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Constructeurs

Salon de Tokyo : un pragmatisme prospectif

Publié le 9 janvier 2004

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Pour sa 37e édition, le Salon de Tokyo a été fidèle à sa tradition en dévoilant une pléiade de concept-cars. Cependant, les expérimentations fantaisistes et la démesure constatées en 2001, n'étaient plus à l'ordre du jour. Les constructeurs asiatiques sont en effet revenus à des projets plus...
Pour sa 37e édition, le Salon de Tokyo a été fidèle à sa tradition en dévoilant une pléiade de concept-cars. Cependant, les expérimentations fantaisistes et la démesure constatées en 2001, n'étaient plus à l'ordre du jour. Les constructeurs asiatiques sont en effet revenus à des projets plus...

  • ...prosaïques, parfois proches de la série. Un réalisme qui n'exclut pas les recherches d'avenir, comme en témoigne la multitude des véhicules exploitant la pile à combustible ou la technologie hybride. Un réalisme qui n'exclut pas non plus le jeu des influences, car les constructeurs asiatiques semblent aujourd'hui chercher une inspiration plus européenne.

    L'avenir propre selon Toyota

    Venu en force avec cinq concept-cars (dont un pour la marque Lexus), Toyota a d'abord fait fureur avec la PM (Personal Mobility). Cette monoplace à empattement variable, jouant sur le registre des connotations spatiales et rappelant accessoirement l'étude Zoom de Renault, représente une réflexion pertinente sur la mobilité urbaine et son avenir. Avec sa motorisation électrique, son joystick de direction, son système de commandes sans contact physique et son dispositif de communication inter-véhicules, elle synthétise bien certains axes de recherches actuellement en cours dans les bureaux d'études du constructeur. Au-delà de cette "bête de salon", Toyota a principalement choisi d'exposer des prototypes démontrant son investissement, voire son avance, dans la recherche sur la pile à combustible et les motorisations hybrides (concepts Fine-N, CS&S, SU-HV1). Enfin, il convient de souligner l'intérêt du concept-car NLSV (New Support Life Vehicle). Petite urbaine compacte, équipée d'une porte latérale coulissante électrique comme la future Peugeot 107, la NLSV devrait avoir un avenir de série au Japon. Pour les européens, elle préfigure surtout ce que seront les futures petites Toyota, au premier rang desquelles on devine la prochaine mouture de la Yaris.



    Honda la "Pile-Pile"

    Refusant de céder à la tentation du show spectaculaire, Honda a préféré jouer avec rigueur sur le registre du premier de la classe de filière scientifique. Ainsi, le concept-car Kiwami, un nom qui fait écho à la grande sophistication de l'art de vivre nippon, fonctionne avec une pile à combustible à hydrogène tout en affichant des mensurations très classiques, notamment en hauteur. Bien que son style soit un tantinet dépassé, elle a le mérite de démontrer que la pile à combustible n'est pas si dévoratrice d'espace qu'on le croyait il y a encore peu de temps. Parallèlement, Honda exposait la




    ZOOM

    Le marché japonais : “chasse gardée”

    Le marché japonais reste dominé par les asiatiques, comme en témoigne son podium : Toyota, Nissan et Honda. Viennent ensuite Suzuki, Daihatsu, Mitsubishi, ou encore Mazda. Les marques importées représentent environ 5 % du marché. Volkswagen, avec 24,2 % de PDM “importateurs”, mène le bal devant Mercedes et BMW. Du côté des français, on retrouve par ordre d’importance Peugeot, Renault et enfin Citroën.
    FCV-X, un véhicule compact deux portes équipé d'une pile à combustible. Pouvant accueillir quatre personnes, cette voiture roule à 150 km/h et jouit d'une autonomie avoisinant des 400 km. Bref, la FCV-X n'est pas si éloignée des modèles que nous conduisons aujourd'hui. Reste bien entendu à rationaliser les coûts de cette voiture pour envisager un lancement de moyenne série.



    Mazda face à son histoire

    Fort de ses succès commerciaux de l'année, Mazda et son designer Moray Callum avaient décidé de marquer les esprits à Tokyo en exposant trois concept-cars. Un chiffre historique, puisqu'il correspond à l'engagement le plus important de la marque sur un Salon, en termes de concept-car s'entend. En plus des concepts Kusabi et Washu, déjà aperçus à Francfort ou aux Etats-Unis, le constructeur d'Hiroshima a placé le concept Ibuki sous les feux de la rampe. Ce roadster de deux places, doté d'une silhouette minérale en aplat et d'un jeu sur les nervures tout en souplesse, est une ré-interprétation du MX5 de 1989. Avec sa calandre et ses optiques avant comparables à ceux des derniers modèles de la marque, il annonce donc logiquement l'esprit du successeur du MX-5 (aussi connu sous l'appellation Miata) qui devrait être commercialisé d'ici deux ans. Notons encore que Mazda traitait aussi la problématique environnementale, par le biais du moteur à hydrogène Renesis.



    Subaru surprend avec de petites urbaines

    Alors que Subaru est surtout connu en Europe pour ses sportives 4x4 à moteur central, les vedettes de son stand de Tokyo étaient les concepts urbains R1E et R2 ! Le plus étonnant reste sans conteste le R1E, intégralement mû par un moteur électrique, une énergie pourtant confidentielle sur les marchés automobiles japonais comme européen… Le R1E est en effet équipé des nouvelles batteries à manganèse-lithium-ion, plus légères et compactes que les batteries traditionnelles. La poupe du R1E, très galbée, n'est pas sans rappeler celle de l'Alfa Romeo 147… Une ressemblance somme toute logique puisque Andréas Zapatinas, récemment arrivé chez Subaru, a longtemps officié avec Walter de Silva chez…Alfa Romeo ! On peut noter que la face avant reprend le motif à trois grilles qui semble s'imposer chez Subaru. 
    On le retrouve d'ailleurs sur le R2, un petit prototype urbain qui épouse la forme d'un monospace et se distingue par des optiques placés en position haute et de vastes surfaces vitrées latérales. Contrairement au R1E, le R2 pourrait bien entraîner des applications de série. D'une manière générale, ces deux concept-cars attestent d'une évidente européanisation du style chez Subaru.



    Nissan : C-Note ou fausse note ?

    Riche de six concept-cars, le stand de Nissan jouait dans le registre de l'opulence. Au chapitre des bonnes surprises figure notamment le mini 4x4 Redigo (3,83 m sur 1,70 m pour 1,66 m de hauteur). Jouant principalement sur une géométrie de volumes et d'angles, le Redigo se caractérise par son toit ouvrant articulé autour d'une poutre de toit fixe. Surfant sur la vogue des SUV et des 4x4, cette étude a le mérite d'imaginer un nouveau segment des petits 4x4 urbains et attractifs. En revanche, la C-Note, une berline compacte très européenne, n'est pas vraiment convaincante. Cette cousine de l'Almera repose sur un mélange de Mégane (calandre) et de Peugeot 307 (proportions, vue de trois-quarts arrière), mais l'alchimie ne prend pas. Son intérêt est sans doute ailleurs. En effet, c'est la première Nissan à exploiter une plate-forme Renault, ce qui atteste du développement de la collaboration industrielle entre les deux marques. En outre, elle est proche de la série et devrait sortir à la fin de l'année 2004, mais uniquement sur le marché japonais. Drôle de destin pour une voiture d'inspirations européennes…



    Suzuki joue les visionnaires kitsch

    A Tokyo, Suzuki a marqué les esprits, confirmant ainsi que ce Salon reste le plus débridé du globe. Délibérément excentrique, le Suzuki Mobile Terrace est une étude de monospace compact (4,05 m). Avec ses gigantesques panneaux vitrés et son système de portes coulissantes, il s'affirme comme un ludique exercice de style sur la modularité intérieure auquel
    s'agrège une démonstration des progrès techniques réalisés dans ce domaine. Ainsi, les sièges sont pivotants, la planche de bord est escamotable et le plancher recouvert d'une épaisse moquette peut coulisser vers l'extérieur. D'où l'appellation de "Terrasse". Enfin, le traitement des jantes est un modèle d'appoggiature stylistique. Par l'intermédiaire de ce prototype, Suzuki met en avant sa créativité, mais aussi son savoir-faire en matière de haute technologie. Le Mobile Terrace embarque en effet un châssis General Motors à pile à combustible et explore le potentiel "tout électronique" du by wire. Toutefois, on peut regretter que le projet design, plus proche de l'univers des Teletubbies ou de Barbie que du principe de faisabilité, soit si éloigné de la réalité de l'automobile de demain.



    Mitsubishi ou le sens de la compacité

    Parmi les quatre concept-cars exposés par Mitsubishi, un seul était vraiment dévoilé en avant-première. Il s'agit de la Se-Ro, qui reprend la plate-forme du monospace "i" présenté à Francfort. La Se-Ro correspond au segment japonais très porteur des K-Cars, c'est-à-dire des véhicules de moins de 3,395 mètres et de 660 cm3 maximum. Dessinée sous la houlette d'Olivier Boulay, elle concrétise un remarquable travail sur l'habitabilité et la modularité du véhicule. Ce tour de force portant sur le traitement et la rationalisation de l'espace s'explique notamment par le positionnement du moteur central sous le plancher. Fonctionnelle, la Se-Ro s'affirme aussi comme un brillant exercice de style, comme en témoigne sa carrosserie tout alu avec son insensible déséquilibre avant/arrière ou encore le motif du cockpit exploité en hommage au passé d'avionneur de la marque. Si la Se-Ro ne sortira pas en Europe, elle laisse cependant entrevoir quelques traits des petits véhicules que Mitsubishi souhaite commercialiser sur ce marché à partir de 2005.


     


    *Photos du Salon réalisées par Karim Bouffay de la Société Carism.

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