Rupert Stadler, président d'Audi et membre du directoire de Volkswagen AG

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Journal de l'Automobile. Le fait d'avoir choisi Miami et les Etats-Unis, plutôt que l'Allemagne notamment, pour présenter la nouvelle A8 traduit-il l'importance que ce marché prend désormais à vos yeux ?
Rupert Stadler. Au premier chef, nous voulions trouver un lieu spécifique, faisant valoir de fortes connotations art et design. Miami et les événements mondialement réputés Miami Art Basel et Design Miami étaient donc tout indiqués. De surcroît, il est clair que le marché américain est névralgique pour la marque. D'autant plus que si l'année 2009 a été difficile aux Etats-Unis et que le jeu €/$ ne nous est pas favorable aujourd'hui, une croissance est attendue sur nos segments de prédilection dans les cinq à dix ans à venir. Il convient donc de s'y préparer. Ce que nous faisons en construisant un réseau exclusif performant et en jetant ainsi les bases d'un business qualitatif.

JA. Quel bilan tirez-vous d'un exercice 2009 troublé et confirmez-vous vos objectifs de croissance pour 2010 ?
RS. Nous savions pertinemment que 2009 serait difficile et nous avions d'ailleurs révisé nos objectifs dans ce sens. Maintenant que s'ouvre 2010, nous sommes prêts pour la croissance. En effet, nous allons lancer de nombreux nouveaux produits : l'A8, qui est notre étendard, symbole même du haut de gamme, sur tous les marchés, l'A7, l'A1, qui va en fait définir une nouvelle entrée de gamme Premium et générer des volumes importants, et enfin le Q5 en Chine, qui sera en outre produit localement. Sans oublier le Q3 qui sera disponible dès 2011. Bref, nous sommes bien armés. Cependant, notre principale ambition demeure de rester premier en termes de rentabilité. Il est rarement fécond de se focaliser sur les volumes et d'acheter des parts de marché… Aujourd'hui, nous affichons une performance de 6,5 points. C'est très significatif et surtout, cela garantit notre capacité d'investissement pour le futur.

JA. Quelles avancées environnementales mettez-vous en avant avec la nouvelle A8 ?
RS. Toujours sur les technologies conventionnelles que nous présentons aujourd'hui, mais grâce à un remarquable travail de réduction de masse, nous affichons une consommation moyenne en baisse de 20 %. J'estime que c'est déjà très significatif. D'autres évolutions suivront ultérieurement. Par ailleurs, avec le Q5 hybride, nous allons montrer notre savoir-faire, étant entendu que cette technologie est un pont menant à terme au tout électrique, d'ores et déjà symbolisé par le concept E-Tron. Mais il reste encore des problèmes de coûts et d'acceptation des clients à lever. En outre, il s'agit d'une problématique qui se déploie naturellement à l'échelle du groupe.

JA. En tant que grand dirigeant de l'automobile, estimez-vous légitime que votre industrie soit actuellement largement maintenue à flots par des nanny states et quand peut-on se rapprocher d'un concept de marché totalement libre ?
RS.Dans les différents cas de figure européens, je ne pense pas qu'on puisse parler de nanny states, sachant qu'en toile de fond se trouve l'enjeu clé de l'emploi. De plus, c'est un soutien contextuel aux marchés en général. Quant à la notion de marché totalement libre, elle est beaucoup plus nuancée qu'il n'y paraît de prime abord. Et ce n'est pas vraiment le fait des Européens… Regardez les politiques menées au Japon, en Chine ou en Corée par exemple… Il n'est pas question de se plaindre ou de porter des jugements car c'est à nous de trouver des solutions pour influer sur ces marchés.

JA. Pour conclure, vous venez d'être promu au sein du directoire du groupe Volkswagen : qu'est-ce que cela représente pour vous ?
RS. C'est naturellement un immense honneur. Et si on regarde la contribution d'Audi aux résultats du groupe, on ne peut pas trouver cela totalement illégitime.