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Constructeurs

Salon de Genève: Le grand écart

Publié le 11 mars 2005

Par Christophe Jaussaud
8 min de lecture
L'importance d'un modèle ne se mesure pas à sa taille, sinon la triplette tchèque de PSA et Toyota n'aurait pas résisté à la Citroën C6. Aussi différents soient-ils, ces modèles, qui n'ont strictement rien en commun sinon une marque, Citroën, ont été les nouveautés de cette 75e édition du Salon...
L'importance d'un modèle ne se mesure pas à sa taille, sinon la triplette tchèque de PSA et Toyota n'aurait pas résisté à la Citroën C6. Aussi différents soient-ils, ces modèles, qui n'ont strictement rien en commun sinon une marque, Citroën, ont été les nouveautés de cette 75e édition du Salon...

...de Genève.


Une fois encore, le Salon de Genève fut riche de nouveautés. Il y en a eu pour tous les goûts, de toutes les tailles et à tous les prix. Une 75e édition placée sous le signe du "concret" avec une domination des modèles commercialisés d'ici peu et de nombreux concept-cars aux portes de l'industrialisation. Nous retrouverons dans le prochain numéro l'ensemble des stars de cette nouvelle édition. Cependant, l'événement de ce Salon fut double avec la première apparition des citadines franco-japonaises, Citroën C1, Peugeot 107 et Toyota Aygo et de la Citroën C6, le nouveau vaisseau amiral de la marque aux chevrons. Un véritable grand écart automobile. En levant enfin le voile sur la C6, six ans après le concept C6 Lignage qui l'annonçait, Citroën réapparaît enfin sur le segment des hauts de gamme, et l'on peut dire que la marque l'a fait avec la manière. "La C6 vient couronner la gamme des berlines par son appartenance au monde du haut de gamme. Un monde dans lequel le style unique et intemporel des grandes Citroën ainsi que leur technologie innovante ont permis à la marque de construire une légitimité reconnue, lance Claude Satinet lors de son discours sur le stand. La C6, empreinte de modernité, affirme aussi son hérédité avec fierté." On a compris que Citroën est très fier de son nouveau haut de gamme, mais est-ce que les clients potentiels vont se souvenir des hauts de gamme passés de la marque ? Cela fait, en effet, assez longtemps que deux chevrons n'ont pas eu un tel statut. Cependant, Citroën s'est donné les moyens de réussir son come-back. En effet, cette nouvelle berline fait le plein côté technologies et équipements. On pourra citer pêle-mêle l'affichage tête haute, l'Afil, une suspension à flexibilité et amortissement piloté ou encore des projecteurs directionnels xénon bifonction. Commercialisée d'ici la fin de l'année, normalement au cours du quatrième trimestre, la C6 disposera de deux mécaniques 6 cylindres. En plus du V6 essence, déjà présent dans la gamme Citroën mais revu et corrigé avec 215 ch, la C6 sera équipée du V6 HDi développé en collaboration avec Ford. Ici, cette mécanique qui équipe déjà les 607 et Jaguar S-Type développera 208 ch. Toutefois, et même si rien n'a été annoncé, il serait logique de retrouver, quelques mois après le lancement, des mécaniques de cylindrée et puissance inférieures pour des clients telles les entreprises ou les flottes. Cela permettra également d'obtenir un prix plus compétitif. En effet, avec un prix "proche de 50 000 euros", comme l'a confirmé Claude Satinet, la C6 est également haut de gamme dans le tarif et n'a évident pas fait des volumes son objectif premier. D'ailleurs, le directeur général de Citroën reste flou sur ces derniers : "Notre prévision de volumes est relativement ouverte, confie-t-il, elle est comprise entre 20 000 et 30 000 unités en année pleine." Ce volume s'entend au niveau européen. Citroën veut séduire autrement, la C6 y réussira-t-elle ? Il le faudrait, cela ferait du bien à l'ensemble de la production française haut de gamme qui n'a pas forcément brillé ces dernières années. Ce serait peut-être la fin d'un complexe… En revanche, il y a un domaine, les petites voitures, où les Français n'ont de leçon à recevoir de personnes. Quoique ?

La 107 sera commercialisée en juin à 8 500 euros

L'autre véritable événement de cette 75e édition du Salon est en fait triple avec les C1, 107 et Aygo. Les premières cousines tchèques sont sorties de l'usine de Kolin le 28 février dernier, date du lancement de la production en série. Jean-Martin Folz et Fujio Cho se sont d'ailleurs rencontrés à Genève pour fêter l'événement et répéter ô combien cette coopération était bénéfique pour les deux constructeurs. Même plus bénéfique que prévue puisque les partenaires ont réussi à économiser près de 200 millions d'euros sur la facture globale du projet qui devait s'élever à 1,5 milliard. Une cagnotte, en quelque sorte, qui n'a rien pour déplaire à Frédéric Saint-Geours qui précise que, sur de tels programmes de véhicules à bas prix, tout ce qui peut améliorer la rentabilité est bon à prendre. Pour cette première année d'exploitation, chaque marque disposera de 30 000 unités environ avant que l'usine ne soit à pleine cadence, 300 000 unités, c'est-à-dire 100 000 véhicules par marque. Si pour Toyota, l'Aygo annonce la refonte de son segment B avec, d'ici peu, une Yaris plus cossue, pour les deux marques françaises, la C1 et la 107 viennent clôturer une offre sur le segment B qui a totalement été renouvelée ces dernières années. "En 2001, nous ne proposions qu'un seul véhicule décliné en 3 et 5 portes dans ce segment, souligne Claude Satinet, nous sommes désormais fortement représentés avec quatre offres différentes et complémentaires." Un éclatement de l'offre qui a eu pour principale conséquence de voir progresser Citroën sur ce marché : "En Europe, notre part de marché sur ce segment a doublé en l'espace de quatre ans, confie le directeur général de Citroën, passant de 4,7 % en 2001 à 9 % aujourd'hui." Chez le cousin Peugeot, la situation n'est pas similaire, mais elle pourrait le devenir rapidement. En effet, avec une 206 qui résiste pas mal bien qu'en fin de vie, le lancement de la 1007 en avril et l'arrivée de la 107 en juin, l'objectif de Frédéric Saint-Geours, qui est de regagner des parts de marché en Europe, ne paraît pas irréalisable. D'autant que, pour le directeur général de Peugeot, "cette voiture est une vraie voiture européenne, avec tous les éléments de sécurité passive et active que cela implique et qu'attendent les clients européens, pour 8 500 euros !".

Un moteur Diesel qui ne devrait pas être ultra dominateur

Un cocktail qui fait dire au dirigeant français que les 30 000 unités prévues cette année et les 100 000 prévues pour 2006, au niveau européen, ne devraient pas avoir de mal à être vendues. Au niveau hexagonal, bien que Citroën n'ait pas annoncé d'objectif, on peut légitimement penser que la marque aux chevrons ne devrait pas être loin des 8 000 unités annoncées par Peugeot pour l'année 2005. Chez Toyota France, l'objectif de l'année s'établit à un peu plus de 4 000 unités avant de viser 13 000 ventes en 2006. Une différence qui s'explique en partie par le poids de chaque constructeur en France, mais aussi par les offres dont ils disposeront dès le mois de juin. Si tous auront des versions 3 et 5 portes, Toyota n'aura au catalogue que la motorisation essence, un 3 cylindres de sa conception. Il ne devrait disposer de la mécanique Diesel fournie par le groupe français (1,4 HDi dégonflé à 54 ch) qu'en fin d'année. Toutefois, la filiale française du constructeur nippon reste confiante car, sur une telle offre, le mix devrait pencher en faveur de l'essence. D'autant qu'à la vue des chiffres annoncés pour ce petit 3 cylindres de 1 litre de cylindrée et de 69 kilos - c'est un record -, il n'a pas à rougir face au Diesel. En effet, ce nouveau moteur nippon, mis dans la corbeille de la coopération, affiche une puissance de 68 ch, contre 54 pour le Diesel, avec un niveau de consommation très proche de ce dernier. En cycle mixte, il affiche une consommation de 4,6 litres contre 4,1 pour le Diesel. Alors, bien que les Français considèrent qu'une mécanique Diesel est un atout, ceci ne sera peut-être pas aussi déterminant que sur certains segments. Les essais, d'ici peu, de ces trois nouveautés devraient nous éclairer sur ce point. Le trafic dans les concessions risque de s'intensifier durant le mois de juin. D'autant que c'est également ce mois-là que la Logan va commencer sa campagne dans le réseau Renault. Bien que pas réellement concurrentes, la Logan et la triplette tchèque ont fait de leur prix un atout majeur. Il sera intéressant de voir si 1 000 euros de moins ont plus de poids qu'un design attirant ou inversement.


Christophe Jaussaud


 





FOCUS

Le Salon du centenaire

C'est en 1905 que la première édition du Salon helvète s'est déroulée. Un siècle d'automobiles, de premières mondiales et de convivialité sur les rives du lac Léman. Cependant, cette année, il ne s'agit "que" de la 75e édition. En effet, après trois années d'exposition, de 1905 à 1907, le Salon a dû attendre 1924 pour rouvrir ses portes. A partir de cette date, il devient international et il n'y aura plus d'interruption jusqu'en 1939 et la Seconde Guerre mondiale. Genève accueillera à nouveau les constructeurs en 1947 et, depuis, chaque année a son Salon.

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