Toyota s'engage dans le développement de la filière hydrogène
Il n'y a pas vraiment de doute sur la capacité de l'hydrogène à devenir l'un des carburants de demain. Mais jusqu'ici, de nombreuses expériences n'ont pas vraiment réussi car un maillon de la chaîne était trop faible. Ainsi, en Californie, le nombre de véhicules électriques fonctionnant à l'hydrogène est important mais les stations manquent. En Allemagne, c'est l'inverse et des stations ferment faute de voitures.
Conscient de ses expériences, et sous la houlette de Mathieu Gardies, le patron de STEP, qui exploite 100 taxis à hydrogène dans Paris sous la marque Hype, Toyota, Air Liquide et Idex ont décidé de créer HysetCo, une coentreprise où chacun possède 25 %, pour, à terme, lever les freins au développement de l'hydrogène. HysetCo se pose ainsi comme garant que chacun des maillons nécessaires au succès avancent ensembles.
HysetCo sera, une fois arrivée à maturité, capable de fournir une mobilité hydrogène presque clé en main, allant de la station de recharge à la voiture en passant par la licence de taxi et les clients finaux. Avant d'en arriver là, Hype, qui aujourd'hui fait rouler une flotte de 68 hyundai et 32 Toyota hydrogène, va être dans un premier temps le fer de lance puisque la compagnie va faire rouler 600 taxis électriques fonctionnant avec ce carburant dans Paris d'ici fin 2020. Dès 2021, la société veut aller plus loin et proposer une solution complète de mobilité hydrogène "aux autres opérateurs de transports à la demande, afin qu’ils puissent à leur tour passer au zéro émission" indique Mathieu Gardies.
Dans ce schéma de développement, Toyota France va livrer 200 Mirai cette année et 300 l'année prochaine. Un choix stratégique que la filiale française a dû défendre au siège car ce volume représente les 2/3 des attributions européennes du modèle. "La livraison des 500 prochaines Toyota Mirai électriques à hydrogène matérialise notre engagement de concentrer les approvisionnements en un endroit avec un opérateur pour créer un écosystème hydrogène et donner de la visibilité à cette technologie" a expliqué Didier Gambart, le PDG de Toyota France.
Il faut rappeler que pour l'heure la Mirai n'est seulement produite qu'à 3 000 à 3 500 unités par an. Une cadence qui devrait toutefois grimper à 30 000 unités par an avec la deuxième génération de la berline attendue pour 2021 avant de rejoindre, avec la troisième génération, une capacité de production proche d'un modèle standard vers 2030.
Avec le projet parisien, Toyota veut ainsi montrer la force de sa technologie dans des conditions extrêmes d'utilisation. Il faut dire que les contrats de la Mirai prévoient 240 000 km en trois ans. Le nippon va aussi intervenir grâce à sa filiale Toyota Connect Europe pour travailler sur l'aspect digital de ces véhicules qui embarquent aujourd'hui cinq systèmes différents. Le but étant d'offrir au chauffeur une seule et même interface via Toyota Connect. C'est aussi l'occasion pour le nippon d'apprendre pour les futures solutions de mobilités qu'il proposera à l'avenir.
Pour Toyota, qui a déjà vendu plus de 7 000 Mirai dans le monde depuis sa sortie en 2014, cet engagement sera aussi précieux et offrira un retour d'informations important. Car Toyota, roi de l'hybride, veut et va élargir ses propositions technologiques. Et l'hydrogène en fera partie une fois que les coûts seront devenus plus raisonnables. Didier Gambart estime d'ailleurs que d'ici 2030 le coût de ces véhicules sera encore diminuer de 4 à 5 fois. Le but étant que l'écart entre un modèle électrique à pile à combustible et un modèle conventionnel ne soit pas supérieur à celui qu'il y a eu entre un hybride et un essence. Rappelons qu'une Mirai est aujourd'hui affichée 78 900 euros au catalogue de la marque.
De plus, hors de France, Toyota sera aussi très actif sur ce front de l'hydrogène dans les mois à venir puisque la marque, qui vise une réduction de ses émissions de CO2 de 90 % d'ici 2050, sera engagée dans une démonstration de mobilité vertueuse à l'occasion des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Elle y déploiera notamment des bus à pile à combustible mais aussi la deuxième génération de la Mirai qui n'arrivera en Europe qu'à l'horizon 2021.
Plus largement, la coentreprise HysetCo devrait permettre d'amplifier la dynamique autour de l'hydrogène. La société va ainsi pouvoir compter sur investissement de 100 millions d'euros de la part de ses quatre membres fondateurs afin de faire la preuve que la mobilité électrique avec l'hydrogène ne manque pas d'atouts. HysetCo reste, pour Mathieu Gardies qui en est aussi le président, une société ouverte qui pourra à l'avenir accueillir de nouveaux partenaires. Le président veut qu'elle devienne un fournisseur de solution de mobilité décarbonée. Pour l'heure, l'expérience est donc menée à Paris, bientôt à Bruxelles, mais il ne se met pas de limite géographique.
Naturellement l'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à Combustible (AFHYPAC) se félicite de cet accord. "La société HysetCo va permettre d’accélérer le déploiement de la mobilité hydrogène et la faire rentrer encore un peu plus dans le quotidien des franciliens. Avec 600 taxis hydrogène Hype en circulation d’ici 2020, cette flotte de grande envergure illustre ainsi parfaitement « le passage à l’échelle » tant nécessaire pour le développement de la filière en France" explique Philippe Boucly, le président de l’AFHYPAC.