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Constructeurs

Stellantis : comment Jean-Philippe Imparato a pris le pouvoir en Europe

Publié le 6 février 2025

Par Nabil Bourassi
4 min de lecture
Depuis sa prise de fonction en octobre 2024, l'ex-patron d'Alfa Romeo et Peugeot a récupéré toutes les prérogatives d'un directeur général de groupe : ingénierie, manufacturing, développement, direction des marques... Jean-Philippe Imparato apparaît désormais comme le seul dirigeant aux manettes de Stellantis Europe.
Jean-Philippe Imparato a repris la main de Stellantis en Europe. ©Alfa Romeo
Jean-Philippe Imparato a repris la main de Stellantis en Europe. ©Alfa Romeo

Ne cherchez plus… Le nouveau patron de Stellantis est déjà là, et il s'appelle Jean-Philippe Imparato. Du moins, pour la partie européenne. Depuis sa promotion en octobre dernier à la tête de la zone Europe, l'ancien patron d'Alfa Romeo n'a cessé d'élargir ses prérogatives et de remanier tout le management. 

 

Avec la nouvelle organisation annoncée le 3 février 2025, Jean-Philippe Imparato est désormais le tout puissant patron d'une structure plus grande que ne l'a jamais été PSA, tout en réunissant les prérogatives d'un patron opérationnel.

 

Toutes les marques européennes sous l'égide de Jean-Philippe Imparato

 

Ainsi, alors que son prédécesseur était borné au périmètre des ventes, Jean-Philippe Imparato a repris sous sa houlette le manufacturing dès le mois de décembre. Depuis le 3 février, il est également patron de l'ingénierie et du développement. Mieux, les patrons des marques européennes lui rapporteront directement, là où auparavant, ils répondaient à Carlos Tavares. DS, Opel, Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Lancia… Ils seront désormais tous sous la direction de Jean-Philippe Imparato. 

 

 

Ainsi, le nouvel homme fort de Stellantis est propulsé à la tête d'une organisation qui compte 80 000 salariés, 7 marques, 39 usines et 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

 

"Notre nouvelle organisation acte de fait le constat d'une régionalisation accrue du monde", a justifié Jean-Philippe Imparato, le 3 février, dans nos colonnes. Il fait référence au repli commercial des grandes régions du monde qui, de plus en plus, protègent leurs marchés. Stellantis avait été construit dans une logique de globalisation, mais la nouvelle donne géopolitique l'oblige à faire évoluer son organisation.

 

Fort de ses nouveaux pouvoirs, Jean-Philippe Imparato a décidé de couper des têtes, mécontent des performances décevantes de Stellantis Europe en 2024.

 

Des têtes coupées

 

Exit Linda Jackson, coupable d'avoir laissé Peugeot s'effondrer en Europe. Un crime pour Jean-Philippe Imparato qui a bâti sa réputation sur le redressement de Peugeot qu'il a dirigé entre 2015 et 2020. La Britannique, qui prend sa retraite, sera remplacée par Alain Favey, un proche de Jean-Philippe Imparato, passé par Citroën mais également par Skoda, Bentley et Europcar. 

 

 

Xavier Peugeot est également promu en prenant la tête de DS. Cette marque compte pour Jean-Philippe Imparato qui a toujours défendu la nécessité de consolider un pôle premium chez Stellantis, tout comme à l'époque de PSA. "En 2013, lors de la faillite de PSA, nous nous étions rendus compte que plus le groupe vendait de voitures, plus il perdait de l'argent, nous devons donc être dans une stratégie de valeur et non pas de volumes", avait-il résumé lors de sa prise de fonction chez Alfa Romeo pour justifier sa doctrine.

 

Yves Bonnefont a également été accompagné vers la sortie. L'ancien patron de DS et qui avait en charge la structure logicielle paye les bugs à répétition qui ont grippé les agendas de sortie des Peugeot 3008 et 5008 et de la Citroën ëC3. Ici aussi, Stellantis met fin à une verticale organisationnelle pour une approche plus transversale en rapprochant le développement des structures régionales. 

 

À l'inverse, les marques américaines, elles, seront sous la tutelle d'Antonio Filosa dont le nom revient en boucle pour devenir le successeur de Carlos Tavares. D'autres jugent possible que Stellantis soit plutôt dirigé sous la forme d'un triumvirat avec deux puissants patrons de région, et un président qui chapeauterait le tout et qui pourrait rester John Elkann

 

Risque de détricotage de la fusion ?

 

Plusieurs questions restent toutefois en suspens car si Jean-Philippe Imparato et Antonio Filosa ont deux régions sous leur responsabilité, quid des marchés annexes comme l'Asie ou l'Océanie ? Pour l'heure, Maxime Picat cumule toujours les fonctions de directeur des achats et de la chaîne d'approvisionnement, ainsi que des régions Asie-Océanie. Par ailleurs, il y a lieu de s'interroger sur la mise sous la tutelle d'Antonio Filosa de l'Amérique latine, une région dans laquelle les marques européennes sont pourtant bien plus puissantes que Jeep, Dodge ou RAM. 

 

Enfin, l'organisation en grandes régions crée de fait deux entreprises en une seule, et éloigne les équipes les unes des autres. Dès lors, le risque d'un détricotage de la fusion pourrait alimenter les spéculations de marché sur d'éventuels spin-off. Une spécialité de John Elkann, premier actionnaire et président du conseil d'administration, lors des années Fiat (Ferrari, Fiat Industrial…).

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