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Seat : Une León “Waltérisée”

Publié le 9 septembre 2005

Par Christophe Jaussaud
7 min de lecture
9 mars 2000, 6 septembre 2005. Seat lance la nouvelle León, cinq ans et demi après la première génération. La nouvelle compacte catalane, dernière création de Walter de'Silva, joue la carte de la sportivité tant grâce à ses lignes qu'à ses mécaniques. Tout en usant des synergies avec le groupe...

...Volkswagen, Seat a tout de même investi plus de 500 millions d'euros.


Dans les showrooms depuis peu, la nouvelle León a également débarqué dans les circuits du Championnat du Monde WTCC. En effet, depuis le 28 août dernier et la manche allemande d'Oschersleben, la León est la nouvelle arme du constructeur espagnol pour conquérir le titre mondial dès 2006. Une lutte de tous les instants qui rejaillira bien évidemment sur le terrain commercial. La León des showrooms a, elle aussi, une importance capitale pour la marque avec un investissement de plus de 500 millions d'euros. La R&D a demandé 150 millions d'euros alors que l'adaptation des process de fabrication de l'usine de Martorell ainsi que les frais de lancement ont englouti près de 350 millions d'euros.
"El Prototipo" de Genève est donc dans nos rues. Après l'Altea et la Toledo, la León a ainsi été "Waltérisée" ! En effet, Walter de'Silva, le directeur du design Seat a poursuivi la refonte de la gamme Seat annoncée en 2000 avec le concept Salsa avant de passer la main à Luc Donckerwolke (voir encadré). Fidèle aux traits qui caractérise aujourd'hui la marque, la León gagne incontestablement en personnalité, par rapport à la version 1999, mais paradoxalement elle se voit noyée dans une gamme très proche stylistiquement. Il n'est pas aisé au premier coup d'œil, si les autos sont de face, de distinguer une León d'une Altea ou d'une Toledo. Des similitudes que l'on retrouve en revanche naturellement sur les aspects cachés. En effet, la nouvelle berline catalane partage pas loin de 50 % de ses pièces avec l'Altea. Une bonne chose dans la majorité des cas. A l'intérieur, ces sœurs ont encore des points communs, bien que les deux habitacles soient différents. On retrouve une nouvelle fois sur la León une ambiance bien loin des inspirations latines de la marque. On y voit presque une contradiction entre un design extérieur attirant et chaleureux et un habitacle froid, aussi bien équipé et fini soit-il. Toutefois, ce point n'est en rien rédhibitoire car la León est par ailleurs pétrie de qualités, notamment dynamiques.





FOCUS

Luc Donckerwolke à la tête du design Seat


Luc Donckerwolke le "père" stylistique des Lamborghini Murciélago et Gallardo prendra le 15 septembre la direction du design Seat en lieu et place de Walter de'Silva. Pour ce dernier, "la nomination de Luc est un pas de plus dans le développement stylistique de Seat, une des valeurs clés de la marque dans son nouveau positionnement." Luc Donckerwolke, depuis 1998 chez Lamborghini, va également devenir directeur du centre de design Seat de Martorell en remplacement de Steve Lewis, qui prendra d'autres fonctions au sein du groupe de marques Audi. Quant à Walter de'Silva, il conserve sa fonction de directeur du design pour l'ensemble les marques de la galaxie Audi.

Jouer la complémentarité avec l'Altea

Pour Seat France, l'arrivée de cette nouvelle León ne va pas révolutionner le quotidien, car jusqu'ici l'Ibiza reste le modèle à volume, mais va le pimenter. Depuis la commercialisation de la première génération en 2000, la León a séduit 36 126 clients français. Plus de quatre années où 2002 restera comme la meilleure performance avec 8 177 León immatriculées. L'objectif annoncé de 8 000 unités pour 2006 peut donc apparaître comme un manque d'ambition mais il n'en est rien. Comme nous l'explique Jochen Funk dans l'entretien ci-contre, la marque prend en compte les évolutions du marché des berlines compactes sans cesse grignoté par de sous-segments tels celui des monospaces. D'ailleurs la León a même sa concurrente interne avec l'Altea. Il faut plutôt y voir une complémentarité, un atout, notamment sur les ventes flottes. Un marché sur lequel Seat veut jouer un rôle plus significatif. Et dans cette optique, Jochen Funk a d'ailleurs annoncé qu'une version de la "vieille" León resterait au catalogue afin que la transition entre les deux modèles soit plus douce. Cette cohabitation est pour l'heure programmée jusqu'à la fin de l'année. Sans doute une stratégie du groupe Volkswagen, puisque Skoda avait déjà fait la même chose lors de la commercialisation de l'Octavia II. Cela s'explique également par la volonté affichée de l'Etat Major espagnol de cibler plutôt haut de gamme et sportif avec la nouvelle León. En effet, Seat veut capitaliser sur un état de fait : "en Europe plus de 30 % des León ont été livrées avec des mécaniques de plus de 150 chevaux, explique-t-on chez Seat, alors que cette part n'excède pas 5 % chez nos concurrents."

Un nouveau 2.0 TFSI de 185 chevaux réservé à la León

Un choix qui explique la gamme essence où le petit 1,6 de 102 ch se retrouve bien isolé face au 2,0 FSI de 150 ch et au 2,0 Turbo FSI de 185 chevaux. Ce dernier, un quatre cylindres turbo à injection directe mériterait même une diffusion beaucoup plus large tant il est agréable. Cette mécanique, en version 185 chevaux, sera d'ailleurs une exclusivité Seat. Rappelons que ce bloc, décliné avec des puissances allant de 170 à 220 chevaux (sur lequel nous reviendrons prochainement grâce à l'actualité Audi), est présent sous le capot de nombreux modèles du groupe telle la Golf GTi en version 200 chevaux. Toutefois, aussi performantes et agréables soient-elles, ces mécaniques essence ne devraient malheureusement pas excéder 6 % des ventes en France si leur part reste la même qu'en 2004. En effet, cette année-là, plus de 94 % des León immatriculées dans l'Hexagone roulaient au gazole. Donc, pour contenter le plus grand nombre, Seat propose, dès le lancement les Diesel stars du groupe allemand avec le 1,9 TDI de 105 ch et le 2,0 TDI de 140 chevaux.
Et si vous doutez encore de la volonté de Seat de proposer des mécaniques puissantes, l'année 2006 apportera dans la gamme une nouvelle version du 2,0 TDI de 170 chevaux et côté essence la future León Cupra R devrait franchir la barre des 250 chevaux. Que ceux qui préfèrent le farniente automobile se rassurent, une León CC, qui serait assemblée au Portugal, ne devrait pas tarder à voir le jour.


Christophe Jaussaud





3 Questions à ...

Jochen Funk, Directeur Seat France


"Nous comptons réaliser environ 20% de nos ventes via les sociétés et la LLD"


Journal de l'Automobile. Quelles sont vos ambitions avec cette nouvelle León ?
Jochen Funk. D'ici la fin de l'année, nous comptons totaliser 2 000 nouvelles León. En revanche, en 2006, la première année pleine de commercialisation, notre objectif est d'atteindre 8 000 unités. Ce chiffre relativement stable par rapport à la génération précédente, s'explique de deux manières. D'une part, parce que la concurrence est toujours plus fournie, et d'autre part, Seat possède aujourd'hui l'Altea, un deuxième produit dans ce segment.


JA. Qu'en est-il de Seat Entreprises et quel rôle va y jouer la León ?
JF. Cette structure est opérationnelle, même s'il s'agit encore d'un petit département. Peu à peu cela évolue, le réseau y est de plus en plus sensible et travaille dans cette direction. Nous sommes sur le bon chemin. Nous avions encore un déficit produits que la nouvelle León vient combler pour plus d'efficacité. Avec l'Ibiza, l'Altea, la Toledo et donc la León, nous comptons réaliser, à moyen terme, environ 20 %, voire 30 %, de nos ventes via les sociétés et la LLD.


JA. Les résultats de Seat, à fin juillet, correspondent-ils à vos prévisions ?
JF. Avec une croissance de 3 % de nos ventes sur cette période, les objectifs que nous nous étions fixés sont respectés. Sur l'année complète, nous devrions enregistrer une augmentation de 3 à 5 %. La León jouera un rôle important dans cet objectif tout comme l'Altea qui s'est déjà vendue à plus de 5 000 unités depuis le début de l'année.

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