Seat : "La voix sera l'interface principale à bord des voitures"
Seat a annoncé l'introduction de Shazam dans ses habitacles. Que pouvez-vous nous dire de ce projet ?
Leyre Olavarria. Shazam sera intégré en avril prochain dans toutes les voitures équipées d'Anroid Auto. Il suffira de mettre à jour le système embarqué. Nous avons fait ce choix car l'application figure parmi les plus populaires et que nous avons appris que 70 % des utilisations de Shazam se font à plus de 30 km/h, ce qui correspond à une utilisation en voiture.
Quelle forme cela va-t-il prendre à bord ?
LO. Nous avons donc créé une fonction qui consiste à presser un bouton pour automatiser l'analyse de la chanson. Ensuite, une fois à destination, les titres sont visibles dans le smartphone et nous proposons même un recoupement avec la donnée cartographique pour géolocaliser le lieu de l'écoute durant le trajet.
Quelle est la finalité de votre point de vue ?
LO. Seat souhaite ainsi accroître encore la valeur de ses produits, selon une stratégie d'ajouts de fonctionnalités. Il n'y a qu'à voir les chiffres d'utilisation de Shazam pour comprendre que nous avons trouvé un excellent partenaire.
Comment avez-vous travaillé ce sujet avec Shazam ?
LO. Nous les avons approchés et leur avons exposés notre idée. Après quelques réunions, nous avons fait collaborer nos équipes pour solutionner les problématiques techniques. Ils sont venus à Barcelone, dans nos locaux, et nous ont fait l'honneur de leur présence au Mobile World Congress, lors de notre conférence.
Dans cette logique de partenariat, quel pourrait être le prochain chapitre ?
LO. Je ne peux révéler de détails de notre feuille de route. Mais, sur notre stand, nous exposons pour la seconde fois notre prototype baptisé "Cristobal", du nom du saintpatron des conducteurs. Ce véhicule fait la démonstration de nos avancées dans le domaine de la sécurité. Faut-il rappeler que plus de 80 % des accidents ont pour dénominateur commun la distraction au volant ou un état qui n'est pas favorable à la conduite ? Nous pensons pouvoir réduire de 40 % le nombre d'accidents en introduisant progressivement ces fonctionnalités.
Cela vaut pour le registre de la sécurité, mais en termes de connectivité et de services…
LO. Notre priorité est donnée à la 5G. Nous nous sommes rapprochés de Telefonica, l'opérateur espagnol, afin de comprendre quels sont les bénéfices et les modèles à inventer. Des pilotes vont avoir lieu, cette année, en Espagne, dans ce but.
En quoi toutes ces évolutions impactent-elles votre relation aux équipementiers de rang 1 traditionnels ?
LO. Cela change notre logique. Nous souhaitions jusqu'à présent tout développer par nous-mêmes, chez Seat ou en piochant dans le portfolio du groupe Volkswagen. Désormais, nous pensons autrement. Nous cherchons des partenaires. A titre d'exemple, s'il nous faut une navigation intelligente, alors contactons Waze. S'il faut un assistant vocal moderne, tournons-nous vers Amazon Alexa. Si Telefonica maîtrise la 5G, travaillons avec eux.
C'est ce qui vous a poussés sur les rives de Tel-Aviv ?
LO. En effet, nous avons investi en Israël dans une société du nom d'Explora, qui s'est focalisée sur la mobilité et les services associés. Détenue à 100 % par Seat, elle va garder son autonomie et sa liberté d'action et de méthode. A ce titre, les solutions que la start-up commercialisera seront toujours disponibles pour tous les conducteurs et non uniquement pour les clients de Seat.
Ce qui signifie que vous devez consacrer toujours plus de budget ?
LO. Il y a eu un bond dans les sommes investis dans le logiciel. Nous sommes passés d'un rôle d'entreprise de constructeur de véhicules à une entreprise qui édite aussi du logiciel. La R&D a représenté 900 millions d'euros environ en 2017, et si les deux secteurs ne s'équilibrent évidemment pas sur la balance, le saut en avant du budget logiciel est considérable, en termes d'investissements.
Revenons à Alexa et à l'incursion des chatbots, comment les voyez-vous se développer ?
LO. Faisons un saut dans le futur, alors ! Ils seront presque humains et en mesure d'identifier les passagers pour configurer l'atmosphère à leur convenance. Je pense réellement que la voix sera l'interface principale à bord des voitures. Ce qui représente, force est de l'admettre, encore beaucoup de travail à accomplir pour y parvenir.
Quel sera le calendrier ?
LO. Je ne peux encore le dire. Nous avons exposé au MWC un simulateur qui donne un aperçu de l'apport de l'intelligence artificielle. Tout ce que je peux certifier étant que la technologie va se déployer étape par étape et non d'un seul coup à une échéance fixée. Les Seat vont devenir de plus en plus intelligentes au fil des années.
En 2017, vous aviez exposé un simulateur. Cette année, il revient. Qu'avez-vous appris en un an ?
LO. Beaucoup de choses ! Rappelez-vous, il y a un an, nous ne parlions pas d'Amazon Alexa avec notre simulateur et pourtant il n'a fallu que quelques mois pour l'intégrer à nos véhicules. Idem pour la 5G. Ce qui prouve que nous apprenons et devons continuer d'apprendre chaque jour.
Fin février, Seat a repris Respiro, une société madrilène d'autopartage. Que peut-on y déceler, compte tenu des pilotes que vous menez en interne depuis un an ?
LO. Après les pilotes organisés à Barcelone, nous avons repris Respiro avec l'intention de déployer le service au-delà des seules limites de Madrid. Avec cette entreprise, nous allons apprendre de la vie réelle, c'est-à-dire comment gérer une flotte, son entretien et son hygiène. Seat continuera de produire des voitures de manière traditionnelle, quand bien même elles seront plus connectées et plus autonomes, mais nous allons construire un modèle d'affaires parallèle autour du service.
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