Seat réinvente sa Leon
Luca de Meo aurait sans doute aimé dévoiler cette 4e génération de Leon car ce modèle a été entièrement développé, durant 4 ans, sous sa présidence. Finalement, c'est Carsten Isensee, le président par intérim de Seat, qui a levé le voile, le 28 janvier 2020, sur cette nouveauté. Il n'a d'ailleurs pas manqué de remercier l'ancien président de Seat pour "son travail, son dévouement, pour avoir fait de Seat ce qu'il est aujourd'hui." Et pour le nouveau président, "la stratégie de Seat est claire et 2020 marque le coup d'envoi d'une nouvelle phase de croissance." Naturellement, la nouvelle Leon, entièrement revue, apportera son écot. Car cette berline compacte, malgré la folie de SUV, demeure primordiale pour la marque espagnole. Certes, les trois SUV de la gamme ont représenté 44,4 % des ventes en 2019 (254 800 unités sur 574 100) mais la Leon demeure la meilleure vente avec encore 151 900 unités écoulées l'année dernière.
Pour Wayne Grittiths, vice-président ventes et marketing de Seat, la 3e génération de la Leon, lancée en 2012, a même été le "game changer" pour Seat. En effet, avant l'arrivée des SUV à partir de 2015, cette génération de Leon va donner une nouvelle impulsion à la marque. La compacte va ainsi devenir le bestseller en lieu et place de l'Ibiza et tous les voyants vont, petit à petit, passer au vert. Sans doute la raison qui explique l'investissement total de 1,1 milliard d'euros pour ce programme. Une somme qui englobe le développement produit mais aussi l'adaptation de l'outil de production de Martorell puisque cette Leon sera notamment le premier modèle hybride rechargeable produit dans l'usine catalane. Depuis son lancement en 1999, la Leon a été vendue à 2,2 millions d'exemplaires dont plus de 1 million dans la 3e génération qui a affiché un taux de conquête de 70 %.
Technologique mais simple
Basée sur la nouvelle plateforme MQB Evo, déjà utilisée par la Golf 8 ou l'Octavia, la Leon fait notamment le plein de technologie avec "une attention toute particulière sur la connectivité" a expliqué Axel Andorff, vice-président R&D de Seat. Les ingénieurs ont soigné son interface pour que les clients interagissent avec la Leon comme avec leur smartphone ou tablette. La large palette de motorisations disponibles sera un autre atout. En plus des blocs essence et diesel traditionnels, la Leon pourra compter sur des variantes 48 V (110 et 150 TSi), une hybride rechargeable mais aussi sur un moteur fonctionnant au gaz naturel (TGi). Il y en aura donc pour tous les goûts et tous les besoins.
Le design est naturellement un autre élément indispensable au succès d'un modèle. Et comme pour la Leon "game changer" de 2012, Alejandro Mesonero, le directeur du desgin de Seat, s'est appliqué à créer un nouveau langage stylistique. Il n'a toutefois pas renversé la table mais fait évoluer le caractère déjà aperçu sur le SUV Tarraco. La face avant est verticale, l'arrière sculpté avec des feux reliés mais le tout reste simple. "Nous avons évité la complexité, le superflu, et travaillé sur les proportions qui font la beauté d'une voiture" a-t-il expliqué. Des proportions qui ont d'ailleurs évolué puisque cette Leon est plus longue de 8,6 cm (4,37 pour la berline et 4,64 pour le break), l'empattement gagne 5 cm, alors que la largeur (-1,6 cm) et la hauteur (-3 cm) varient peu. La simplicité est aussi au rendez-vous dans l'habitacle avec une planche de bord épurée où l'écran central devient le centre névralgique.
Premières livraisons en mai
Si en France la Leon n'a pas la même aura qu'en Espagne notamment, où elle est la Seat la plus vendue, elle demeure toutefois un modèle important de la gamme, notamment sur le segment des professionnels. En effet, en 2019, sur les 5 538 compactes (14,9 % de ses ventes) immatriculées en France, plus de 3 000 l'ont été en B2B. Un canal où la marque a d'ailleurs progressé de 64 % en 2019 avec 12 000 unités ainsi écoulées. La Leon cuvée 2020, notamment avec les versions eTSi (48V) et eHybrid (PHEV) devrait encore pouvoir faire mieux sur ce marché. D'une manière plus large, sans toutefois donner de chiffres précis, Sébastien Guigues, le directeur de Seat France, souhaite améliorer la performance de la Leon compte tenu de la qualité du produit ou encore de sa large palette de motorisations. Les tarifs seront dévoilés à l'occasion du salon de Genève, début mars, mais le directeur affirme qu'ils seront bien placés. L'évènement helvète marquera aussi l'ouverture des commandes. Les premières livraisons sont attendues pour le mois de mai. La berline et le break (15 % des ventes en France) arriveront ensemble dans les showrooms. La version hybride rechargeable apparaîtra avant l'été mais le vrai lancement aura lieu à la rentrée de septembre.
2 % de PDM en France en 2020
A l'image de la maison mère, en France la Leon a aussi eu un effet bénéfique sur les comptes. Comme les SUV aujourd'hui, qui représentent 62,3 % des volumes de la marque (23 165 des 37 148 ventes de 2019), la Leon a participé à l'amélioration du prix moyen des Seat vendues dans l'Hexagone. "En trois ans notre prix moyen a augmenté de 3 500 euros" indique Sébastien Guigues. Une bonne chose pour les comptes de Seat et de ses concessionnaires qui, à fin septembre 2019, affichaient déjà une rentabilité moyenne de 2,2 % (pour les sites exclusifs). Ainsi armé, Sébastien Guigues vise une part de marché de 2 % en 2020 après être passé de 1,3 % en 2017, à 1,5 % en 2018 et 1,7 % en 2019. La barre des 40 000 immatriculations serait ainsi franchie.