudi 10 septembre 2020, que l'objectif était que Maserati vende plus de 75 000 véhicules par an à horizon 2024-2025, tout en soulignant sa volonté de préserver "l'exclusivité" de la marque. Il a souhaité que 2020 soit "la dernière année de perte pour Maserati", entité sur laquelle FCA investit plus de 2,5 milliards d'euros. Un chiffre notable visant à relancer ce "joyau de la couronne" au "futur incroyable", selon lui.

"Tous nos nouveaux modèles seront proposés en version électrique" - avec pour débuter en 2022 la GranTurismo -, utiliseront "les systèmes les plus avancés de connectivité", un nouveau "moteur à combustion inspiré de la technologie de Formule 1", le tout avec "un nouveau programme de personnalisation et de service" à la clientèle, a détaillé Davide Grasso, en jugeant "lumineux" le futur de Maserati.

Pour l'avenir de Maserati, il faudra que l'enthousiasme du président de la marque se retrouve dans les produits. Car depuis une forte hausse de ses ventes en 2016 (+30 %) et 2017 (+22 %), atteignant cette année-là un pic de 51 500 voitures, elle subit depuis une baisse continue : -32 % en 2018 et -45 % en 2019 (avec seulement 19 300 véhicules). Et 2020, avec l'épidémie de coronavirus, a été dévastatrice comme pour tout le secteur.

"Le problème de Maserati est qu'il se situe entre le luxe (Aston Martin, Bentley...), un segment en difficulté, et le marché des Supercar (Ferrari, Lamborghini...), qui est lui en croissance, avec des carnets de commandes pleins sur 6 mois ou un an, et qui a su étendre sa gamme vers des modèles destinés à un public plus large", explique Carlo Alberto Carnevale-Maffè, avant de poursuivre : "Ce nouveau lancement peut réveiller Maserati. Mais une marque de luxe ce n'est pas seulement une question de modèles, mais aussi d'image, de réseau de distribution, de services, un ensemble d'éléments subtils qui font d'une voiture de luxe un vrai objet de désir." (avec AFP)